C’est l’un sinon le plus important chantier de Lorraine. C’est aussi peut-être le projet qui donnera à notre province toute la reconnaissance qu’elle mérite. Toujours est-il que pour de nombreuses personnes, un tel constat ne semble pas aussi évident. En effet, le futur centre messin, qui ouvrira ses portes au public au printemps 2010, est au cœur de nombre de débats, voire de polémiques, notamment en ce qui concerne son coût. Pourtant, au regard des autres constructions européennes et mondiales de ce type, le Centre Pompidou-Metz apparaît bon marché … Puisse t-il avoir tout le succès qu’on lui promet !
Installations de lumière aux abords de Pompidou-Metz
L’artiste allemand Mischa Kuball a dernièrement réalisé une mise en lumière des abords du Centre Pompidou-Metz avec deux installations qui tissent de manière spectaculaire le lien entre le centre-ville historique de Metz et le nouveau quartier de l’Amphithéâtre. Ainsi, l’installation « Passage public » a pour objectif de donner une nouvelle vie au passage de l’Amphithéâtre. Animé jour et nuit de pulsations de lumière, il indique au visiteur le chemin vers la ville de demain. De même, depuis la gare, sur la passerelle menant au parvis du Centre Pompidou-Metz, « Entrée publique » propose quant à elle une véritable mise en scène de la nouvelle institution. Tapis rouge et poursuites lumineuses accueillent et accompagnent le visiteur jusqu’au musée d’art contemporain, pour une entrée éblouissante.
La Lorraine se relève avec Pompidou-Metz
C’est la fête en Lorraine. Après l’illumination de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port fin 2009, la Lorraine bénéficie désormais d’un autre phare blanc majestueux et harmonieux, à savoir le Centre Pompidou-Metz (CPM), pour rayonner sur toute l’Europe. Une utopie devenue réalité. Une renaissance pour Metz et la Lorraine, un nouvel espoir pour l’avenir.
Le Centre Pompidou-Metz constitue le premier exemple de décentralisation d’une grande institution culturelle parisienne. Le somptueux édifice, dessiné par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines, dispose de 5 000 mètres carrés d’espaces d’exposition, sur une surface totale de 10 700 mètres carrés, pour accueillir des œuvres puisées parmi les gigantesques collections de la structure parisienne. En guise d’exposition inaugurale et de consécration, les visiteurs peuvent découvrir Chefs-d’œuvre ? et ses 780 tableaux, dessins, maquettes, présentations, vidéos… conçus par plus de 250 artistes majeurs du XXème siècle comme Matisse, Picasso, Warhol and co. Et dès le premier jour d’ouverture, plus de 4 000 personnes d’une vingtaine de nationalités différentes ont envahie le musée d’art contemporain. Un véritable succès ! Cela dit, l’attente n’a jamais excédé trente minutes et les flux ont été bien partagés entre les quatre secteurs de l’exposition. Entre 20 000 et 30 000 visiteurs sont attendus ce week-end. C’est la ruée vers l’art pour le Centre Pompidou-Metz, dont les responsables ambitionnent d’atteindre seulement 200 000 visiteurs par an à partir de 2011. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle (CCI), ces prévisions sont largement « sous-évaluées ». Les Lorrains étant des « gens remplis de modestie par nature ». Du moment qu’ils se trompent dans le bon sens. Il faut dire qu’au moment où certains annonçaient une véritable bérézina pour le TGV Est-Européen, au regard de son activité et de sa fréquentation, on a trois ans d’avance sur le business plan, preuve irréfutable du succès de l’opération. Nous partageons cette analyse, dans la mesure où nous croyons que la barre des 200 000 visiteurs par an est insuffisante et traduit cela dit peut-être plus un manque d’ambition qu’une réelle modestie. Un tel chiffre représente moins de 1 000 visiteurs par jour en moyenne pour le nouveau musée d’art contemporain, c’est-à-dire un peu plus que ce que comptabilisent le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller et la cathédrale de Metz. Nous pensons au contraire qu’il faut se donner les moyens d’attirer au moins 500 000 visiteurs par an afin de pouvoir bénéficier de retombées économiques significatives. Il est, dans le même ordre d’idée, assez incroyable que le musée ne soit pas ouvert avant 11h en semaine. Un accueil des visiteurs dès 9h nous semble beaucoup plus cohérent.
