En Lorraine, certains cours d’eau ont été durablement marqués par les rejets industriels, à l’image de la Rosselle, plombée par la chimie à Carling. Cela dit, la pollution des rivières est globalement en baisse dans notre pays. La prise de conscience opérée au début des années 1990 a fait de la dépollution urbaine et industrielle un enjeu de société. Cette réduction est forte pour le phosphore et l’ammonium, paramètres indicateurs de la pollution urbaine. Mais elle est moindre pour d’autres éléments, comme les nitrates.
La Nied Réunie à Freistroff (Crédits photo : Groupe BLE Lorraine)
Il s’agit désormais de redonner aux cours d’eau leur profil d’origine, de restaurer leur biodiversité et de reconstituer les zones humides, véritables éponges pour éliminer la pollution. Considérées comme des réservoirs à moustiques, ces dernières ont été asséchées par les agriculteurs et les urbanistes. Certains cours d’eau ont de même été redessinés et réduits à de simples lignes droites au mépris des méandres d’origine. En Lorraine, l’effort porte sur la restitution des tracés historiques.
L’autre grand chantier engagé dans la région est le rétablissement de la continuité écologique. La migration des poissons est en effet gênée par les nombreux ouvrages industriels construits sur les cours d’eaux. Les grandes infrastructures, comme par exemple le barrage UEM (Usine d’Electricité de Metz) d’Argancy, devront être équipées d’escaliers à poissons pour permettre leur franchissement par la faune. Les petits ouvrages abandonnés peuvent également perturber la continuité écologique. Rien que sur la Moselle, on en recense 1 000. Il faut à chaque fois retrouver les propriétaires et négocier le financement du démontage.
En ce qui concerne les eaux souterraines, il faut savoir que celles-ci ne sont pas au contact de l’oxygène. La pollution ne s’y dégrade donc pas. Lorsqu’elles sont touchées, elles le sont durablement car le temps de renouvellement est long. La Lorraine est en grande partie alimentée par la nappe des grès vosgiens qui s’étend du Bassin houiller à Vittel. Les eaux souterraines de notre région sont relativement épargnées par la pollution car cette nappe est profonde. Elle se trouve en effet entre 100 et 200 mètres de profondeur. Les eaux souterraines sont par ailleurs protégées par des couches imperméables. Ce n’est toutefois pas le cas pour les secteurs alimentés par les nappes calcaires, à l’image de la région de Diddenowen (Thionville), ou encore par des nappes alluviales comme peut l’être Metz.
Néanmoins, en raison de l’abondance des précipitations, la Lorraine est à l’abri du manque d’eau potable. La consommation de celle-ci est d’ailleurs en baisse de 3 % par an, sachant qu’un Lorrain consomme 150 litres d’eau par jour, soit trois fois moins qu’un Américain et deux fois moins qu’un Suisse. Les collectivités locales ont beaucoup investi pour le traitement des eaux. La baisse de la consommation peut paradoxalement entraîner une augmentation du prix de l’eau, en raison de l’amortissement des investissements réalisés.
(Source : RL du 30/06/2012)