Né à Nancy le 26 février 1777, Mathieu de Dombasle était un agronome de renom. Il étudia durant sa jeunesse la physique, la chimie, l’économie rurale et les langues étrangères. Il commença ses études chez les Bénédictins de Metz, avant de les achever à l’Ecole Centrale de Nancy. Son grand-père paternel, anobli en 1724 par le Duc Léopold, avait déjà été Grand Maître des Eaux et Forêts.
Mathieu de Dombasle acheta en 1810 le domaine de Mont-Plaisir, situé à Vandœuvre. Il y installa une distillerie d’eau-de-mélisse et une sucrerie de betteraves. Il prit rapidement conscience des problèmes de la paysannerie. Il constata en effet que l’agriculture française était très en retard sur celles de l’Allemagne et de l’Angleterre, en raison de l’outillage sommaire employé, des surfaces considérables laissées en friche, de l’ignorance ou encore de la brièveté des baux.
Buste de Mathieu de Dombasle à Dombasle-sur-Meurthe (Crédits photo : Herr Satz)
Il rencontrât dans le même temps Antoine Bertier (1761-1854), qui, depuis la fin du Siècle des Lumières, s’intéressait aux problèmes de l’agriculture et nourrissait l’ambition de créer un institut agricole à l’image de ceux qu’il avait connus en Allemagne. Ce juge de paix, élu en 1793, et membre de la Société des sciences, des lettres et des arts de Nancy, représentait la Meurthe à la Chambre des Cent jours. Il était également propriétaire depuis 1791 d’une ferme à Roville-devant-Bayon, où il faisait figure de pionnier tant en matière de culture que d’élevage.
Le 15 juillet 1822, Mathieu de Dombasle et Antoine Bertier signèrent un bail resté célèbre pour sa précision et révolutionnaire par sa durée fixée à 20 ans. Par ce contrat, le premier s’engageait à ouvrir une école d’agriculture et une fabrique d’instruments aratoires. Cette première école d’agriculture accueillit des élèves et des stagiaires du monde entier. Elle dispensait des cours de comptabilité, d’art vétérinaire, de minéralogie, de physiologie végétale, de géométrie, d’arpentage et de culture. L’école de Roville-devant-Bayon fonctionna de 1824 à 1842. Trois ans plus tard, un cultivateur nommé Amédée Turck créa une ferme école à Dommartemont. Devenue Institut agricole, elle fut transférée à Tomblaine en 1879 et porta, dès sa création, le nom de Dombasle. En 1953, l’établissement fut transféré à Pixérécourt. C’est aujourd’hui un lycée agricole.
Mathieu de Dombasle mit par la suite au point un procédé qui permettait de remplacer le sucre colonial par celui extrait de la betterave. Il instaura également le principe des fumures et inventa un grand nombre de machines agricoles, dont la célèbre charrue qui porte son nom. L’outil, muni d’un versoir et sans roue, était léger, robuste et bon marché. Ne nécessitant qu’une faible force de traction, son usage s’étendit rapidement dans les campagnes. Toute sa vie, il insista sur l’importance de l’enseignement agricole. C’est ainsi qu’après sa mort, le 27 décembre 1843 à Nancy, plusieurs textes adoptés en 1848 et 1866 officialisèrent l’enseignement agricole. Une place de Nancy porte son nom depuis 1844. Grâce à une souscription nationale, une statue, œuvre de David d’Angers, y fut érigée en 1850. En 1895, le sculpteur lorrain Ernest Bussière (1863-1913) lui dédia une statue placée sur une place de Roville qui porte également son nom. Emportée par les Allemands, elle fut remplacée par un buste. Depuis 1999, un musée lui est consacré dans l’ancienne chapelle de Pixérécourt. Un vitrail réalisé par le maître verrier Hervé des Ateliers Bassinot à Nancy le montre au milieu de scènes du monde agricole. Mathieu de Dombasle est enfin souvent représenté avec une plume d’oie, symbole des annales de Roville-devant-Bayon. Il fut enterré au cimetière de Préville. Son buste en fonte orne la façade de sa chapelle.
(Source : RL du 02/01/2014)