Cette page est spécialement dédiée à la fermeture partielle du site de la vallée de l’Orne occasionnant la suppression de près de 600 postes et à toutes les polémiques suscitées par cette décision du géant mondial de l’acier ArcelorMittal, qui a semble t-il oublié ses racines et d’où il venait. Il est également question ici des engagements et des promesses non tenus par le président de la France, cet homme qui avait pourtant rallumé la flamme de l’espoir chez les sidérurgistes lorrains. Aujourd’hui, comme pour les restructurations militaires, la désillusion et la colère sont grandes en Lorraine …
Première pierre pour le centre de formation
La première pierre du futur centre de formation aux métiers de l’acier en Lorraine a dernièrement été posée à Yutz. Ce geste symbolique concrétisait des engagements pris par ArcelorMittal auprès des Lorrains et du gouvernement français, afin de revitaliser les territoires où la société est implantée. Cet investissement de 1,5 millions d’euros ouvre la voie aux formations des jeunes vers la sidérurgie. Le centre de formation aux métiers de l’acier, situé au cœur du centre de formation d’apprentis de l’industrie (CFAI), devrait accueillir ses 60 premiers apprentis en septembre 2010. A terme, 160 personnes pourront mener à bien un bac Pro en trois ans ou un BTS en deux ans. Le directeur d’ArcelorMittal a également évoqué la possibilité d’ouvrir la future structure vers des études d’ingénieur. Même si ArcelorMittal s’est engagé à accueillir les apprentis dans ses usines mosellanes, il n’a toutefois pas évoqué d’embauches au sein du groupe.
Associer le Pays Naborien au Projet ULCOS
Si nous pouvons nous inquiéter du fait que le Projet Ulcos de Hayange-Florange n’ait pas été retenu par Bruxelles, dans la mesure où cela risque d’handicaper la revitalisation industrielle de demain en Lorraine, nous pouvons également imaginer d’y associer le secteur de la Moselle-Est, ainsi que des acteurs comme Total et E.ON. En effet, il est tout-à-fait possible de piéger le CO2 dans le gisement de charbon qui n’a pas été extrait, autrement dit dans la zone non exploitée de Carling-Saint-Avold. Selon les spécialistes, 34 millions de tonnes de CO2 pourraient être stockées dans la tranche de 500 à 1 500 mètres de profondeur, avec l’hypothèse d’accéder à 30 % du gisement. Une quantité qui correspond à dix ans environ d’émission de la Centrale Emile Huchet de Saint-Avold, propriété d’E.ON. Cette hypothèse est d’autant plus intéressante qu’il faudra à l’avenir, pour le développement d’un territoire, compter sur les infrastructures de captage et de stockage du CO2. Et justement, E.ON Benelux a dernièrement été retenu par la Commission Européenne pour bénéficier de fonds spéciaux pour des projets de captage de CO2. Alors autant en profiter et saisir cette opportunité ! Car le massif dépressionnaire du Warndt, s’il veut s’en sortir, doit également conserver sa vocation industrielle, en préparant par exemple la création d’une centrale à charbon propre. Si bien que développer une telle technologie en Moselle-Est serait tout sauf absurde, puisque selon les données disponibles, le choix d’une injection de CO2 dans le charbon, permettrait de stocker cinq fois plus de gaz que dans un réservoir souterrain classique.
A noter également que cela induirait directement une augmentation de la production en surface de grisou. Or, certains envisagent justement d’exploiter ce gaz dans l’ancien Bassin houiller. La Moselle-Est serait-elle donc en passe de devenir une véritable terre d’énergies de demain ? En attendant et pour y parvenir, il reste encore beaucoup de questions à résoudre, à commencer par celles des financements publics ou européens à débloquer, afin de mener l’étude à terme, mais aussi et surtout d’effectuer les aménagements sur place.