En attendant, 600 journalistes venus de toute l’Europe, mais aussi d’Asie et des États-Unis, avaient découvert en avant-première l’exposition Chefs-d’œuvre ?, peu avant que ce musée hors norme ne soit inauguré par le président de la république française, Nicolas Sarkozy, en présence notamment de son ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, et de plusieurs autres personnalités politiques et du monde la culture. Pour le chef de l’Etat français, le Centre Pompidou-Metz constitue un « élément de réponse aux restructurations qui ont frappé la Lorraine au cours des dernières décennies, de la sidérurgie au textile en passant par les mines jusqu’à, plus récemment, ses installations militaires ». Nous nous opposons fermement à un tel discours, très hypocrite, dans la mesure où le CPM avait été décidé bien avant l’annonce des iniques et odieuses restructurations militaires. Ce dernier ne doit en aucun cas servir de prétexte et de justifications à cette nouvelle saignée. Il s’agit de deux éléments indépendants, qui n’ont absolument rien avoir entre eux. Nicolas Sarkozy a profité de la cérémonie pour promettre que la France respecterait ses engagements de financement pour les infrastructures lorraines, notamment en ce qui concerne les travaux de la seconde phase de la LGV Est qui ne souffriront d’ « aucune restrictions de crédits », ainsi que l’élargissement de l’autoroute A31 qui doit « permettre à la Lorraine de rester l’axe de passage le plus naturel entre Rotterdam et la Méditerranée ». Le président français a également apporté son soutien à la mise en place d’un débat public sur une nouvelle liaison fluviale entre les bassins de la Moselle et de la Saône. Il a enfin confirmé l’installation à Metz de 1 500 emplois publics, dont la moitié au titre d’un nouveau « pôle statistique » avec le transfert d’une partie des services de l’INSEE.
La mise en scène de cette petite cérémonie inaugurale entre amis ne nous a cependant pas laissés indifférents. Ainsi, pourquoi avoir réservé cette popote avec petits fours et autres gâteries, aux seules élites politiques, qui certes, pour certaines ont porté le projet, et non à un panel de citoyens « lambda » invités ? Pour des raisons de sécurités présidentielles ? Non, puisque tout le monde était fouillé à l’entrée pour l’occasion. Et puis compte-tenu de l’impressionnant dispositif de sécurité qui avait été déployé … Car, au final, ce sont quand même les simples citoyens du quotidien mais néanmoins contribuables, qui ont payé le monument et qui ont le droit d’en profiter. Malgré le fait que d’autres visites ont suivi le jour même de l’inauguration, à 16h et 18h, et même si le public de tous les jours peut découvrir gratuitement l’exposition en cette première semaine d’ouverture, une telle décision aurait constitué un geste symbolique fort et appréciable. Elle aurait également corroboré l’ambition tant affirmée de démocratiser l’art, d’amener et d’ouvrir la culture à toutes et à tous.
On peut de même regretter qu’aucune des activités prévues autour du CPM ne soit encore sortie de terre. Des panneaux et autres pancartes cachent d’ailleurs la misère de ce trou béant aux visiteurs, comme en Chine à l’occasion des Jeux Olympiques et comme à Bilbao au moment de l’ouverture de l’antenne Guggenheim. La construction d’un Palais des Congrès, aux abords du musée, nous semble être une priorité. Si une association de préfiguration a été créée pour réaliser ce projet, la CCI de la Moselle attend quant à elle la pose d’une première pierre. C’est dans cette optique qu’elle a déjà voté à l’unanimité une subvention de 2,5 millions d’euros. Car il faut vraiment se hâter pour ne pas rater cette magnifique opportunité. Il faut par ailleurs en finir une bonne fois pour toutes avec les querelles de Polichinelle des politiques qui ont trop longtemps freiné le développement de Metz. Il apparaît de même urgent de valoriser cette grande métropole, par exemple en imaginant des stratégies d’ouverture en direction du Luxembourg et de Nancy. Pour y parvenir, Metz dispose de tous les atouts : la CCI de la Moselle est la 6ème de France, Mercy fera partie des 10 plus grands établissements hospitaliers du pays, l’Université lorraine est désormais sur les rails. Le Groupe BLE Lorraine ne pardonnera pas l’inertie et les divisions stériles. Pompidou marque le début d’une nouvelle ère qu’il est inconcevable de manquer.
