Il y a 100 ans, à la veille du premier conflit mondial, le Fort de Guentrange était l’une des clés de voûte du dispositif de défense allemand en Moselle annexée.
Le Fort de Guentrange pouvait abriter 2 000 hommes (Crédits photo : Raoul GILIBERT pour le Groupe BLE Lorraine)
Le Fort de Guentrange, ou plus précisément de son véritable nom Feste Ober-Gentringen (Fort de Haute-Guentrange), est un groupe fortifié dominant Diddenuewen (Thionville). Il fut construit par l’armée allemande à 318 mètres d’altitude au cours de la première Annexion, après la Guerre de 1870-1871. Le second Reich entendait ainsi protéger l’Alsace-Moselle contre une attaque française. Il décida alors de faire de Metz et de Diddenuewen deux places fortes pour constituer la Moselstellung (position de la Moselle).
L’ouvrage a été construit par les Allemands à 318 mètres d’altitude pendant la première Annexion (Crédits photo : Raoul GILIBERT pour le Groupe BLE Lorraine)
La Feste Ober-Gentringen fait partie de ces nébuleuses, très étalées sur le terrain et enfermant, dans une enceinte de barbelés, plusieurs casernes et batteries cuirassées, reliées par des kilomètres de galeries souterraines. Elle visait à interdire à l’ennemi l’accès aux points culminants de la région thionvilloise, à protéger le nœud ferroviaire de la ville et à border les intervalles entre Illange, Guentrange et Koenigsmaker. Les travaux débutèrent en avril 1889. Un téléphérique permit de monter les matériaux. Les cuirassements de plusieurs tonnes furent amenés par des chevaux. A la fin du chantier, en 1906, le fort comportait trois casernes, deux batteries et une dizaine d’abris et d’observatoires. Il pouvait accueillir 2 000 hommes. Tous les ouvrages étaient en béton non-armé, sauf les façades arrière et les murettes de soutènement des parapets d’infanterie. Les façades de pierre tournées vers l’Allemagne avaient été conçues pour être facilement crevées par les batteries allemandes, au cas où les Français auraient pris le fort. Avec l’évolution de l’armement et l’allongement des portées, il devint de plus en plus facile d’en submerger les façades. C’est la raison pour laquelle le génie allemand fit construire, dès les premiers jours de la mobilisation, six coffres de contrescarpe bétonnés et trois abris supplémentaires. Il fit également renforcer les murs des casernes et des batteries avec du béton.
L’imposante façade du Fort (Crédits photo : Raoul GILIBERT pour le Groupe BLE Lorraine)
Le Fort de Guentrange ne fut cela dit jamais attaqué au cours de la Première Guerre Mondiale. Il tomba dans l’escarcelle des Alliés après l’Armistice du 18 novembre 1918. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il servit de dépôt de munition à l’armée allemande jusqu’à sa libération par l’armée américaine en 1944. Il devînt ensuite le dépôt de munition du 25ème Régiment d’Artillerie. L’ouvrage a perdu toute vocation militaire depuis 1971. Propriété de la ville de Thionville et entretenu par l’Amicale du Groupe Fortifié de Guentrange, il est aujourd’hui possible de le visiter.
(Source : RL du 25/07/2014)