Hayange-Florange oublié de Bruxelles
Bruxelles soutiendra pour un milliard d’euros six projets de captage-stockage de CO2. Mais le dossier de Hayange-Florange, seul projet de l’industrie sidérurgique dans ce domaine n’a pas été retenu dans le cadre du plan de relance de l’Union européenne, contrairement à six sites pionniers qui concernent essentiellement des centrales thermiques à charbon, dont ils stockeront les émissions polluantes. A noter que sept autres projets européens, « moins aboutis » selon la commission, ont été écartés, dont justement celui de la sidérurgie. Mais cet échec ne compromet pas pour autant le projet initié dans le cadre d’Ulcos par l’industrie sidérurgique, dans la mesure où l’Union Européenne envisage d’abriter au total 12 sites de ce type d’ici 2015.
A noter toutefois, selon la même commission, que la conférence sur le climat de Copenhague pourrait catalyser le développement de sites de captage-stockage de carbone. Elle a soudain bon dos cette conférence. Il reste surtout, afin de donner un coup d’accélérateur à ces projets, à combler, notamment en France, le vide juridique qui entoure encore cette activité nouvelle de stockage dans les couches aquifères salines à plus de 1 500 mètres sous terre.
Investissements de Corus Rail à Hayange : c’est officiel
Après la signature d’un contrat de 350 millions d’euros avec Réseau Ferré de France, Corus a dernièrement annoncé officiellement un investissement de 35 millions d’euros dans son usine de production de rails à Hayange. Cette mesure devrait ainsi permettre d’installer dans la vallée de la Fensch les technologies nécessaires pour produire des rails de 108 mètres de long, ce qui devrait ouvrir de nouvelles opportunités à l’entreprise. Cette dernière pourra alors répondre à la demande croissante en matière de lignes de chemin de fer à grande vitesse, dans la mesure où elle fera partie en 2011 de la poignée de fabricants dotés d’une telle capacité au niveau mondial. Les études d’ingénierie déjà réalisées à l’usine d’Hayange devraient permettre de démarrer la modernisation dès janvier 2010. Rappelons que le contrat de 350 millions d’euros signé avec la SNCF porte sur la fourniture de rails, le renouvellement et la maintenance des voies ferrés de RFF (Réseau Ferré de France, filiale de la SNCF) pendant une période pouvant aller jusqu’à 6 ans (4 ans avec une option de reconduction sur 2 années supplémentaires).
A noter enfin que le laminoir d’Hayange emploie 440 personnes et fournit dans le monde entier des rails allant jusqu’à 80 mètres de long. L’investissement permettra d’augmenter la production de 300 000 à 340 000 tonnes par an.
Les hauts fourneaux lorrains remis d’appoint
La direction d’ArcelorMittal devrait prochainement entériner, si ce n’est déjà fait, la remise en état au premier semestre 2010 de ses deux hauts fourneaux lorrains sur le site sidérurgique de Hayange-Florange, pour un montant de 2 millions d’euros. Même si seul le P6 fonctionne actuellement, les deux outils ont souffert des arrêts et des allumages successifs entraînés par la chute de la production. Le P3 fera ainsi l’objet d’une remise en état avant d’être rallumé. Ce sera ensuite au tour du P6. Normalement, la sidérurgie lorraine continuera de fonctionner avec un haut fourneau l’an prochain.
De source syndicale, le groupe envisage de même de faire tourner ses installations à 70 % contre 50 % en moyenne en 2009.
Enfin, ArcelorMittal a confirmé que Florange était bien retenu pour le Projet Ulcos de captage stockage de CO2. Cela dit, le groupe a annoncé avoir besoin de soutiers financiers publics pour réaliser le projet.
(Source : presse régionale)
Pour le captage du CO2 à Florange
Alors que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont fortement augmenté ces vingt dernières années, il apparaît désormais urgent de développer le captage et le stockage du gaz carbonique. Parmi les candidats, le haut fourneau d’ArcelorMittal, à Florange-Hayange, se positionne dans le but d’accueillir cette technologie, appelée captage-stockage de CO2 (CSC).
