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Quand la Seille coulait encore dans Metz intra-muros

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En lisant attentivement les noms des rues du quartier Outre-Seille ou en longeant les remparts médiévaux au bord de l’eau, on retrouve une toponymie particulière, avec notamment les dénominations de « Haute-Seille », de « l’Abreuvoir », ou encore de « la Grève ». Celles-ci témoignent du temps où la Seille coulait encore au centre-ville de Metz. Une époque pas si lointaine puisqu’il s’agit du début du XXème siècle.

Rue des Tanneurs Metz

La fosse des Tanneurs à Metz en 1900 

Les Allemands voulaient en effet faire de Metz, annexé au Ier Reich depuis 1871, la vitrine de leur empire. Ils s’engagèrent alors dans une métamorphose urbaine de la ville. Ils détruisirent pour cela une grande partie des remparts médiévaux pour ouvrir la cité et combler le canal de la Seille. La rivière entrait dans Metz au niveau de la Porte Mazelle, située au bout de l’actuelle Rue Haute-Seille. Elle coulait sur plusieurs centaines de mètres avant de longer la Colline Sainte-Croix et de retrouver son lit naturel au niveau de la Tour des Esprits et de la Porte Sainte-Barbe. Plusieurs ponts reliaient les deux rives, soit d’aval en amont de la Seille : le Pont de la Basse-Seille, le Pont de la Grève, situé en face de l’actuel Jardin des Tanneurs, le Pont Sailly, ouvrage romain reconstruit en 1828, le Pont des Antonistes (Place Saint-Simplice), le Pont à Seille (Place Coislin) et le Pont Haute-Seille (Place Mazelle).

Les tanneurs utilisaient également la Seille pour laver les peaux. Les Messins jetaient quant à eux leurs déchets dans ses eaux. A tel point que la rivière était pestilentielle et était source d’importants risques sanitaires. Afin d’assainir le quartier, le Conseil municipal de Metz, présidé par un maire d’origine allemande, Franz Stroever, décida de sortir la Seille des murs de la ville pour la ramener dans son cours. Un nouveau lit fut creusé en dehors de la Place Mazelle. Le chantier mobilisa près de 3 000 hommes. L’ancien fossé des remparts, jusqu’à la Porte des Allemands, fut ainsi approfondi. De grands travaux de curage furent entrepris dès le mois d’avril 1904. Deux mois plus tard, le lit de la Seille était déjà sec. Des canalisations furent posées en retirant des pierres du parapet et en démolissant les murs des quais en plusieurs endroits. Les ponts furent démolis, tout comme les abreuvoirs à chevaux et les deux moulins situés sur le cours.

A noter enfin qu’en avril 1948, quatre bâtiments de la Rue des Tanneurs furent détruits suite à un effondrement de terrain. Douze personnes y perdirent la vie. La Colline Sainte-Croix, longée en partie par la Rue des Tanneurs, à côté de la Rue des Murs, était instable. Ce fut seulement en 1979 que la Ville aménagea en lieu et place des ruines des maisons le Jardin des Tanneurs.

(Source : RL du 14/07/2015)

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Un commentaire

  1. Groupe BLE Lorraine

    8 décembre, 2021 à 21:07

    Jusqu’au début du XXème siècle, un bras de la Seille s’engageait dans Metz au niveau de la Place Mazelle, avant de confluer à nouveau avec le lit principal de la rivière au niveau de la Tour des Esprits. C’est entre ces deux bras que devait se développer le quartier Outre-Seille. Le long de cette Seille « urbaine » se sont en effet développés, dès le Moyen-âge, de nombreux ateliers de tanneurs. Ces derniers avaient besoin d’eau pour pouvoir traiter les peaux. En outre, il était préférable pour les autorités municipales de les placer à l’Est de la ville. Les vents dominants venant de l’Ouest en Lorraine, ils chassaient alors les miasmes et les odeurs nauséabondes qui émanaient souvent de cette activité. On faisait la même chose, à l’époque, avec les léproseries, lesquelles étaient implantées à l’Est de la ville (Ferme Saint-Ladre, Bordes, etc.), de crainte que le vent ne ramène les miasmes contagieux. Au milieu du XVIIIème siècle, on compta jusqu’à soixante tanneurs le long de la Seille. Mais durant l’Annexion, le bras mort est jugé insalubre. Les autorités allemandes décident de le combler en 1904. La rivière laisse alors la place à une belle chaussée, de part et d’autre de laquelle on essaya malgré tout de garder l’architecture propre aux tanneries : hautes maisons de bois dotées de séchoirs en encorbellement.

    Kévin GOEURIOT, historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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