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Nouveaux cinémas à Metz : pourquoi il fallait choisir CGR

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Le 18 novembre 2014, la Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC) autorisait Kinepolis à implanter un cinéma de six salles comprenant 893 places à Waves. Le projet avait été refusé en 2013. Mais cette fois-ci le groupe belge a bénéficié du soutien des promoteurs du nouveau centre commercial et de la Ville de Metz au terme d’un incroyable marchandage.

Kinepolis Saint-Julien-lès-Metz

Kinepolis, qui exploite déjà un complexe de quatorze salles à Saint-Julien-lès-Metz, pourrait prochainement profiter d’une situation (quasi) monopolistique dans l’agglomération messine (Crédits photo : Google Street View)

Il ne manquait plus qu’un volet culturel à Waves, qui pourvoie déjà grandement aux besoins des consommateurs en matière d’équipement de la personne, d’ameublement et de restauration. L’enjeu est financier pour les investisseurs de l’open sky center, à savoir la Compagnie de Phalsbourg et les Arches Métropole. Ceux-ci ont en effet vendu aux enseignes et aux restaurants, pour les convaincre de s’installer dans l’immense centre commercial, qu’un cinéma serait construit pour animer les soirées. Dans l’obligation de respecter leur engagement, ils se sont donc alliés à Kinepolis.

Dans son appel d’offres, la Ville de Metz octroyait de son côté son accord moyennant la reconversion des sept salles du cinéma Palace, situé Place Saint-Jacques, en cinéma d’art et d’essais et la construction d’un autre cinéma généraliste adossé au complexe commercial Muse à deux pas du Centre Pompidou-Metz, dans le Quartier de l’Amphithéâtre. Le réaménagement du Palace représenterait un investissement de 2,5 millions d’euros. Le Caméo-Ariel disparaîtra dans l’opération.

Kinepolis, qui exploite déjà un multiplexe de quatorze salles à Saint-Julien-lès-Metz et un autre de dix salles à Diddenuewen (Thionville), a bien entendu accepté les conditions de la Ville de Metz. Il s’est ainsi engagé à mettre une enveloppe globale de 30 millions d’euros sur la table pour décrocher un monopole inacceptable dans l’agglomération messine qui lui permettra définitivement d’imposer ses tarifs déjà exorbitants. Il aurait même promis pour cela de reclasser tout le personnel du Caméo-Ariel. La création d’un cinéma de huit salles dans le Quartier de l’Amphithéâtre permettra par ailleurs au groupe belge d’augmenter ses capacités de près de 2 500 sièges au total dans la région messine, tout en réduisant d’environ 200 sièges son complexe de Saint-Julien-lès-Metz, afin de mieux répartir ses capacités d’accueil du public. Une convention devrait être signée en ce qui concerne l’art et l’essai, qui n’est jamais entré jusque-là dans le business model de Kinepolis, pour permettre à la Ville de Metz d’intervenir juridiquement si le projet initial n’était pas respecté. L’idée est de projeter plus de films, d’ouvrir une salle d’exposition et une salle d’éducation à l’image, d’accueillir des scolaires et de mettre en place un programme d’animations et de conférences. Le tout aux frais de Kinepolis.

En partenariat avec Cofinance, qui possède des cellules vides dans la zone commerciale de la Rotonde à Moulins-lès-Metz, en face des anciens magasins Atlas et Fly, le groupe rochelais CGR (Circuit Georges Raymond) s’est également positionné pour contrer Kinepolis. Son projet, similaire à celui de son concurrent, porte sur la création d’une zone de loisirs, sur ladite zone de la Rotonde, comprenant un cinéma de huit salles de 1 690 places, un bowling, des restaurants, une piste de karting et une plaine de jeux pour les enfants. Représentant un investissement de douze millions d’euros, celui-ci permettrait de revitaliser un secteur commercial en friche et d’éviter un engorgement de Waves, où la circulation est très difficile. Troisième opérateur cinématographique en France, implanté dans 37 agglomérations, CGR, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros en 2013, exploite déjà un multiplexe de dix salles comprenant 2 500 sièges à Freyming-Merlebach. Le groupe compte investir 25 millions d’euros et créer une quarantaine d’emplois dans la région messine. Il entend ainsi ouvrir pour près de douze millions d’euros également un cinéma de huit salles disposant de 1 200 places dans le Quartier de l’Amphithéâtre et reconvertir le Palace dans l’art et l’essai, afin de respecter le cahier des charges fixé par la Ville de Metz.

Après que le projet porté par Kinepolis ait été retenu par la CDAC, CGR a décidé de déposer un recours en annulation auprès de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC). CGR, qui réclame l’impartialité dans l’instruction des dossiers, estime en effet ne pas avoir bénéficié du même traitement politique que son rival. Dans la mesure où l’action du groupe de La Rochelle est suspensive, Kinepolis ne peut pas actuellement demander un permis de construire avant que la CNAC ne se soit prononcée.

Le cinéma Union d’Ars-sur-Moselle a également intenté un recours auprès de la CNAC. Son propriétaire n’admet pas le virage à 180° pris par la Ville de Metz sur la question de l’implantation d’un nouveau cinéma au Sud de Metz entre la première CDAC de 2011 et celle de 2014. L’année dernière, Kinepolis et ses alliés ont pourtant été négociés des accords secrets avec les petits exploitants indépendants de cinémas, afin de les convaincre de ne pas engager de recours devant le CNAC contre l’implantation d’un nouveau multiplexe à Waves. Le projet de rénovation du hall d’entrée de Marlymages, situé à Marly, serait ainsi soutenu financièrement, tout comme la création d’une troisième salle de 280 places au Cinéma Concorde de Pont-à-Mousson. Rénové, ce dernier, qui verrait sa capacité passer de 200 à 480 sièges, bénéficierait également d’un son Atmos dernier cri et d’un projecteur laser. L’opération représente un investissement de 2,5 millions d’euros. Mais rien n’est trop cher pour conquérir un monopole et être libre de faire ce qu’on veut ensuite … L’ensemble devrait en effet être rapidement amorti par les cinéphiles messins qui doivent déjà s’acquitter de onze euros (72,16 francs !!!) pour un simple billet de cinéma au tarif normal à Saint-Julien-lès-Metz.