La réalisation de ce projet permettrait de relancer dans la course à la compétitivité le site sidérurgique lorrain. Ce dernier, qui porte sur la construction d’un démonstrateur, devrait d’ailleurs être le seul pour toute la filière sidérurgique. Il y aura certes une expérimentation sur le haut fourneau à recyclage gaz d’Eisenhüttenstadt en Allemagne, mais celle-ci sera suivie à l’horizon 2015-2016 par le démonstrateur industriel sur le P6 de Hayange. Le coût global du projet avoisinerait les 550 millions d’euros. En attendant, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), dont la vocation est de financer l’expérimentation de technologies à une échelle proche de l’application industrielle et qui est dotée d’une enveloppe de 450 millions d’euros sur quatre ans, a d’ores et déjà annoncé l’engagement de 100 millions d’euros pour les recherches liées au captage-stockage du CO2. En France, 5 projets seraient concernés. Même si l’Ademe doit encore en faire l’annonce dans les tout prochains jours, il semble que le démonstrateur sur le haut fourneau P6 Patural d’ArcelorMittal à Hayange serait soutenu. Dans cette optique, l’agence évoque le projet intégré de captage-stockage dans la sidérurgie, avec une plateforme recherche-développement pour le captage, le transport et le stockage du CO2 dans un aquifère salin. Rappelons que le captage du CO2 utilise les procédés d’extraction dans les fumées de combustion, dans le combustible initial ou après concentration par la présence d’oxygène.
Dans le cas du haut fourneau à recyclage de gaz, les chercheurs d’Ulcos ont réussi à faire fonctionner le four de façon complètement nouvelle. Ils ont ainsi réinjecté le gaz produit dans le haut fourneau pour réduire le minerai en le séparant au préalable du CO2. En récupérant, après séparation, le CO2, il sera désormais possible en le compressant de l’injecter dans des cavités souterraines. Le transport vers un site de stockage peut quant à lui s’effectuer par gazoduc, pipeline terrestre ou sous-marin, ou encore par bateau.
Notons qu’un tel transport du CO2 est déjà pratiqué à l’échelle industrielle depuis plusieurs années. Le stockage ou séquestration est réalisé par enfouissement sous pression, dans ce que les géologues nomment des « aquifères salins », entre 1 500 et 2 000 mètres de profondeur, dans des gisements de pétrole et de gaz épuisés ou des veines de charbon inexploitées. Mais d’un point de vue purement économique, il faudra, pour que le projet aboutisse, fortement faire baisser les coûts actuels de 60 à 80 euros par tonne de CO2 pour le captage. Le transport devra en outre être mutualisé et il faudra disposer d’une infrastructure adaptée.
Enfin, d’autres substances éventuellement présentes dans le flux de CO2, comme l’oxygène, l’azote, … devront être prises en compte. Mais en réalité, c’est bien le stockage géologique qui focalisera l’attention du public et les riverains des projets. En effet, l’efficacité et la sécurité devront être assurées pendant l’injection du CO2 et la surveillance du stockage sur le long terme. Les chercheurs considèrent que le CSC sera mûr à l’horizon 2020.
Ce n’est donc pas un hasard si, selon l’Ademe, les travaux de recherche doivent encore se porter en priorité sur le stockage, afin de réduire les incertitudes quant au potentiel des sites et leur comportement sur le long terme. Dans cette optique, il s’agira de développer des technologies de monitoring qualitatif et quantitatif pour surveiller le stockage. Il y a urgence, car dans l’industrie sidérurgique, il n’y aura guère d’autre solution que d’utiliser encore du carbone pour faire de l’acier avec du minerai de fer.
(Source : presse régionale)
Hayange-Florange comme priorité ?
Après les derniers états généraux de l’industrie, la CFE-CGC a eu la bonne idée de demander à Paris de définir comme priorité la prise en charge par emprunt d’Etat des 55 millions d’euros nécessaires à l’installation de 17 moteurs à gaz au pied des hauts fourneaux P3 et P6 de Hayange-Florange. Le syndicat craint en effet qu’ArcelorMittal n’ait pas une trésorerie suffisante pour financer cet investissement indispensable au fonctionnement du site après la fermeture de la centrale de Richemont. Il convient ainsi d’anticiper la sortie de crise et de se préparer à une activité à deux hauts fourneaux. Les moteurs à gaz permettraient de même à Hayange-Florange de transformer les gaz sidérurgiques en électricité. L’acceptation de Paris serait enfin perçue comme une main tendue et constituerait à ce titre une étape importante pour le projet ULCOS, avec à la clé un procédé innovant de captage du CO2, même si les études vont seulement être lancées, si ce n’est déjà fait, afin de choisir le site pilote. La plateforme lorraine est en effet en concurrence avec d’autres infrastructures en Allemagne et en Angleterre. La décision définitive sera prise à la mi-2011.
