Lumière sur …

Régulièrement, nous vous proposons de partir à la découverte du formidable patrimoine lorrain. Voyage à travers les époques et les lieux qui font de la Lorraine une véritable destination de plaisir, de rencontre et de rêve.

Les mystères de Grand la gallo-romaine

Grand, petit village lorrain de la plaine des Vosges, constitue encore de nos jours l’un des sites les plus étonnants de l’Antiquité gallo-romaine. Ainsi, le panégyriste de l’Empereur Constantin parlait déjà du « temple le plus beau du monde » quand il faisait référence à l’édifice qui s’y élevait jadis.

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Amphithéâtre de Grand (Crédits photos : webtournaire)

En pleine campagne, le visiteur peut aujourd’hui y admirer un amphithéâtre semi-circulaire de 17 000 places, l’un des plus grands du monde romain, la plus importante mosaïque trouvée à ce jour en Europe, d’une superficie de 224 mètres carrés, un système hydraulique souterrains et de galeries maçonnés d’une quinzaine de kilomètres qui coure sous le village, ainsi que 300 puits, dont l’usage exact fait encore débat et qui ont livré, même si le plus grand nombre d’entre eux reste encore à fouiller, un mobilier étonnant, à l’image des fragments reconstitués d’énigmatiques tablettes astrologiques en ivoire et à décor égyptien. Les inscriptions qui figurent sur ce diptyque transportable sont en vieux copte. Mais d’autres découvertes interpellent à Grand, à la fois par leur finesse, leur état de conservation, mais aussi par les questions qu’elles soulèvent ou simplement par leur beauté. On peut évoquer à ce titre des intailles, un pendentif en or et une statuaire non religieuse extraordinairement riche et évocatrice de la vie des artisans ou du travail des vignerons. On citera en outre des dés retrouvés à côté de restes de volailles dans un petit espace ouvrant sur l’arène de l’amphithéâtre et dont on pense qu’ils pouvaient servir de « coulisses » aux gladiateurs. Les combattants se restauraient là en attendant leur tour du « morituri te salutant ». Ils y jouaient aussi, en lançant les dés pour tromper l’ennui et ils y trichaient sans vergogne. En effet, l’un des dés retrouvés et conservés à Grand possède deux faces identiques frappées d’un as. 

Ces différents éléments témoignent d’une intense activité humaine du Ier au IIIème siècle après Jésus-Christ, qui s’était organisée autour d’une mare sacrée, née d’une étrange résurgence dédiée à Grannus, dieu celte lié aux sources et au Soleil qui s’est confondu plus tard avec Apollon, son illustre alter ego romain. Une cité antique de première importance dort donc sous le sol vosgien. Des milliers de pèlerins venaient de tout le monde romain, vêtus de toutes les étoffes et parlant toutes les langues. Ils se pressaient pour prendre les eaux et honorer Esculape ou Apollon. Les spécialistes s’accordent à dire qu’une grave crise économique assortie d’invasions barbares succéda à cette période faste. Cependant rien n’est venu ici troubler l’agencement de la cité antique dédiée à Apollon-Grannus. On est ainsi loin du milieu urbain et des grands bouleversements qui brouillent les cartes. Bien évidemment les archéologues savent depuis longtemps l’existence de quelque chose à Grand. Les murs des maisons les plus anciennes en attestent, puisqu’ils contiennent tous leur lot de pierres empruntées à l’amphithéâtre. 

Parmi les énigmes et les mystères qui entourent le sanctuaire de Grand figure celle de la grande mosaïque. Se situait-elle au cœur d’une basilique, qui correspondait à l’époque à un lieu de réunion public chez les Romains, ou dans une demeure privée ? De même, que représentait son motif central, où seul un personnage masqué est identifiable ? Ce dernier pourrait faire référence au Fantôme, une comédie de Ménandre du IIème siècle. Et que dire des interrogations soulevées par l’église Sainte-Libaire ? La martyre aurait été décapitée en 362 à Grand. Elle aurait ensuite ramassé sa propre tête et serait allée la laver à une fontaine. On retrouve encore une fois l’idée récurrente d’eau purificatrice. L’édifice, datant du XVème siècle, a été bâti directement sur la fameuse mare sacrée, une manière pour le christianisme de marquer sa prééminence sur les cultes païens éradiqués. Mais, si le calcul symbolique a été bon, c’était sans compter sur les facéties de la géologie. Les mouvements d’un sous-sol instable ont en effet amené à la fermeture au public d’une église qui s’effondre, sans que l’on sache exactement ce qu’elle va devenir. 

Les mystères sont encore nombreux dans l’antique cité lorraine. Ils trouvent écho dans les légendes des alentours. Cinquante ans après les premières fouilles, les archéologues commencent une nouvelle campagne. Le Grand d’aujourd’hui apparaît bien minuscule à l’aune de l’Histoire et de l’ancienne cité qui sort de terre. C’est certain, la ville romaine d’autrefois, où Apollon aimait se promener comme dans son jardin, nous réserve encore son lot de surprises. 

