Accueil Culture et patrimoine Exclusif : Connaître la flore lorraine pour mieux la préserver

Exclusif : Connaître la flore lorraine pour mieux la préserver

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Dans une interview exclusive accordée au Groupe BLE Lorraine, François VERNIER, président de l’association Floraine, nous présente la diversité et l’évolution de la flore dans notre région. Il apparaît indispensable de mieux connaître la richesse de cette flore pour la préserver. C’est ce à quoi s’attèle Floraine.

Quelles sont les spécificités de la flore lorraine ? Quelles espèces singulières notre région abrite-t-elle ?

François VERNIER : « La flore lorraine est variée du fait de la diversité des substrats (calcaires, marneux, gréseux, cristallins), mais également du fait des différences d’altitudes importantes entre l’Ouest et l’Est de la région. C’est ainsi que nous rencontrons une flore à tendance atlantique sur les marges Ouest du département de la Meuse, des influences montagnardes sur les pelouses subalpines vosgiennes et des éléments nettement continentaux dans le Pays de Bitche.

F. Vernier

Pour François VERNIER, la sauvegarde de la flore lorraine passe par une meilleure connaissance de sa richesse et de sa diversité (Crédits photo : Association Floraine)

La Lorraine possède deux plantes dites endémiques, que l’on ne trouve que dans notre région, l’Ibéris de Viollet sur quelques éboulis des côtes de Meuse et la Salicorne de Vic à Vic-sur-Seille. Nous avons également la chance de trouver les seules localités de Laser à trois lobes de France. Cette plante est par ailleurs présente d’Allemagne à la Turquie. »

Comment la flore de notre région évolue-t-elle ? Voit-on de nouvelles espèces arriver, d’autres s’éteindre ?

« Comme dans toutes les régions du monde la flore évolue en Lorraine. Il y a des espèces qui disparaissent et d’autres qui arrivent sur notre territoire. Parmi celles qui ont disparu, notons les messicoles (plantes liées aux moissons) telles que la Nielle des blés ou l’Androsace des champs éliminées par les herbicides. La disparition de plantes comme l’Alisma fausse renoncule ou la Linaigrette gracile résulte de la réduction des milieux humides. Nous avons perdu deux tiers de ces zones humides au cours du XXème siècle, dont la moitié dans les trente dernières années. Ces disparitions ont pour causes le drainage parfois excessif des champs, mais également l’extraction de granulats dans les vallées alluviales qui réduisent les surfaces de prairies humides remarquables. Cela est très notable dans la vallée de la Moselle.

D’autres plantes arrivent sur notre territoire par diverses voies : jardineries, aquariophilie, transports routiers ou ferroviaires. Certaines de ces plantes s’intègrent à la flore locale sans la concurrencer tel le Jonc odorant d’origine asiatique, qui borde certains plans ou cours d’eau, ou la laîche faux-vulpin, plante américaine introduite lors de la Deuxième Guerre Mondiale à Bourgaltroff et qui s’y maintient depuis cette époque. D’autres plantes deviennent invasives comme la très connue Renouée du Japon, présente en France depuis le XIXème siècle, ou le Séneçon du Cap, devenu invasif depuis le début du XXIème siècle, alors que sa présence en Lorraine date des années 1970. »

Des actions sont-t-elles engagées pour préserver et promouvoir le patrimoine floristique lorrain ?

« Pour préserver et promouvoir le patrimoine floristique lorrain, il faut le connaître et c’est ce qui a été fait avec la publication de l’Atlas de la flore lorraine réalisé par Floraine. Cet ouvrage est en vente dans toutes les librairies. Il fait l’état actuel de la flore, mais n’est pas exhaustif. Le travail de prospection continue en relation avec le Pôle Lorrain du futur Conservatoire Botanique National Nord-Est mis en place à l’initiative de Floraine en collaboration avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine et la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux. Le Pôle Lorrain a commencé à travailler sur la liste rouge des espèces rares et menacées de Lorraine, préalable à la révision de la liste des végétaux protégés qui date du 3 janvier 1994.

Sortie Sarreinsming

Les membres de Floraine sur le terrain à Sarreinsming (Crédits photo : Association Floraine)

Floraine et le Pôle Lorrain travaillent de concert à la connaissance et à la promotion du patrimoine floristique lorrain. D’autre part Floraine, organise des sorties pendant toute la saison de floraison (de mars à septembre) sur l’ensemble de la Lorraine. Durant la période hivernale, des conférences sont présentées au Jardin Botanique du Montet à Villers-les-Nancy. Toutes les activités de Floraine sont présentées sur le site internet www.floraine.net.

Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine gère 283 sites remarquables pour une surface de 5 432 hectares sur l’ensemble de la Lorraine. Il est également gestionnaire des réserves naturelles nationales ou régionales sur notre territoire. Ces milieux remarquables sont des tourbières, des pelouses calcaires, des mares, des étangs, des prés salés, etc. Il propose également des sorties découvertes. »

Concrètement, comment savoir si on peut cueillir ou non une fleur dans une prairie, un champ ou une forêt ? Comment reconnaître une espèce protégée ?

« Tout d’abord, il y a lieu de se renseigner sur le statut de la propriété sur laquelle on veut cueillir une fleur. Les espaces protégés sont généralement indiqués sur le terrain. Pour reconnaître une plante protégée il n’y a pas de critères. Il faut connaître les listes de végétaux protégés au niveau national, régional et départemental. En règle générale, une plante dont il n’existe que quelques exemplaires sur le terrain prospecté doit être préservée. Cependant, certaines plantes protégées se retrouvent en grand nombre sur une surface déterminée, comme par exemple la nivéole de printemps, sorte de perce-neige que l’on trouve par milliers de pieds dans certains vallons forestiers. Pour mieux connaître la flore il est conseillé de rencontrer des botanistes confirmés. Floraine permet d’apprendre sur le terrain la botanique de manière conviviale et partagée. »

Le Groupe BLE Lorraine remercie François VERNIER pour le temps qu’il nous a consacré.

M. VERNIER est Président de l’Association Floraine, Président du Pôle Lorrain du futur Conservatoire Botanique National du Nord-Est et Membre du Conseil Régional Scientifique du Patrimoine Naturel de Lorraine.

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