Sarkozy en Moselle : un retour mais rien de neuf ?
Le président français est finalement revenu le 8 octobre, à la surprise générale, une semaine après son dernier déplacement en Moselle, où il avait soigneusement évité de se rendre à Gandrange, suscitant la colère justifiée des salariés du site sidérurgique.
Cette fois-ci, son chemin est passé par Gandrange et par Metz, plus de 20 mois après ses fameuses promesses manquées faites aux ouvriers lorrains. Alors que les syndicats estiment toujours ne pas avoir été entendus et que les engagements sur la revitalisation du site n’ont pas été respectés, dans la mesure où l’aciérie de Gandrange a bel et bien été fermée et que 20 ouvriers étaient encore en attente de reclassement, Nicolas Sarkozy a profité de sa venue pour annoncer la signature d’un contrat de 300 millions d’euros entre Réseau Ferré de France (RFF) et le sidérurgiste anglo-néerlandais Corus, pour la construction de rails de très grande longueur destinés au TGV, à Hayange. Un investissement de 35 millions d’euros sera réalisé sur ce site mosellan, afin de moderniser les installations dans l’optique de ce contrat et de pérenniser l’activité de la société. Par ailleurs, 5 millions d’euros seront investis dans un centre d’apprentissage qui devrait être installé à Gandrange. 120 apprentis y seront formés aux métiers de la métallurgie.
Toujours à Gandrange, le groupe ArcelorMittal devrait injecter 4,5 millions d’euros dans le train à billettes. Pour ce qui est du projet Ulcos à Florange, qui concerne l’expérimentation de l’enfouissement du CO2 en provenance des laminoirs, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’étude de faisabilité était à présent achevée. Cela dit, la question de l’installation de ce site de captage et de stockage du CO2 en Moselle n’est toujours pas réglée. Le président français a de même ajouté que le projet de centrale porté par la société Powéo, un temps envisagé dans les environs de Gandrange, est aujourd’hui définitivement abandonné en raison de la crise économique qui touche aussi l’énergéticien. Toutefois, ArcelorMittal devrait également investir 16 millions d’euros à Yutz dans la fabrication de poutrelles et de panneaux pare-feu, ainsi que dans la création d’un atelier de coupe et de cintrage.
Au total, cette décision devrait créer 99 emplois à l’horizon 2010. Nicolas Sarkozy a en outre indiqué qu’il allait rencontrer d’ici peu Lakshmi Mittal, le PDG d’ArcelorMittal sur ces différents dossiers. Enfin, le chef d’Etat français a annoncé la venue à Metz d’un régiment supplémentaire actuellement basé en Allemagne. Après vous avoir présenté les différentes mesures annoncées par Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Gandrange et à Metz, analysons à présent plus en détail leur contenu et leur portée.
Tout d’abord, si le président français a expliqué être revenu en Moselle après avoir « mesuré lors de sa dernière visite l’ampleur de la déception », il est néanmoins bien difficile de ne pas y voir, comme l’ont déclaré certains, une « astuce politique », afin de faire oublier les ennuis de la majorité présidentielle à la veille des élections régionales, suite aux promesses non-tenues de Gandrange le 8 février 2008 et d’effacer quelque peu l’arrière goût négatif laissé après son déplacement organisé à Hambach et à Woippy. Car Nicolas Sarkosy sait pertinemment qu’il devait réparer une énorme bourde médiatique sur le délicat dossier de l’aciérie de Gandrange. Néanmoins, en toute honnêteté intellectuelle, nous estimons que le président français a eu au moins le mérite, une fois n’est pas coutume, de reconnaître son erreur d’avoir évité Gandrange et Metz lors de son précédent déplacement. Mais il convient de bien avoir à l’esprit certaines choses et de ne pas en oublier d’autres.