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5 Commentaires

  1. baumgarten

    16 janvier, 2015 à 16:56

    bravo
    bon article
    professionnel

    le POLITIQUES ont choisi en CDAC :
    TOUT POUR LES RICHES
    RIEN POUR LES AUTRES

    VIVE LE MONOPOLE

  2. TONTON

    23 janvier, 2015 à 19:33

    Pour ceux qui n’auraient pas tout compris vous trouverez ci-dessous le texte du discours du ministre de la culture lors de la remise de la croix de grand mécène et de grand donateur à Journo, promoteur de Waves, le 16 novembre 2011 :
     » Vous êtes des modèles de ce que l’on appelle aujourd’hui les philentrepreneurs sur des projets qui vous tiennent particulièrement à coeur, vous n’hésitez pas à engager à la fois les finances de votre entreprise, la Compagnie de Phalsbourg, pôle d’investissement en immobilier commercial, et vos moyens personnels. On sait ce que vous doit, depuis 2006, la restauration des façades de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts et de l’hôtel du Grand Chimay sur le quai Malaquais. L’an prochain, ce partenariat sera renouvelé pour la mise en lumière de l’édifice, mais l’on me dit aussi que vous vous êtes récemment rapprochés du Centre des monuments nationaux pour lui proposer – car vous prenez souvent l’initiative – la mise en lumière de la flèche de la Sainte-Chapelle que vous voyez des fenêtres de votre appartement. Vous êtes par ailleurs mécènes de l’Opéra de Paris et de son programme éducatif « 10 mois d’école à l’Opéra », ce qui vous plaçait évidemment au premier rang pour rejoindre mon projet de fonds de dotation pour la démocratisation culturelle, dont avez accepté d’accueillir l’équipe d’animation dans vos locaux de l’hôtel de Ségur, place Vendôme. C’est d’ailleurs dans ces espaces magnifiques que l’on découvre un autre aspect et non le moindre, de votre engagement en faveur de la culture, à
    travers une collection d’art contemporain tout à fait remarquable.
    Nous vous devons donc beaucoup, chers Philippe et Karine Journo, et c’est une grande joie pour moi de vous remettre ce soir la médaille de Grand Mécène et Grand Donateur de la Culture. »
    Vous n’allez donc pas nous faire pleurer pour deux ou trois pauvres cinemas de province alors que vous devriez vous incliner devant le travail d’un mécène qui a reçu sa médaille aussitôt après Serge Dassault, autre mécène comme chacun sait !
    J’allais oublier : le cinéma est sous la « coupe » du ministère de la culture.

  3. CV57

    25 janvier, 2015 à 0:15

    Intéressant article en effet.
    Quelle que soit la suite donnée au recours, l’évolution de la technologie de la projection pourrait bien trouver une autre solution à la question.
    Le marché des puissants vidéoprojecteur à LED peut exploser sur l’agglomération de Metz plus vite encore qu’ailleurs … et il y a donc encore de l’espoir pour les vendeurs de pizza à domicile (ou d’autres spécialités d’ailleurs).

  4. Groupe BLE Lorraine

    21 mars, 2015 à 14:31

    Selon des professionnels du cinéma, Kinepolis est l’opérateur de multiplexes le moins bien placé pour s’occuper d’art et essai. Il est par ailleurs impossible d’imposer à un exploitant des engagements de programmation, comme la Ville de Metz le laisse entendre, tout simplement parce que cela n’est pas légal. Nous pouvons également douter que le géant belge s’adapte au contexte messin, dans la mesure où il n’y a qu’un seul programmateur, installé à Lille, pour tous les Kinepolis en France.

    En 2013, le Caméo-Ariel et Le Palace ont proposé, dans onze salles, 486 films. Le Kinepolis de Saint-Julien-lès-Metz n’en a diffusés que 242 au total dans ses quatorze salles. Question diversité de films, on a déjà vu mieux !

    Enfin, une programmation art et essai ne consiste pas seulement à proposer des films porteurs. Elle consiste également à faire découvrir des films étrangers, des films d’auteurs, etc., le tout en version originale. Si certains voient en l’art et essai un cinéma d’élite, celui-ci peut tout aussi être de qualité et populaire comme dans les années 1950.

  5. Groupe BLE Lorraine

    21 mars, 2015 à 14:39

    La Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC) a dernièrement donné raison à Kinepolis. Désormais, à moins qu’une procédure visant cette décision ne soit engagée devant le Tribunal administratif, rien ne peut plus empêcher le diffuseur de mener à bien son projet de construction d’un cinéma de six salles comprenant 892 fauteuils dans l’enceinte de Waves à Moulins-lès-Metz.

    Rappelons que le groupe Kinepolis avait déjà obtenu en novembre l’aval de la Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC) grâce au soutien appuyé de la Ville de Metz. Mais cette décision avait fait l’objet de deux recours en annulation devant la CNAC, l’un émanant du groupe CGR, porteur d’un projet concurrent, l’autre d’un collectif d’opposants aux desseins monopolistiques de Kinepolis dans l’agglomération messine, composé notamment d’exploitants indépendants.

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