(Source : presse régionale)

Visite à Scy-Chazelle

Scy-Chazelle, charmante commune de 2 880 habitants s’étire des rives de la Moselle aux flancs du Mont-Saint-Quentin. Ce dernier, riche en faune et en flore, avec notamment la présence du lynx et d’espèces rares d’orchidées, a d’ailleurs été le premier site naturel à être classé en Lorraine. C’est toujours un lieu idéal pour les amoureux de la nature.

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Maison de Robert Schuman (Crédits photo : Mairie de Scy-Chazelle)

Mais Scy-Chazelle est avant tout réputé pour la maison de Robert Schuman, un des Pères Fondateurs de l’Europe contemporaine. Né en 1886 à Luxembourg, Robert Schuman est venu habiter dans la commune en 1926. Avocat de formation, il exerça au barreau de Metz, puis se lança dans une carrière politique brillante et exemplaire. C’est en 1960 que Robert Schuman est venu s’installer définitivement dans la maison que l’on peut aujourd’hui visiter. Pendant son travail, cette ancienne demeure vigneronne constituait un endroit où il venait se ressourcer et réfléchir. Dans cette dernière, l’atmosphère est sobre et simple, à l’image des goûts de son propriétaire. Tout a été restitué, des interrupteurs d’époque à son impressionnante bibliothèque contenant des livres rares, en passant par sa collection de photos et d’autographes d’hommes et de femmes célèbres tels que Marshall et Harry Truman, sans oublier le bureau où il a approuvé la déclaration du 9 mai 1950. De 1 500 visiteurs auparavant, la maison de Robert Schuman, devenue musée, accueille de nos jours plus de 17 000 curieux.

Le parc de la maison a lui aussi subi de nombreux travaux, afin de reconstituer le jardin tel qu’il était autrefois. Si bien que dans le « jardin des plantes de chez nous », on retrouve les mêmes espèces qu’à l’époque de Robert Schuman, ainsi que des plantes typiquement lorraines. A noter qu’un espace muséographique plus contemporain y a également été aménagé. Véritable lieu de réflexion sur l’Europe, la visite de ce centre débute à l’étage avec une exposition permanente comprenant trois niveaux de lecture : le mur de documents avec une collection patrimoniale de Robert Schuman, un mur de médiation qui propose une approche plus didactique et une frise chronologique sous forme de ruban, métaphore de la construction européenne. Le rez-de-chaussée du bâtiment présente quant à lui une exposition temporaire.

Non loin de là, juste en face de la maison de Robert Schuman, se tient l’église fortifiée Saint-Quentin. Le chœur de cet édifice construit au XIIème siècle est d’ailleurs le lieu de repos du Père de l’Europe.   Afin de faire découvrir aux visiteurs les autres facettes de la commune, la municipalité de Scy-Chazelle projette de créer un circuit touristique qui sera composé de deux itinéraires et qui sera ponctué de panneaux d’informations. Le parcours devrait ainsi passé par la croix de Gibet situé à l’emplacement où avaient lieu les exécutions. L’année dernière, les habitants y avaient reconstitué un procès de sorcière. Le circuit s’arrêtera de même sur la place de l’Esplanade, de laquelle on peut profiter d’une magnifique vue panoramique sur la vallée de la Moselle, ainsi que par les vignes de la commune. Niché sur les hauteurs de Scy qui dominent l’agglomération messine, ce vignoble de 24 ares, qui profite d’une exposition plein Sud sur les flancs du Saint-Quentin, permet de produire un Auxerrois sec, légèrement pétillant et aux arômes d’agrumes, mais aussi un pinot gris qui évoque les fruits rouges. 

La municipalité a également créé des jardins collectifs non loin du vignoble. Pour le moment, seule la première partie du programme a été réalisée avec des lopins de terre de 2,5 ares. L’idée a tellement séduit la population que tous les terrains sont déjà réservés. Une seconde tranche devrait bientôt voir le jour. 

Enfin, Scy-Chazelle a l’intention de créer des pistes cyclables qui permettront de longer tranquillement les bords de la Moselle. Ces chemins s’inscrivent dans le cadre du projet de Véloroute Charles le Téméraire.