Ainsi, les déclarations faites par Nicolas Sarkozy ne font que confirmer des engagements qui avaient déjà été annoncés dans le cadre d’un plan de revitalisation signé l’an dernier par son secrétaire d’Etat chargé de l’industrie, Luc Chatel. C’est juste la ventilation des crédits qui est différente. Ce qui signifie en soi, qu’il n’y a rien de nouveau ! Pire, les Lorrains attendent toujours de voir les premiers investissements se réaliser ! Seul le contrat avec Corus Rail pourrait paraître être un scoop, bien que ce dernier fût pressenti depuis plusieurs semaines et qu’il devait être imminent. Autrement dit, même si cette annonce constitue bien évidemment une bonne nouvelle, le président français aurait saisi l’opportunité de cette décision pour revenir et rectifier le tir avec la Lorraine.
Enfin, gardons en tête qu’au moment où le magnat de l’acier indien, Lakshmi Mittal annonçait le 4 février 2008 la suppression de 575 des 1 108 emplois du site de Gandrange, il avait promis de s’engager « en contrepartie » sur la réfection des hauts fourneaux. Or, sur ce dossier, comme pour d’autres, nous n’avons à l’heure actuelle strictement aucune garantie. Les sous-traitants ont de même payé le plus lourd bilan dans cette affaire, avec près de 2 000 emplois remis en question. Or, aucune aide n’a été annoncée pour eux.
En conclusion, les BLE voient tout de même dans cette nouvelle visite une petite victoire pour la Lorraine, mais sans plus. En effet, ce qui est pris, est pris, même si beaucoup reste encore à prendre. Car en attendant, aucun engagement ni même aucune mesure n’ont été décidés pour un autre bassin d’emploi mosellan en proie actuellement à de terribles difficultés. Nous terminerons donc cet exposé par une simple question : quid de la plateforme pétrochilique de Carling-Saint-Avold et de ses salariés ?
L’immense gâchis de la cokerie de Carling
Pour Carling, l’exploitation industrielle de la Cokerie c’est fini, terminé, du passé. Mais un passé encore chaud, incandescent, qui interpelle une nouvelle fois, et à plus d’un titre, sur la disparition d’un équipement de production performant et opérationnel. Alors que deux batteries de 86 fours ont dernièrement été définitivement arrêtées, celles de Carling 3 et ses 90 fours le seront très prochainement. Un processus irréversible qui verra la cokerie devenir une immense carcasse métallique. Un monstre dont le feu s’éteindra à jamais, le tout dans un silence de cathédrale, un silence totalement inhabituel et déroutant. En effet, un four de cokerie doit constamment rester en chaleur pour ne pas que ses briques s’effritent et s’écroulent. Sa température étant désormais tombée sous la barre fatidique des 400°C, il ne pourra plus être rallumé.
L’aventure de la cokerie de Carling, commencée en 1910, se termine donc ici, comme cela, dans l’indifférence générale ou presque. La plupart des médias téléguidés ou non par le pouvoir central préférant ainsi s’occuper de la peopolisation du monde politique et s’enliser dans des débats aussi inutiles que stériles, afin d’abrutir et d’endormir toujours un peu plus les gens, au lieu de s’intéresser à ce nouveau drame social et industriel. Sur les 400 salariés et les 700 sous-traitants, il ne restera plus que 90 personnes pour veiller durant quelques semaines aux dernières mises en sécurité des équipements et procéder au nettoyage de l’installation. Ce qui est peut-être le plus rageant dans cette sinistre affaire, qui apparaît comme un immense gâchis, c’est que la cokerie de Carling ne devait pas fermer. Il y avait en effet largement la place pour une reprise. Plusieurs candidats sérieux se sont d’ailleurs fait connaître à l’actionnaire principal, à savoir Rogesa, qui ne voulait rien entendre. Ce dernier avait-il en fait réellement envie de vendre la cokerie ? Un doute de plus en plus persistant s’installe. Une intention qui se dévoile sous les traits d’une véritable hypocrisie, comme une façade. Car le dernier repreneur potentiel avait un business plan solide, mais Rogesa lui a tout simplement répondu non. Incroyable… Résultat des courses : plus de 400 chômeurs en plus dans un bassin déjà complètement sinistré et une immense nouvelle friche à reconvertir, comme si on n’en manquait ! Le temps de la démolition de ces installations irrécupérables est désormais proche. Il interviendra avant que le traitement des sols pollués par le goudron ou encore le benzol soit effectué. Si bien que la reconversion de ce site, situé non loin d’une autre plateforme classée Seveso 2, à savoir celle de Carling Saint-Avold, apparaît maintenant comme un immense défi qu’il sera difficile de relever. Pourtant, nous avons une petite idée.
