La construction du château de Vernéville, dans le Pays Messin, commença en 1628. Il fut la propriété des Huyn, seigneurs du village jusqu’en 1906, date à laquelle la demeure fut vendue aux aciéries de Rombas. L’édifice servit alors de Préventorium et d’Aérium pour les enfants des employés. Charmant bourg au XVIIème siècle, Vernéville connut par la suite une histoire tourmentée par les guerres entre la France et l’Allemagne.
Le Château de Vernéville (Crédits photo : Wikipédia)
En raison de sa situation géographique, le village, marquait la frontière entre le Reich et la France. Lors de la première Annexion, cette frontière était assez perméable. Les habitants pouvaient passer d’un pays à l’autre sans trop de difficultés. La Moselle bénéficiait par ailleurs de certains avantages, à l’image de la nouvelle protection sociale tant enviée. Fait rarissime, l’école de Vernéville possédait même un téléphone dès 1907. La situation changea radicalement en 1940 sous le IIIème Reich. Après la capitulation française, l’Allemagne nazie annexa une seconde fois l’Alsace-Moselle, selon les mêmes frontières qu’en 1870. Si bien que le 20 juin 1940, Vernéville marquait de nouveau la frontière franco-allemande. Les postes de douane encerclèrent rapidement le village. Les douaniers s’installèrent dans le presbytère. La germanisation fut violente. Wir sprechen Deutsch titraient les manuels scolaires. Ce poste frontière fit de Vernéville un bourg martyrisé, bombardé, brûlé et saccagé.
Les 27 et 28 août 1944, le village fut envahi par l’armée allemande en pleine débâcle, fuyant les territoires bientôt reconquis par l’armée du Général Patton. Les 30 et 31 août, les unités SS (Schutzstaffel, ou « escadron de protection ») reprirent l’offensive. Certains villageois qui avaient retrouvé leur domicile furent à nouveau expulsés. Le 8 septembre 1944, les tirs d’artillerie de l’armée américaine endommagèrent le clocher de l’église et causèrent de nombreuses victimes. La charpente de l’édifice fut incendiée. La Rue d’Amanvillers fut complètement rayée de la carte. Beaucoup de maisons furent plus tard reconstruites à des emplacements légèrement différents. Quatre treuils furent nécessaires pour détruire l’église qui menaçait de s’effondrer. Faute de plans et de photos d’origine, l’édifice ne retrouva jamais son aspect d’origine. Les vitraux furent remplacés par des œuvres de Camille Hilaire. Il fallut cependant attendre le 25 décembre 1955 pour entendre de nouveau sonner les cloches de l’église. Durant ces dix années de reconstruction, la messe fut célébrée dans la chapelle du château. Vernéville a aujourd’hui cicatrisé ses plaies.
(Source : RL du 30/06/2012)