Lumière sur le site archéologique du Mont-Saint-Germain

Du haut de ses 306 mètres, il domine la charmante commune de Châtel-Saint-Germain, aux portes de Metz. La silhouette si familière de l’ancien prieuré à son sommet lui confère tantôt un caractère romantique et envoûtant, tantôt étrange, fascinant et terrifiant les soirs d’orage et de pleine lune. L’éperon barré de Châtel-Saint-Germain, promontoire rocheux de 7 hectares n’a en effet pas fini de livrer ses secrets…

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Sépultures et sarcophages sur le site archéologique du Mont-Saint-Germain près de Metz (Crédits photos : mw2)

L’hypothèse d’un village celte sur le mont a été confortée par la découverte de lingots de fer destinés à des forgerons et de toute une série d’objets datant de l’âge du fer. Mais l’élément le plus remarquable attestant de cette présence humaine reste le rempart, précédé d’un fossé, qui traverse toute la zone. Ce dernier est d’ailleurs dénommé le « talus sous les pins ». Non loin de là, se dressait, à une autre époque, un château-fort du XIIIème siècle qui appartenait à l’évêque de Metz Jean d’Apremont. En longeant le rempart, on peut en découvrir quelques vestiges, dont une base d’une tour. Les historiens pensent que la forteresse a été détruite au cours de la « Guerre des amis », conflit qui a vu s’opposer entre 1231 et 1234 l’évêque de Metz et le Duc de Lorraine. Ce dernier ayant triomphé. Le visiteur peut également voir un four à pain du XIIème siècle, les ruines d’une maison forte de chevaliers et surtout les vestiges du prieuré de l’abbaye Saint-Vincent de Metz, ainsi qu’un cimetière et une nécropole mérovingienne. Cette dernière a ainsi pu être datée grâce à des boucles de ceintures et des objets de luxe retrouvées dans les sépultures et aujourd’hui exposés dans une salle du patrimoine à Châtel-Saint-Germain. La nécropole se caractéristique par l’existence de tout type de tombes, en pleine terre, creusées dans la roche, ou avec des sarcophages. En tout et pour le moment, 373 sépultures ont été fouillées et près de 1 000 corps ont été exhumés. Le sanctuaire tomba progressivement dans l’oubli et la désuétude au moment où les habitants, las de gravir le Mont-Saint-Germain, demandèrent à ce que l’église du village, construite au XVème siècle, soit déclarée paroissiale. Ils obtinrent finalement gain de cause en 1760 et c’est à ce moment-là que fut élevée l’église actuelle de Châtel-Saint-Germain, non loin de l’ancienne. Aujourd’hui, des discussions sont en cours afin d’aménager le site archéologique du Mont Saint-Germain avec la communauté d’agglomération de Metz-Métropole, dans l’optique de le mettre en valeur.

Le patrimoine de Châtel est en outre riche de bien d’autres curiosités historiques et naturelles. Pour les découvrir, rien ne vaut mieux que d’emprunter les nombreux chemins balisés par le Club Vosgien de Metz. Vous pourrez ainsi apercevoir l’ancienne route de guerre, un four à chaux, les vestiges d’une batterie installée par les Allemands et utilisée de 1907 à 1910, dont il ne subsiste que les plaques tournantes, la chapelle Notre-Dame du Gros Chêne, un escalier de 360 marches, mais aussi des cormiers, arbres de plus en plus rares, ou encore le célèbre hêtre des batailles. En raison de la configuration du terrain et de sa situation, Châtel-Saint-Germain offre une variété de sentiers que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le Pays Messin. De même, deux lavoirs alimentés par une source subsistent encore dans cette petite ville de 2 184 habitants, à savoir celui de Saulcy, en bordure du ruisseau de Montvaux, et celui de la rue de Verdun. A ce magnifique petit patrimoine, si caractéristique de la douce Lorraine, se trouvent six fontaines toujours alimentées, ainsi que deux autres qui restent en sommeil. Vous pourrez aussi découvrir l’un des nombreux forts construits par les Allemands sur les côtes de Moselle, comme le fort Jeanne d’Arc. Construit en 1901, il servit principalement entre 1945 et 1995 pour le contrôle aérien et les transmissions. Le fort de Guise faisait quant à lui partie d’un groupe fortifié qui comprenait les ouvrages de Leipzig et de la Folie.

L’histoire Châtel-Saint-Germain est ainsi intimement liée à la vie militaire. Plus pour longtemps, car suite aux iniques et odieuses restructurations militaires, le 1er régiment médical de la ville et ses 1 055 personnes disparaîtront en 2011 pour s’installer dans l’Ain. Ceux-ci résidaient dans le quartier Serret. La construction des premiers bâtiments de la caserne actuelle fut décidée par les Allemands. Elle se fit entre 1912 et 1918. Le quartier Serret passa ensuite successivement entre les mains françaises, puis à nouveau allemandes entre 1940 et 1944, avant d’être une nouvelle fois récupéré par les Français.

Aujourd’hui, riche de son passé et de son patrimoine, Châtel-Saint-Germain s’est résolument tourné vers l’avenir. La commune a ainsi inauguré en 2008 une toute nouvelle salle omnisports de 250 places avec gradins.

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Un commentaire

  1. Tabernis

    7 mars, 2019 à 9:42

    Depuis quand l’amphi de Metz est le plus grand de France?
    le plus grand est celui de Sens à départager avec celui de Limoges, les deux avaient 30 000 places!
    Celui de Metz en avait 25 000 ce qui n’est déjà pas mal mais d’autres avaient la même capacité! Nîmes, tours, Poitiers et Arles.

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