En effet, la cokerie est en bon état, elle aurait même pu fonctionner encore 20 ans, c’est dire ! Elle constitue à nos yeux un excellent témoignage de la mémoire ouvrière lorraine et d’un procédé industriel qui tend à disparaître complètement de notre territoire. Alors pourquoi ne pas l’ouvrir au tourisme et aux visites, comme c’est le cas du côté de l’U4 d’Uckange et du complexe sidérurgique de Völklingen en Sarre. Cette reconversion toute trouvée et qui s’inscrit dans la logique des choses, permettrait au moins d’offrir une reconversion à quelques ouvriers passionnés. De manière à ne pas oublier. Reste encore à savoir si tout ou partie de l’usine ne sera pas vendue à un groupe étranger pour l’installer au Kazakhstan.
Un espoir pour Florange
Lors de son bref déplacement en Moselle, le président français s’est engagé en faveur de la réalisation du projet Ulcos à Florange, dans le but de pérenniser le haut fourneau P6. Une telle initiative « peut stabiliser la situation industrielle de Florange et répondre à une partie du problème de Gandrange ». Cette brève allusion fut d’ailleurs la seule que Sarkosy fit en public sur l’ancienne aciérie d’ArcelorMittal au cours de son déplacement mosellan. Rappelons que le Projet Ulcos consiste à séquestrer les rejets de dioxyde de carbone liés à la production de l’acier, de manière à réduire les émissions de ce gaz d’au moins 50%. Tous les experts s’accordent à dire que cette réalisation assurerait l’avenir à moyen terme de la filière chaude de la sidérurgie lorraine.
(Extrait de l’article Bilan de la visite du président français en Moselle)
Une industrie qui fond comme neige au soleil
L’écart est saisissant mais les chiffres ne parlent que d’eux même. En 2008, l’effectif total de la cokerie de Carling était de 393 salariés. Aujourd’hui, elle risque plus que jamais de fermer. L’immense zone industrielle de Saint-Avold Nord, plus communément appelée Carling, a connu son apogée dans les années 1950. De nos jours, le massif dépressionnaire du Warndt paraît complètement anesthésié par l’avalanche de mauvaises nouvelles qui s’abat sur son bassin d’emplois. Le véritable tsunami social et industriel de la cokerie de Carling ne constitue pas en effet la première tempête traversée par ce bout de Lorraine.
En l’espace d’à peine 8 mois, le chômage a été multiplié par deux dans la commune de Carling. Ainsi, sur près de 4 000 habitants, il doit y avoir pas loin de 200 demandeurs d’emplois. Le naufrage de la cokerie, orchestrée par la société actionnaire Rogesa et par les syndicats, ajouterait 400 suppressions d’emploi au bilan désastreux de la plateforme chimique Total-Arkéma. Ces deux entreprises assuraient pourtant encore 1 830 emplois en 2004. En 2012, selon les plans en cours ou annoncés, un millier d’entre eux aura disparu. Un gouffre qui semble sans fin. Et le pire, c’est que ce calcul ne prend même pas en compte les entreprises de sous-traitance directement menacées. Il faut toutefois dire que la fermeture de la cokerie de Carling, qui pourrait encore tourner pendant 20 ans, n’est pas due au hasard. A l’entourloupe de la société sarroise Rogesa, actionnaire principal du site, s’ajoute la démarche et surtout le raisonnement complètement illogique et irrationnel des syndicats, qui refusent éperdument un projet de reprise chinois. Les asiatiques ont certes annoncé qu’ils se décideraient ou non à garder l’usine après un test d’un an d’exploitation. Mais ce que nous ne comprenons pas, c’est que de toute façon quitte à mettre la clé sous la porte, autant tenter le coup, dans l’intérêt des salariés et de la préservation d’un maximum d’emplois.
