On entend souvent dire que les jeunes ne s’intéressent pas à l’histoire. César, Saint Louis, Napoléon et tous les grands personnages qui ont fait l’histoire de France semblent bien loin des préoccupations de nos adolescents. Alors que dire des Ducs de Lorraine René II, Charles III et Stanislas ? Des noms totalement oubliés ? L’histoire régionale a pourtant fait l’objet de nombreuses publications à destination du jeune public. Rapide retour sur cette bibliographie méconnue …
1836 : la première histoire de la Lorraine destinée aux enfants
C’est en 1836 que paraît la première histoire de Lorraine destinée aux enfants. Elle est l’œuvre d’E.- A. Bégin. L’ouvrage, imprimé chez Verronais, à Metz, s’intitule Education Lorraine élémentaire et est sous-titré Histoire des duchés de Lorraine et de Bar, et des Trois-Evêchés. Il fait suite à un premier volume dans lequel l’auteur évoque notamment la géographie de la province. Le livre en lui-même se présente sous la forme d’un petit volume de 152 pages, complété par une carte des anciens duchés ainsi que de cinq planches gravées figurant les portraits (souvent fantaisistes) des Ducs de Lorraine, depuis Gérard d’Alsace jusqu’à Stanislas. L’ouvrage, qui accorde une large place au Haut Moyen-âge note, dans sa préface, que « l’histoire de Lorraine n’a pas encore été mise à la portée de l’enfance ». Bégin explique qu’il veut combler cette lacune mais son livre demeure élitiste et parfois laconique. La Bataille de Nancy, par exemple, tient en seulement cinq lignes. Aucune carte, aucun autre détail ne vient éclairer cet événement majeur de l’histoire régionale.
L’Education Lorraine élémentaire de Bégin est parue en 1836
1870-1945 : l’histoire lorraine entre instrumentalisation et vulgarisation
Il faut ensuite attendre 1857 et le Précis très sommaire de l’Histoire de Lorraine publié par L. Lallement pour que les jeunes disposent d’une nouvelle somme d’histoire régionale. A la même époque, L. Leupol publie un précis de l’Histoire de Lorraine où le passé de la région est exposé à travers l’émouvant dialogue d’un grand-père et de son petit-fils.
Pendant l’Annexion, les historiens cherchent, au mieux à justifier la nouvelle frontière, au pire, à préparer la jeunesse à l’idée d’une revanche. En 1880, V. Henrion publie une Histoire populaire de la Lorraine qui reprend l’idée du dialogue intergénérationnel tout en précisant que le garçon finira soldat et la jeune fille, sœur de charité …
Au début du XXème siècle, l’histoire régionale est inscrite aux programmes d’enseignement. J. Perron rédige alors une Petite Histoire de la Lorraine, illustrée et synthétique. En 1920, L. Bouchot publie Vingt-Cinq leçons sur l’Histoire de la Lorraine et du Barrois, joli ouvrage agrémenté de cartes, d’images et de résumés didactiques.
Depuis 1945 : faire acte de pédagogie et privilégier l’image
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les ouvrages expliquant l’histoire lorraine à nos jeunes ne manquent pas. Entre 1964 et 1969, J. Morette publie une monumentale Histoire de la Lorraine, très richement illustrée et particulièrement pédagogique. Ce mot sera, désormais, le leitmotiv des auteurs régionalistes. Dans le sillage de J. Morette, R. Bastien publie chez Serpenoise, en 1993, une Histoire de la Lorraine facile d’accès et enrichie d’une liste complète des Ducs de Lorraine et de Bar, des évêques ainsi que des préfets ayant dirigé les quatre départements lorrains. Le même auteur publia, quelques années plus tard, une Histoire de la Lorraine destinée aux jeunes, abondamment illustrée et qui sera ensuite déclinée en fascicules, selon les grandes périodes de l’Histoire. Plus récemment, P. Brasme a proposé une Histoire illustrée de la Lorraine qui, si elle a l’avantage d’offrir une iconographie attrayante, reste très dense pour le jeune public.
Histoire de la Lorraine racontée aux jeunes par Kévin GOEURIOT
Nos jeunes disposent donc de nombreux ouvrages pour découvrir le riche passé lorrain. A nous de leur donner envie d’ouvrir quelques-uns de ces livres …
Kévin GOEURIOT, Historien de la Lorraine et professeur d’histoire-géographie, pour le Groupe BLE Lorraine.
M. GOEURIOT est l’auteur d’une Histoire de la Lorraine racontée aux jeunes, publiée en août 2014 aux Editions du Quotidien.
Rendez-vous avec les Ducs de Lorraine
Depuis quelques années, le Château de Tichémont, près de Jarny, est devenu un lieu incontournable pour tous les amoureux d’histoire et de patrimoine. Les conférences qui s’y tiennent régulièrement permettent à chacun de découvrir, en plus de l’édifice et de ses jardins classés, quelques aspects méconnus du passé local.
Après plusieurs cycles consacrés, les années précédentes, à l’histoire des frontières, des fortifications et des routes en Lorraine, les propriétaires des lieux ont décidé de consacrer la saison 2015 aux Ducs de Lorraine. Qu’il s’agisse de René II, le vainqueur de Nancy, d’Antoine, de Charles III ou de Stanislas, tous ont, à leur manière, marqué l’histoire de notre région. Kévin GOEURIOT anime une série de conférences, afin de présenter chacune de ces figures à la fois méconnues et fascinantes. Toutes les interventions ont lieu à 15 heures, dans la salle du donjon, au Château de Tichémont.
Prochaines conférences :
14 juin 2015 : Charles III, le duc bâtisseur
27 septembre 2015 : Charles IV, une vie passée à combattre
18 octobre 2015 : François III, le duc qui devint empereur
15 novembre 2015 : Stanislas où quand la Lorraine devint française.
totor
26 mai, 2015 à 12:43
Vers 1950 en CE1, notre instituteur avait déclaré la Lorraine a TOUJOURS été française !
C’était à l’époque ou il faisait la guerre aux septante ou nonante: c’était « du patois »
Groupe BLE Lorraine
26 mai, 2015 à 13:03
Encore un qui n’y connaissait rien à l’histoire ou plutôt qui la connaissait mais faisait de la propagande pour cacher la vérité et annihiler tout sentiment lorrain.
La Lorraine n’est française que depuis 1766, soit moins de 260 ans. Autrement, elle a été plus longtemps un Etat souverain et indépendant qu’une simple province française volontairement laissée à la dérive.
Kévin Goeuriot
26 mai, 2015 à 19:33
En effet… Le problème avec l’Histoire (qu’elle soit locale, régionale, nationale ou même mondiale), c’est qu’elle est rarement exempte d’instrumentalisation. Cela est toujours difficile à comprendre et à excuser car les faits, eux, sont souvent suffisamment obtus pour les faire mentir… L’historien, comme le médecin ou l’avocat, doit faire preuve de déontologie. La Lorraine a été une nation, avec ses langues, sa culture complexe et ses nombreux symboles. N’en déplaise à certains !
Kévin Goeuriot
26 mai, 2015 à 20:42
J’oubliais de préciser, par honnêteté et déontologie, que l’article est le prolongement d’une réflexion menée pour le Comité d’Histoire régionale, dont chaque Lorrain peut évidemment suivre l’actualité…