Après toutes ces réflexions et ces considérations qui nous apparaissaient nécessaires, rappelons que le Centre Pompidou-Metz participera samedi 15 mai à sa première Nuit des musées en ouvrant ses portes jusqu’à 1h du matin. A 21h30, le public sera convié à participer à la performance de l’artiste espagnole Maider López, en tenant un parapluie blanc illuminé d’une petite lampe qui sera remis sur place, comme autant de répliques poétiques du bâtiment de Shigeru Ban et de Jean de Gastines. Suivront à 22h15 et 23h45 les concerts de The Books et Aphex Twin dans le parc de la Seille puis à 23h15 le feu d’artifice du Groupe F. De gigantesques vagues pyrotechniques embraseront alors le ciel de Metz. Ce feu d’artifice, créé spécialement pour l’ouverture du Centre Pompidou-Metz en écho à Constellation en 2009, offrira une vision inédite du bâtiment. Les artificiers mettront ainsi toute leur maîtrise de la pyrotechnie au service d’une véritable approche artistique. Rappelons que le Groupe F a signé en 2009 le spectacle célébrant les 120 ans de la Tour Eiffel et en 2010 l’inauguration de la plus haute tour du monde, à savoir la Burj Khalifa à Dubaï. Enfin, le lendemain, la parade du Graoully partira de la Place d’Armes à 11h avec 1 000 enfants et un dragon réinventé par l’artiste Jean-Christophe Massinon pour rejoindre le parvis du Centre Pompidou-Metz. A partir de 13h, un banquet géant sera organisé aux abords du musée d’art contemporain.
Chefs-d’œuvre de Lorraine
Même si le Centre Pompidou-Metz a bien pris soin de mettre un point d’interrogation à l’intitulé de son exposition Chefs-d’œuvre ?, tant il est vrai que cette notion est plutôt difficile à définir et soumise à la subjectivité, la salle dite des virtuosités du musée présente plus d’un chef d’œuvre lorrain. A découvrir absolument.
La Toussaint (1886) d’Emile Friant
C’est d’ailleurs l’unique espace spécifiquement consacré à l’art lorrain. On y retrouve l’idée première du chef-d’œuvre, à savoir une création totalement aboutie, par laquelle l’artiste atteint un accomplissement. Cela marquait souvent la fin d’un apprentissage et le passage du statut d’élève à celui de maître.
Nous vous avons déjà fait découvrir l’un d’entre eux, à savoir Rondes de lumières, ce lustre de 650 kg venu tout droit du Bitcherland et spécialement créé pour le Centre Pompidou-Metz. Cette pyramide cristalline est signée par les maîtres verriers de Saint-Louis-lès-Bitche. Cette pièce unique a nécessité 20 jours de travail au verre chaud, 300 heures en taillerie, gravure et décor et 150 heures en lustrerie. La prouesse technique est tout aussi impressionnante que le résultat. Sous le lustre, quatre autres œuvres lorraines rivalisent de beauté, comme Les Hommes noirs, d’Emile Gallé, le Monde Imaginaire d’Etienne Cournault, deux pièces aussi noires que profondes. Une œuvre engagée face à une œuvre poétique. Un vase face à une sphère peinte et argentée, comme autant de preuve d’un savoir-faire lorrain qui exulte. Que dire ensuite de La Main aux algues réalisée en 1904 par Gallé (encore lui), chef-d’œuvre de technicité et de sensibilité, et de son vis-à-vis, le Gantelet de Patrick Neu, artiste contemporain d’origine lorraine. Le premier travaillait le verre. Le second a conçu spécialement pour l’exposition un énigmatique gant en ailes d’abeilles. Si un peu plus d’un siècle sépare ces deux représentations, toute l’évolution de l’art y est résumée.
