1974 : A Joeuf, au cœur de la patrie des De Wendel, François Mitterrand déclare : « Vous avez été attaqués dans le dos par surprise, traîtreusement, après avoir été bercés de belles paroles. Il y a tromperie ». Arrivé au pouvoir, il ne fera pourtant pas autre chose pour la sidérurgie lorraine qui occupait encore en 1974 pas moins de 77 600 salariés.
Le « ruban bleu », synonyme de record de la production d’acier en France, est atteint en 1974 avec 27 millions de tonnes. L’acier lorrain représente à ce moment 57 % de la production française.
Jacques Chirac, premier ministre, se rend en Lorraine et affirme que « la situation de la Lorraine, pour préoccupante qu’elle soit, n’en est pas moins meilleur que celle de beaucoup d’autres régions françaises, dont le potentiel d’activité est inférieur [...]. La réalité est fréquemment moins dure que ne laissent croire les chiffres » (!!!).
A la reconquête de notre industrie (Crédits image : Groupe BLE Lorraine)
1975 : Les carnets de commandes de la sidérurgie lorraine chutent de 40 % par rapport à l’année précédente.
Novembre 1976 : Valéry Giscard d’Estaing vient en Lorraine inaugurer l’autoroute Paris-Metz-Strasbourg concédée au privé. Selon lui, « les Lorrains sont courageux, travailleurs, intelligents [...]. La Lorraine est le point d’ancrage de la France sur l’Europe [...]. La sidérurgie ne quittera pas la Lorraine, elle se modernisera [...]. La Lorraine doit être la façade exemplaire de la France sur l’Europe [...]. Il ne saurait être question que les sociétés sidérurgiques abandonnent la Lorraine ». Le comte d’Ornano, ministre de l’industrie, déclare de son côté : « Dans les secteurs de Lorraine où elle est implantée, la sidérurgie commande l’ensemble de l’activité économique [...]. Je souhaite, et le mot est faible, qu’aucune décision, aucune négociation ne soit entreprise ou engagée sans que les élus ne soient consultés, informés et mis à même de participer à ces décisions [...] ».
1er avril 1977 : Usinor annonce 4 000 licenciements dans la sidérurgie lorraine.
La même année, Jacques Ferry, « ministre » de la sidérurgie, réaffirme : « Personne ne peut envisager sérieusement la disparition ou le démantèlement de la sidérurgie lorraine », qui affiche pourtant 14 milliards de perte en trois ans et 35 milliards de dettes. 8 000 emplois disparaissent en 1977 dans la sidérurgie lorraine. A cette date, la Lorraine n’est que la quatrième région pour les emplois-aidés par l’Etat français, après le Nord Pas-de-Calais, la Bretagne et les Pays de la Loire.
1977 à 1984 : « Sept piteuses » de la sidérurgie lorraine (quatre enterrements et un mariage).
8 avril 1978 : Le patronat annonce la suppression de 13 500 emplois dans la sidérurgie lorraine, dont 9 000 chez Sacillor-Sollac en trois ans, 1 500 à la Chiers-Longwy, 3 000 à Usinor-Thionville. Ce dernier site, qui possède pourtant le haut-fourneau le plus moderne d’Europe, sera d’ailleurs fermé.
19 avril 1978 : Devant l’ampleur de la mobilisation en Lorraine, le premier ministre Raymond Barre accepte un débat à l’Assemblée Nationale. « Toutes les conditions pour la réussite de ce programme y sont réunies. La Lorraine est de toutes nos régions l’une des mieux placés au cœur de l’Europe. Elle dispose d’un important potentiel d’entreprises industrielles et tertiaires. La Lorraine possède une main d’œuvre, dont chacun apprécie les qualités au travail, de conscience, de courage. Assurée de l’appui total des pouvoirs publics, la Lorraine n’a pas de raison de douter de l’avenir ». Un discours qui laisse de marbre les sidérurgistes qui campent au pied de la Tour Eiffel bâtie avec les aciers de Pompey. Le gouvernement convertit les licenciés en préretraités, ce qui lui coûtera un milliard de francs. Malgré cela, le patronat lance un nouveau plan portant sur la suppression de 3 000 emplois en cinq ans dans les mines de fer.
Le long des vallées de la Fensch et de l’Orne, 27 hauts-fourneaux, 2 cokeries, 18 aciéries et 26 laminoirs partent à la casse.
