En 1916, en pleine Bataille de Verdun, 60 millions d’obus furent tirés. Soit un obus au mètre carré. Chaque année, une vingtaine de tonnes d’obus, dont 2 % d’armes chimiques, est récupérée par la Sécurité Civile. Ces munitions enterrées libèrent d’année en année de plus en plus d’éléments polluants au fur et à mesure que leur enveloppe se dégrade sous l’effet de la corrosion.
Dépôt de douilles de 75 mm dans la région de Verdun (Crédits photo : Musée de la Grande Guerre de Meaux)
Après-guerre, la nature a servi de poubelle. L’eau permit de cacher la misère et de se débarrasser à la hâte de cet encombrant héritage, surtout des armes chimiques, plus compliquées à éliminer que les munitions conventionnelles. Le Lac de Gérardmer aurait même servi de dépotoir. En 1928, le ministère français de la guerre fit par ailleurs incinérer, avec les moyens du bord, près de 200 000 obus chimiques bourrés d’arsenic dans une clairière de la forêt de Spincourt, à quelques kilomètres du village de Billy-sous-Mangiennes, au Nord-Est de Verdun. Aujourd’hui, seuls quelques lichens colonisent sur un hectare le sol noirâtre et calciné protégé par une vieille clôture, affaissée par endroits, censée interdire l’accès aux promeneurs trop curieux. Une pancarte pourrie tombée au sol signale également le danger de ce sol marneux pollué qui présente des taux d’arsenic entre mille et dix mille fois supérieurs à la normale. Sans parler du fulminate de mercure, de la chloropicrine et du cyanure …
Malgré cela, le lieu, baptisé « Place à Gaz », était régulièrement fréquenté par les agents de l’ONF (Office National des Forêts) qui y déjeunaient, ainsi que par les chasseurs qui y dépeçaient leur gibier. Grillagé en 2005, le terrain fut définitivement interdit d’accès par arrêté préfectoral en 2012.
De manière générale, il semble que les sols des anciens champs de bataille de Verdun soient contaminés en métaux lourds, de type cuivre, plomb, zinc ou cadmium. Le risque serait que ces surfaces soient réutilisées à des fins agricoles par méconnaissance. A l’heure actuelle, aucune étude sérieuse n’a été menée sur la faune et la flore environnante. Il a néanmoins été démontré que l’arsenic migre dans les couches profondes du sol et dans l’environnement éloigné par infiltration et par ruissellement des eaux de pluie. Si la contamination des eaux souterraines apparaît modérée, les possibilités de transferts des polluants dans la biosphère sont très importantes. Ces transferts peuvent en effet aussi s’effectuer par le vent et les espèces animales et végétales. Un simple grillage et une pancarte semblent dès lors bien dérisoires.
CrapaudVert57
14 décembre, 2013 à 23:27
Bonsoir,
Plus que le sujet de l’arsenic, un paramètre plutôt bien contrôlé dans les eaux potables, ce sont les perchlorates, trace laissée par les combats, qui posent actuellement question sanitaire dans beaucoup de communes du Nord Pas de Calais.