De même, les élus locaux et les syndicats se plaignent et restent amer vis-à-vis de l’injustice dont est victime la Moselle-Est, quand on sait les millions qui vont être injectés à Molex, afin de redynamiser un site qui perd « à peine » 200 emplois… Nous pouvons aisément comprendre le désarroi qu’exprime ce traitement à deux vitesses. Mais que voulez-vous, après les différents conflits sociaux ayant émaillé notre belle province dans un climat post-sidérurgique, en Lorraine, les travailleurs et les décideurs ont désormais appris à gérer tout cela dans le respect de certains codes éthiques et de valeurs, enfin surtout pour les premiers qui se font à chaque fois berner ou presque, c’est-à-dire dans un contexte social relativement apaisé, sans avoir besoin de menacer de faire tous sauter à coup de bonbonnes de gaz comme ces barbares. En Lorraine, on a le respect du travail et c’est justement cela qui fait que nous nous faisons à chaque fois « baiser ». Trop gentils, trop bons, … trop cons. Si bien que les décideurs ne se retrouvent pas dans leur dernier retranchement, se disent que nous autres Lorrains, de toute manière on ne dira rien. Dès lors, ils estiment qu’ils pourront faire passer tout ce qu’ils veulent : plans sociaux, restructurations militaires… Il n’y aura strictement aucune opposition, ni la moindre résistance en face. Cela, nous ne pouvons l’accepter. Néanmoins, ce qui est peut-être le plus dur à supporter, au-delà de devoir perdre son travail, c’est cette indifférence générale. C’est vrai au fond, on a souvent l’impression que la population n’a absolument pas pris la mesure de l’ampleur de la catastrophe, de toute la souffrance qui règne en Lorraine. Il semble n’y avoir aucune mobilisation.
Toujours est-il qu’en attendant, le traditionnel cercle vicieux se met en place avec toutes les retombées que cela peut avoir : baisses d’effectifs dans les écoles, services et commerces menacés… Le moral des gens est ainsi affecté. Le massif dépressionnaire du Warndt n’aura jamais aussi bien porté son nom. A défaut d’un plan de revitalisation qui ne viendra sans doute jamais de la part du gouvernement français, les 70 à 100 emplois promis par le futur Composites Park, sur l’ancien site minier De Vernejoul à Porcelette, ne suffiront pas à panser la plaie.
blogerslorrainsengages
20 novembre, 2009 à 23:52
Bonjour,
à titre de complément d’information, cette vidéo de la télé française.
Le Groupe BLE Lorraine.
de mitri
30 novembre, 2009 à 18:11
bonjour a tous
Je reviens un peu sur terre après l’expérience que je viens de vivre et que je souhaite à tout le monde.
Sortir de l’anonymat et porter par ma voix un cri de colère qui appartient à toute une région cela est pour moi un grand honneur.
Il faut que la masse silencieuse prenne un jour la parole par le biais d’Internet et que le vrai vécu des gens soit dit au grand jour et sans retenue.
Aujourd’hui la Lorraine est touchée par la fermeture d’une aciérie mais demain se sera peut être Dunkerque ou Fos sur Mer et autant de salariés dans la désolation.
C’est pour cette raison qu’il faut mettre la première pierre sur le mur de notre inquiétude et le faire savoir au monde entier.
Je vous remercie pour vos commentaires et sachez que sans vous il n’y aurait pas eu de Buzz sur Internet.
P.-S. je suis en ce moment en studio d’enregistrement pour enregistrer le single qui sortira pour mi- décembre et j’aurai bien besoin d’un coup de main pour assurer cette production le principal c’est que cette chanson reste d’actualité et qu’elle vive à travers vous et je sais aujourd’hui que j’ai ma région et d’autre derrière moi et ça fait chaud au coeur!!!!!!!!!!!!
Christian De Mitri