Sous la pression de Bercy et sur fond de patriotisme économique, le Tribunal de Commerce de Nanterre a dernièrement validé l’offre de reprise évaluée à 230 millions d’euros d’Ascométal émanant du haut-fonctionnaire français Frank Supplisson, au détriment de celle du brésilien Gerdau.
Le périmètre d’Ascométal et 97 % des 1 911 emplois de l’entreprise, fleuron industriel des aciers spéciaux, sont conservés. La Lorraine, où sont employés 566 personnes à Hagondange et 74 à Custines, décroche également le transfert du siège social d’Ascométal de la Garenne-Colombes à la vallée de l’Orne. En échange, le Conseil Régional de Lorraine accordera trois millions d’euros sous forme de prêts avantageux. Un prêt de 35 millions d’euros du Fonds de Développement Economique et Social (FDES) serait également accordé via le ministère français de l’économie et du redressement productif. Guy Dollé, ex-PDG d’Arcelor, sera nommé président du conseil de surveillance d’Ascométal. La nouvelle direction entend faire de l’entreprise le leader européen des aciers spéciaux.
L’offre de 390 millions d’euros du géant brésilien Gerdau, qui emploie 45 000 personnes dans le monde et qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 16,8 milliards de dollars pour un résultat net de 716,8 millions de dollars, avait les faveurs de l’administrateur et du mandataire judiciaire. Le sidérurgiste prévoyait la fermeture des sites de Fos-sur-Mer et du Cheylas pour ne conserver que 1 586 emplois. Il annonçait cela dit en parallèle 166 embauches.
Frank Supplisson a de son côté affirmé que des embauches seraient effectuées dès 2014. Il devra en attendant négocier le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) avec les syndicats.
Des doutes subsistent, cependant, sur le montage financier proposé par l’ex-directeur adjoint du cabinet de Christine Lagarde, plus particulièrement sur les conditions fixées par les fonds DK et Warwick. Pour monter au capital du nouvel ensemble, ces derniers auraient en effet exigé jusqu’à 16 % d’intérêts. Les spécialistes s’interrogent également sur le rôle du sidérurgiste norvégien Ovako, spécialisé dans le roulement et qui détient à présent 8,6 % des parts d’Ascométal, dans la stratégie de Sparkling Industrie, la holding de Frank Supplisson.
Groupe BLE Lorraine
17 mai, 2015 à 22:40
Alors ministre de l’économie, Arnaud Montebourg avait promis au printemps 2014 que l’Etat français entrerait au capital d’Ascométal. Un an plus tard, la Banque Publique d’Investissement (BPI) dit non. Cette entrée au capital devait avoir lieu dans les six mois après la fin de l’opération de reprise, achevée en novembre. L’énarque Frank Supplisson, repreneur de cette pépite industrielle, avait été soutenu publiquement et financièrement par Paris.