Lorsque la guerre fut déclarée en septembre 1939, le FC Metz était déjà bien ancré dans le paysage footballistique français. Le club, qui était devenu professionnel en 1932, évoluait dans un Stade Saint-Symphorien qui avait alors une capacité de 10 000 places. Les Grenats s’étaient attirés la sympathie de nombreux Français après leur défaire injuste deux buts à un contre l’Olympique de Marseille le 8 mai 1938 en finale de la Coupe de France au Parc des Princes. Auparavant, les Lorrains avaient éliminé Reims (5-0), Roubaix (2-1), Cannes (3-0) et Fives (1-0). La rencontre face à Marseille fut marquée par d’improbables erreurs d’arbitrage. Alors qu’un pénalty flagrant leur avait été refusé, les Grenats perdirent le match sur une frappe qui n’avait jamais franchi la ligne.
Le FC Metz a évolué dans le championnat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale
Un an plus tard, le FC Metz voyait partir plusieurs de ses meilleurs joueurs, à l’image de Flucklinger, Hibst ou encore Marchal, tous incorporés au 162ème Régiment d’Infanterie de Metz et expédiés à Laval. Durant la drôle de guerre et jusqu’en mai 1940, les Messins ne disputèrent que des séries de matchs plus ou moins amicaux contre des formations des armées françaises et britanniques au cours de la « saison sportive de guerre » 1939-1940. La Wehrmacht fit ensuite son entrée à Metz le 17 juin 1940. Le 29 juin, une antenne de la Gestapo y était créée. Le 1er juillet 1940, la Moselle était de nouveau annexée à l’Allemagne.
Très attachés aux symboles, les Nazis rebaptisèrent le FC Metz en FV Metz (Fussball Verain Metz) qui fut intégré à la Gauliga Westmark. Ce championnat était composé de plusieurs équipes de Sarre et du Palatinat. Le club perdit parallèlement son statut professionnel, interdit sous le IIIème Reich. En raison des défections, des appelés, des morts et des exilés, la Fédération allemande de football envoya une sélection de joueurs de chaque club pour renforcer l’effectif messin. Le championnat allemand fonctionnait à l’époque par play-offs. Les vainqueurs de chaque ligue régionale se retrouvaient à Berlin pour disputer le titre de champion de la Deutsche Meisterschaft. En Gauliga Westmark, le FV Metz termina trois fois de suite second à la surprise générale derrière Kaiserslautern (1942 et 1943) et Sarrebruck (1944). En 1941, les Grenats atteignirent les huitièmes de finale de la Coupe d’Allemagne. Ils furent éliminés par le 1. SV Jena trois à zéro.
Alors que l’armée allemande commençait à battre en retraite, Raymond Herlory, historique président messin, redressa le club. Suite au pillage du siège, à l’inondation du stade et à la destruction de plusieurs ponts, les dirigeants grenats décidèrent de ne pas participer à la saison 1945-1946. Des joueurs rescapés valides comme Bep Bakhuys et Gaby Braun acceptèrent de rechausser les crampons gratuitement. Si bien que le FC Metz retrouva officiellement et solennellement la compétition en Coupe de France le 7 janvier 1945 sur la pelouse de Blénod-lès-Pont-à-Mousson. L’Est Républicain écrivait à propos de l’évènement : « Après une longue et pénible séparation, notre Moselle revient à nous, puisque le FC Metz foulera dimanche prochain la pelouse du Stade des Fonderies. Rencontre symbolique, nous précise la Fédération. Oui, certes, mais pour nous Lorrains, c’est encore bien davantage. C’est le renouveau définitif de notre fraternité avec notre voisine et sœur, notre bonne ville de Metz, dont on a voulu en vain nous séparer. »
Pour le grand retour des Messins en Division 1 la saison suivante, la Fédération Française de Football pris des mesures exceptionnelles. En plus donc de réintégrer d’office la Division 1, le FC Metz se maintiendrait quel que son classement au cours des trois prochaines saisons. Par ailleurs, tous les joueurs sous contrat en 1940 avec Metz devaient regagner les bords de la Moselle. Bien que logiquement en difficulté en championnat, les Grenats offrirent néanmoins au Havre leur privilège de non-relégation par solidarité. Ce geste de grande classe est à la base de l’amitié toujours présente entre les deux clubs. 17èmes, les Messins furent au final sauvés de justesse. Le FC Metz fut « exhibé » partout en France jusqu’en 1950. C’est d’ailleurs du reste le seul club à pouvoir arborer la Croix de Lorraine sur son maillot.
(Source : So Foot, 01/07/2015)