Le Centre Pompidou-Metz révèle en fin de parcours un énième chef d’œuvre lorrain, à savoir la cathédrale d’une ville aux 3 000 ans d’histoire. Une vue imprenable lui est réservée depuis la galerie 3 du musée. Toutes ces pièces sont ainsi représentatives d’une extrême richesse artistique d’une terre de Lorraine méconnue. De nombreux chefs-d’œuvre se trouvent en Lorraine. Ainsi, quand il y fait le tour des plus grands musées et monuments, le visiteur est surpris. Ligier Richier (1500-1567) est par exemple un des sculpteurs les plus incroyables de son siècle. Son Ecorché, dans la collégiale Saint-Etienne de Bar-le-Duc, est une des œuvres les plus fortes de son temps. A Metz, le chancel de Saint-Pierre-aux-Nonnains ou encore le plat de reliure d’Adalbéron II ont une réputation européenne. L’histoire mouvementée de la Lorraine a peut-être créé, selon certains spécialistes, des conditions favorables à la naissance de chefs-d’œuvre.
Mais c’est bien dans les arts appliqués que la Lorraine s’illustre le mieux et le plus. Chez Baccarat et Saint-Louis, certaines verreries du Second Empire sont de vrais tableaux. Aujourd’hui, les hommes ne sont d’ailleurs plus en capacité d’en faire autant. Chez Gallé, certaines pièces modestes sont des chefs-d’œuvre par rapport à tout ce que l’artiste y a mis de lui-même. Il y a le travail du verrier, du botaniste, de l’homme qui a des convictions politiques, de l’humaniste. C’est un monde en soi. N’oublions pas Daum, toutes les autres cristalleries et verreries, les faïenceries, les Emaux de Longwy, ainsi que certaines œuvres dans le travail du bois. La Lorraine a produit des merveilles techniques. Dans le domaine de la peinture, notre pays est également riche de Georges De La Tour (1593-1652) et Claude Gellée dit Le Lorrain (1600-1682). Leur travail sur la lumière a apporté un regard neuf. Le Lorrain regardait le soleil en face, tandis que De La Tour s’intéressait au clair-obscur, à l’éclairage à la bougie, en jouant sur la transparence. Emile Friant (1863-1932), Jacques Bellange (1575-1616), le dessinateur et graveur nancéien Jacques Callot (1592-1635) ou Jules Bastien-Lepage (1848-1884) sont aussi d’importantes figures de l’art en Lorraine.
De la même manière, pouvons-nous considérer le Centre Pompidou-Metz comme un chef-d’œuvre ? Oui et non, si l’on considère qu’un chef-d’œuvre a besoin d’un peu de temps pour arriver à maturité. Ce bâtiment est en tout cas hors norme. Il comporte une notion de prototype, d’invention d’un univers. Outre le nouveau musée d’art contemporain qui le deviendra très certainement, la Lorraine abrite d’innombrables chefs-d’œuvre architecturaux, comme le théâtre du Peuple de Bussang. Le projet de Pottecher (1905-2001) est unique, intellectuel, moral et social. Il se matérialise par ailleurs dans une forme en accord avec le paysage et le lieu. Que dire également de tous nos châteaux, forteresses, citadelles, cathédrales et de la Cité Radieuse Le Corbusier de Briey ? Difficile de dire si c’est un chef-d’œuvre, mais elle est considérée aujourd’hui comme un projet important de l’histoire de l’architecture du XXème siècle.
