Dans son rapport, la Commission citoyenne, constituée d’un panel de 17 personnes, estime que « la technicité des sujets n’est pas un obstacle à la compréhension par les citoyens dès lors que les explications sont données ». Mieux, elle affirme que « des citoyens formés et non déformés par les lobbys sont les meilleurs juges de l’intérêt général ». Elle demande en conséquence un moratoire sur les risques et les questions non résolues soulevées par le projet CIGEO (Centre Industriel de stockage Géologique des déchets radioactifs), ainsi que la recherche de solutions alternatives. L’enfouissement des déchets radioactifs à Bure n’est donc pas la « solution de référence », contrairement à ce qu’indique la loi du 28 juin 2006.
Interrogé par la Commission citoyenne, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), organisme chargé de contrôler l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs), promoteur du projet CIGEO, a révélé que le calendrier ne pourrait être tenu, ce que l’ANDRA a confirmé. Une multitude d’études sont encore à mener. La Commission citoyenne a ainsi logiquement insisté sur l’ « amateurisme et l’à peu près » de ce dossier. Gravissime, quand on pense aux risques induits par ce projet.
Par ailleurs, cela fait maintenant plus de dix ans que des spécialistes clament que le site pressenti pour enfouir les déchets radioactifs à Bure se trouve à l’aplomb d’une zone géothermique. Or une règle fondamentale de sûreté impose de ne pas enfouir à un endroit où nos descendants pourraient naturellement être amenés à en exploiter la ressource. L’ANDRA a toujours nié l’existence de ce potentiel géothermique. Un cabinet d’expertise indépendant mandaté par le CLIS (Comité Local d’Information et de Suivi) a démontré fin 2013 la présence d’une telle source géothermique. L’IRSN a alors avoué qu’il n’avait fait jusque-là qu’estimer certaines caractéristiques de cette source. Par conséquent, dans cette histoire invraisemblable de déchets nucléaires, le promoteur et son contrôleur affirmaient que le sous-sol de Bure était propice à l’enfouissement, alors que leurs analyses n’étaient fondées que sur des « estimations ».
Ces éléments en disent long sur ce qui se trame à Bure, sur les méthodes utilisées pour parvenir à des fins contestées, ainsi que sur le degré de sérieux et de crédibilité du promoteur et de ses contrôleurs. Suite aux conclusions de la Commission citoyenne, on comprend mieux pourquoi la demande de référendum sur ce sujet sensible exprimée par plus de 50 000 habitants du secteur n’a jamais abouti. Ou comment bafouer un processus démocratique.
Dès lors, en reprenant les principes édictés dans la loi de 2006 et après les avancées techniques et scientifiques qui en découlent aujourd’hui huit ans plus tard, le législateur ne peut que changer la loi de 2006, sauf à aller à l’encontre des règles démocratiques et des précautions élémentaires de sécurité. Il convient donc de relancer la recherche d’alternatives à l’enfouissement des déchets radioactifs et de remettre en cause les fondements du projet Cigéo. C’est ce qu’avaient déjà préconisé les citoyens lors du débat de 2005-2006. Rappelons enfin que les travaux engagés depuis 20 ans à Bure ont englouti plus d’un milliard d’euros. La dernière loi de finance a prévu d’en rajouter un milliard supplémentaire.
(Source : CEDRA, Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs)
Groupe BLE Lorraine
17 février, 2014 à 18:50
Composée de 17 personnes lamda, la Commission citoyenne a été mise en place par la Commission Particulière du Débat Public (CPDP).
Il ne s’agit donc pas de pro- ou anti-nucléaires, mais de gens « ordinaires » qui ont un regard une analyse neutre sur la question.
Plus d’information sur cette Commission ici : http://www.debatpublic.fr/debat-public/conference-citoyens-projet-cigeo.html.
Geologue
18 février, 2014 à 12:04
Bure : la géothermie n’est pas le problème.
Je suis désolé de le dire, mais monsieur se trompe de combat, ou plutot nous trompe sur son combat. Il y a mille raisons d’être ou de ne pas être d’accord avec le projet Cigeo, mais de grâce, arrêtons de dire que la ressource géothermique est exceptionnelle à Bure et tout particulièrement sous le stockage envisagé !
L’Andra a récemment précisé que l’exploitation de la géothermie profonde serait possible aux alentours de Cigéo, en laissant bien sûr une distance raisonnable entre la zone de stockage et les forages. Ne parlons pas de la géothermie de surface qui pourra être exploitée même au dessus de la zone de stockage.
Alors, comment expliquer la volonté farouche de monsieur de vouloir à tout prix faire ses forages dans la zone présentie pour Cigéo, plutôt que quelques kilomètres à côté, ce qui ne changerait rien d’un point de vue géologique ou industriel? Je crains que, n’ayant pas pu convaincre les populations environnantes de se dresser contre le projet sur la base d’un argumentaire convainquant, monsieur et ses amis ne se rabattent sur des arguties chicanières, des points de détail de procédure, afin de freiner et de renchérir un projet financé par tous les Français via leur facture d’électricité.
Si monsieur trouve des gens prêts à investir plusieurs millions d’euros (entre 5 et 10 au départ) pour tester des aquifères peu prometteurs, qu’il les fasse venir, mais je crains fort que ce soit l’argent public qui soit mis à contribution.
Groupe BLE Lorraine
26 février, 2014 à 23:19
Le groupe de 17 citoyens de la conférence citoyenne organisée après le fiasco du débat public ne se dit « a priori pas hostile » à Cigéo, mais estime « qu’il n’y a pas d’urgence à décider ». Et de justifier : « Les déchets actuels vont devoir refroidir au moins 60 ans avant toute possibilité de stockage en profondeur. Durant cette période, nous estimons qu’il y a le temps, d’une part de se donner les moyens de trouver des solutions alternatives ou complémentaires, et d’autre part de réaliser une expérimentation en grandeur réelle ».