Faute de repreneur, la chaudière de la tranche 4 de 125 MW de la centrale thermique Emile Huchet de Carling-Saint-Avold a dernièrement été définitivement arrêtée par E.ON France. La tranche avait été stoppée courant 2013. Un appel à reprise avait été lancé le 15 janvier dernier pour une date butoir le 31 du même mois. Avec un délai aussi court, il était bien évidemment impossible de trouver le moindre investisseur.
La chaudière utilisait la technologie de pointe LFC (Lit Fluidisé Circulant). Mise en place dans les années 1990, celle-ci intégrait dans son process la désulfuration et la dénitrification. Elle fonctionnait à partir des schlamms des bassins de décantation de la centrale. Les schlamms sont des déchets miniers, sorte de boue noire composée de fines poussières de charbon, d’eau et d’additifs. Le bassin de décantation Sud-Est, actuellement exploité, devrait continuer à l’être. Des schlamms seront en effet utilisés pour la chaudière de la tranche 6. L’autre bassin de La Houve, qui renferme 300 à 400 000 tonnes de schlamms, ne sera quant à lui pas exploité. Il aurait cependant fallu d’importants investissements pour remettre la chaudière de la tranche 4 à niveau.
La fermeture définitive de la chaudière de la tranche 4 était la dernière étape du vaste plan de restructuration d’E.ON France. En arrêtant complètement les tranches 4 et 5, le groupe a fait le choix de ne maintenir que la tranche 6 et ses deux Cycles Combinés Gaz (CCG), d’une puissance totale de 828 MW, raccordés au réseau électrique depuis 2009. La restructuration de la centrale a entraîné la suppression de 230 emplois. 170 personnes sont parties à la retraite par mesure d’âge. 130 salariés travaillent encore aujourd’hui sur le site.
Groupe BLE Lorraine
1 novembre, 2016 à 11:53
Après six mois d’incertitude, la centrale thermique Emile Huchet, située à Saint-Avold, continuera finalement de produire de l’électricité à partir de charbon au moins jusqu’en 2023. Il y a quelques jours encore, la tranche 6 devait s’arrêter le 1er janvier 2017, entraînant 80 licenciements secs et menaçant une centaine d’emplois indirects.
La France souhaitait en effet instaurer un prix plancher du CO2 pour le charbon, condamnant ainsi toute production électrique basée sur cette énergie fossile, en levant l’exception de la TICC (Taxe Intérieure de Consommation sur le Charbon). Si bien que le coût de la tonne de CO2 serait passé de 5 euros à 25 euros. Ce mode de production serait alors devenu plus onéreux que tous les autres (gaz, nucléaire, énergies renouvelables, etc.).
Mais les deux députés qui avaient présenté des amendements condamnant la production d’électricité au charbon ne sont pas venus soutenir lesdits amendements. Aucun vote n’a donc eu lieu. Ce projet était uniquement français, les autres producteurs européens n’étaient pas concernés alors que la pollution ne s’arrête pas aux frontières. Par ailleurs, sur les 300 millions de tonnes de CO2 émises chaque année en France, la production au charbon n’en représente que huit. En plus de Saint-Avold, quatre autres sites auraient fermé, ce qui aurait supprimé des centaines d’emplois.
Il faut désormais mettre à profit ce sursis de quelques années pour préparer l’après-charbon en misant notamment sur la biomasse ou le gaz de houille.