Enfin, dans un registre différent, le concept même de croix de Lorraine peut être considéré comme un chef-d’œuvre. Notamment dans la manière dont il a voyagé dans le temps pour en arriver jusque dans nos représentations actuelles. C’est en emblème qui a des formes et des symboles multiples et qui incarne une véritable force.
(Source : presse régionale)
Les Emaux de Longwy créent un œuf pour Pompidou-Metz !
Comme à chaque grand évènement lorrain et depuis près de 30 ans, les Emaux de Longwy ont tenu à marquer le coup pour l’ouverture du Centre Pompidou-Metz. Le nouvel œuf bleuté affiche avec rondeur la cathédrale illuminée et le musée d’art contemporain de Metz. Le concepteur, Lionel Laurent, a travaillé sans relâche pendant une quinzaine de jours pour présenter en boutique un objet à la hauteur de la réputation de la maison. Il a par ailleurs choisi des vues de nuit afin de mieux mettre en évidence les enchevêtrements de la toiture du centre culturel.
Tout serait presque parfait dans le meilleur des mondes, mais il y a bien entendu et comme toujours un problème. En effet, aucune convention sur le droit à l’image de la structure n’a à ce jour été signée entre les architectes et la direction du Centre. Si bien que l’œuf ne peut pas être commercialisé. Cela dit, les Emaux de Longwy ont obtenu l’accord verbal des architectes et de la direction du musée pour reproduire l’image de Pompidou-Metz. Mais cela ne suffit pas, il faut la convention. En fait, personne ne peut pour l’instant sortir de produits dérivés du musée, même pas le Centre lui-même ! Une erreur quand même grossière. La question devrait néanmoins être réglée très prochainement. Ouf, l’œuf pourra alors être le premier produit dérivé du Centre Pompidou-Metz vendu pour la modique somme de 279 euros ! L’art n’a pas de prix.
Un lustre pour éclairer Pompidou
Baptisé Rondes de Lumières, un lustre impérial tout droit sorti des cristalleries de Saint-Louis-lès-Bitche fait partie des pièces maîtresses de l’exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz intitulée Chefs-d’œuvre ?. Ce lustre est tout simplement une véritable sculpture d’eau, de silice et de feu. De la très haute couture réalisée par les tailleurs et maîtres verriers de la manufacture lorraine quatre fois centenaire. Cette pièce unique, haute de 2,80 mètres, large de 3,20 mètres, pèse 650 kg. Le lustre est par ailleurs composé de 1 480 pièces, de 150 branches, de 10 bras satellites, de 36 roseaux, d’autant de clochettes et de balustres, de 11 boules en cristal clair taillées diamant fin et diamant pierreries, de 920 pendeloques et de 100 verreries décorées à la main. « Rondes de Lumières » constitue un nouvel exemple exceptionnel du savoir-faire des cristalleries de Saint-Louis. Ce fleuron du Bitcherland mérite ainsi amplement sa place dans l’écrin ultra contemporain du Centre Pompidou-Metz.
(Source : presse régionale)
Sous les parapluies blancs de Pompidou
Dans le cadre des journées inaugurales du Centre Pompidou-Metz, qui se dérouleront du 12 au 16 mai 2010, l’artiste espagnole Maider Lopez a décidé d’inviter 3 000 personnes à ouvrir un parapluie blanc illuminé sur le parvis du musée d’art contemporain le samedi 15 mai à 21h15. Habituée aux performances spectaculaires, comme celles de faire venir des Basques un dimanche à la plage avec des serviettes rouges ou des Hongrois sur le pont du Danube avec des parapluies de la même couleur que leur fleuve, Maider Lopez questionne la relation à l’architecture et à la ville. Elle travaille également sur des projets participatifs qui ne fonctionnent que grâce à la complicité du public. Invitée à Metz à interroger l’architecture du bâtiment conçu par Shigeru Ban et Jean de Gastines, l’artiste a donc décidé de se jouer de l’image qui n’a cessé de circuler depuis 2003, à savoir cette immense voilure blanche qui recouvre la charpente et prend des allures de lanterne magique à la tombée de la nuit. A travers l’organisation de cet évènement, il s’agit de créer l’espace d’une demi-heure, une extension organique du musée. Les parapluies seront ainsi autant d’atomes qui créeront une architecture miniature illuminée par des petites lampes.
Une halle de verre pour habiller Pompidou
D’ici deux ans, une halle de verre et de métal bordera le parvis du Centre Pompidou-Metz. Imaginée par l’architecte Nicolas Michelin, elle accueillera un hôtel, des commerces et des bureaux. Les travaux devraient débuter à la fin de cette année, pour une livraison du bâtiment au printemps 2012.
La structure comportera donc un hôtel trois étoiles de 80 chambres sur 3 000 mètres carrés. 3 000 mètres carrés seront également consacrés à des bureaux, tandis que le rez-de-chaussée du bâtiment sera dévolu sur 1 700 mètres carrés à des commerces et des restaurants. A noter que certaines boutiques donneront directement sur le parvis du centre d’art contemporain, baptisé Parvis des Droits de l’Homme. D’autres auront leur devanture du côté de l’avenue François Mitterrand. Cette halle qui s’élèvera sur trois niveaux se composera de verre et de métal. Plus précisément, la structure même de l’ouvrage sera métallique, les planchers en béton et les façades en verre. Le bâtiment devrait par ailleurs être exemplaire d’un point de vue écologique en étant labellisé « très haute performance énergétique ». Le promoteur devrait enfin investir 15 millions d’euros dans cette réalisation.
Il est néanmoins grand temps que cette très belle structure soit opérationnelle, afin de mieux accueillir les visiteurs du Centre Pompidou-Metz et surtout de combler un peu plus le vide sidéral actuel du Quartier de l’Amphithéâtre. Mais bon, chaque chose en son temps … A ce sujet, l’exemple de Bilbao est parlant.
Premiers éléments de réponse pour Chefs-d’œuvre ?
780 œuvres, dont 700 prêtées par Pompidou-Paris et d’autres par de grands musées internationaux. 5 000 mètres carrés. 250 0000 visiteurs attendus, ce qui avouons-le n’est pas très ambitieux, mais bon avec pour le moment une si faible communication cela ne serait déjà pas si mal. La plupart des premiers chiffres de Chefs-d’œuvre ?, l’exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz, donnent déjà le tournis, tout comme l’architecture audacieuse du bâtiment imaginé par Shigeru Ban et Jean de Gastines. Parmi les pièces attendues, certaines ont rarement été prêtées, comme Josephine Baker IV d’Alexander Calder, ANT76 – Grande anthropologie bleue d’Yves Klein, ou Femme à la tête rouge de Pablo Picasso. Il y aura également des œuvres de Miró, Braque, Léger, Matisse, César… Bref, un merveilleux casting pour commencer !
Cette exposition, qui investira la grande nef et les trois galeries du Centre Pompidou-Metz, invitera le visiteur à réfléchir sur la notion de chef-d’œuvre. Elle se déclinera en quatre séquences, à savoir une par espace d’exposition. La première intitulée, « Chefs-d’œuvre dans l’histoire », prendra place dans la grande nef et proposera un parcours chronologique en 17 salles qui retracera l’évolution de la notion de chef-d’œuvre au fil des siècles. La première galerie accueillera quant à elle la séquence « Histoires de Chefs-d’œuvre ». Il s’agira ici, à travers quelques exemples, de retracer le parcours d’une œuvre, de sa création à sa fortune critique. Dans la seconde galerie, le visiteur pourra faire des « Rêves de Chefs-d’œuvre ». Les concepteurs ont ainsi imaginé un «musée rêvé», qui permettra de s’interroger sur notre approche de l’œuvre d’art dans l’écrin que constitue un musée. Cette deuxième galerie sera par ailleurs dotée d’une scénographie épurée qui mettra en valeur l’architecture même du Centre Pompidou-Metz. Enfin, la troisième et dernière galerie abritera une séquence baptisée « Chefs-d’œuvre à l’infini ». Elle posera la question de la persistance de la notion de chef-d’œuvre à l’époque de la reproduction des images. Des films, des photos et des documents numériques seront présentés.
A noter qu’après l’inauguration officielle qui devrait intervenir le 11 mai, Chefs-d’œuvre ? sera ensuite intégralement présentée au public du 12 mai au 25 octobre, date à laquelle la grande nef accueillera une nouvelle exposition. Les œuvres de la première galerie ne seront décrochées qu’en janvier 2011, celles de la deuxième en mai 2011 et les derniers éléments de cette exposition exceptionnelle disparaîtront le 29 août 2011.
Le centre Pompidou-Metz est assuré et réceptionné
L’assurance décennale tant convoitée pour le Centre Pompidou-Metz a dernièrement été trouvée et signée pour un montant de 2,7 millions d’euros. Voilà qui devrait couvrir Metz Métropole en cas d’effondrement du bâtiment. De même, les travaux du musée d’art contemporain sont désormais officiellement terminés. La fin d’une formidable aventure pour toutes les équipes qui ont travaillées sur ce chantier hors normes. Cette réception des travaux devrait ainsi permettre l’installation des salariés de l’établissement public de gestion du musée, prévue début février. A noter enfin que les premières œuvres commenceront à arriver mi-mars, pour une inauguration toujours prévue le 11 mai, avec l’exposition Chefs-d’œuvre ?
Un arbre d’acier pour Pompidou-Metz ?
« Un arbre d’acier érigé sous le sceau de la solidarité ». Telle est la définition que donne le sculpteur Xavier Thomen à son « tuteur céleste », œuvre monumentale de plus de cinq mètres, qu’il expose dans son jardin situé route de Puxe à Jeandelize. A travers celle-ci, l’artiste a tenu à livrer sa vision de l’affranchissement de la nature vis-à-vis de l’homme. Ainsi, son œuvre représente trois arbres ondulant autour d’un tuteur céleste. Elle symbolise l’indépendance de la nature qui a son propre mode de fonctionnement et qui n’a nul besoin de l’intervention de l’homme pour former un tout cohérent. En attendant de trouver un acquéreur, le tuteur céleste est visible tous les jours dans le jardin de son concepteur qu’il orne avec évidence de tout son poids. Un acquéreur disions-nous ? En voilà un qui apparaît tout désigné : le Centre Pompidou-Metz. Le tuteur céleste pourrait ainsi trôner dans son hall, dans ses jardins, ou encore dans le Parc de la Seille en lieu et place de la flamme de la liberté appelée à déménager sur le parvis du centre d’art contemporain. Rien de mieux qu’un retour à la nature pour cette sculpture représentant des arbres !
Alain SIMON
23 février, 2010 à 12:30
Je l’ai vu à plusieurs reprises cet arbre d’acier; à chaque fois l’émotion était au rendez-vous. C’était à Nancy à l’exposition organisée par le Musée du Fer, l’arbre était au milieu des arbres du parc. L’osmose était totale ! C’est vraiment une très belle pièce, brute et élégante à la fois avec son triple mouvement courbe vers le ciel… J’ai écrit « élégante » mais qu’on ne se méprenne pas, chez Xavier Thomen les choses sont sans concessions et il montre ici qu’il est possible de trouver un bel équilibre entre la force du métal brut et la qualité du mouvement des formes ! C’est assez rare d’avoir ce sentiment de plénitude et de se laisser embarquer avec enthousiasme à tourner autour d’une sculpture en se disant que c’est vraiment superbe à chaque nouvel angle de vue, que la couleur, la matière, les formes sont autant de plaisirs pour les yeux et la main. Je l’ai revue quelques mois après dans le jardin de Xavier Thomen, à côté de son atelier et j’ai ressenti ce plaisir de revoir quelque chose qu’on a aimé. C’est une émotion que je souhaite voir partagée par le plus grand nombre, en tout cas c’est une chance à ne pas manquer.