Septembre 1978 : Le « plan acier », deuxième du nom en moins d’un an, prévoit 14 000 suppressions d’emplois supplémentaires en Lorraine sur un total de 21 000. Le faire-part de décès d’Usinor-Longwy se termine ainsi : « Les sidérurgistes vous invitent à ne pas assister aux funérailles prévues le 22 juin 1979. Les 5 000 licenciés accepteront le repentir du premier ministre s’il fait amende honorable ». Un sidérurgiste lorrain constate : « Il n’y a pas de raison que lorsque trois pétards explosent en Corse, le premier ministre en personne s’y rende pour calmer les esprits et apporte les aides nécessaires au développement de la région et qu’ici, en Lorraine, personne ne se déplace ».
9 décembre 1978 : Usinor-Sacilor et Sollac annoncent la suppression de 20 500 emplois d’ici 1980.
30 janvier 1979 : Révolte à l’usine de La Chiers, près de Longwy.
6 février 1979 : Emeutes des sidérurgistes à Briey.
24 février 1979 : Les sidérurgistes attaquent le commissariat de Longwy au bulldozer. Des coups de feu sont tirés.
23 mars 1979 : 100 000 sidérurgistes défilent à Paris.
17 mai 1979 : Emeutes des sidérurgistes à Longwy. Pierre Mauroy reproche à Raymond Barre de « rallumer les hauts fourneaux de la colère ».
1980 : La sidérurgie lorraine ne représente plus que 40 % de la production française d’acier. Depuis 1974, elle a connu 41 000 suppressions d’emplois, dont 20 000 en 1977. Le désastre est également financier, avec une dette de 38 milliards prise en charge par le contribuable à hauteur de 25 milliards.
Juin 1981 : A Luxembourg, le gouvernement de Pierre Mauroy donne son approbation à la poursuite de la politique de réduction des capacités de production de la sidérurgie européenne et donc lorraine. C’est la première trahison des nouveaux gouvernants. Bien d’autres suivront.
13 octobre 1981 : Sur le perron de l’Hôtel de Ville de Longwy, François Mitterrand déclare : « Il n’y aura pas de secteurs condamnés, qu’il s’agisse, dans votre région, de la sidérurgie qu’il nous faut sauvegarder, développer, et des mines de fer, dont l’exploitation doit être poursuivie au prix d’un grand effort que supportera notamment la collectivité nationale ».
Durant ce même voyage en Lorraine, il annonce également :
- Pour la sidérurgie : « Sur la base de la nationalisation qui vient d’être décidée, nous allons veiller à moderniser, à relancer et à étendre ce secteur ».
- Pour le charbon : « Il nous faudra prendre en charge dans le prochain plan quinquennal la modernisation des installations des houillères [...]. Le charbon est un facteur d’équilibre de la Lorraine et représente une donnée indispensable de la renaissance de l’industrie française ». Le Canard Enchaîné titre : « François promet bonnes mines et santé de fer ».
26 octobre 1981 : Loi sur les nationalisations, la sidérurgie est intégrée au secteur public. Il s’agit de la première nationalisation depuis 1946.
Automne 1982 : Premier « plan acier » du gouvernement socialiste français. Les dirigeants d’Usinor (Levy) et de Sacilor (Dollé) annoncent la suppression de 10 000 emplois dans la sidérurgie, dont 7 000 en Lorraine. Joeuf, Homécourt, Hagondange et Pompey sont mortellement atteints. Le premier ministre Pierre Mauroy, accompagné de quatre ministres, se rend à Pont-à-Mousson : « Oui, nous traversons une crise. Oui la sidérurgie est l’une des premières victimes. Oui, la Lorraine, et en particulier certains bassins d’emplois comme Pompey et Longwy, sont sinistrés. Oui, vous avez le droit à la solidarité nationale et vous en bénéficierez. Je le dis avec solennité, la sidérurgie lorraine est une sidérurgie d’avenir. Elle est d’avenir parce que les travailleurs y sont compétents et courageux, parce que le minerai lorrain, maintenant délivré des coûts injustifiés qui le chargeaient, est un minerai compétitif, parce que la nationalisation rend possible un effort d’investissement sans précédent ».
Janvier 1983 : Le haut-fourneau de Thionville, le plus moderne d’Europe, est aux mains des ferrailleurs.
21 mars 1983 : Un conseil des ministres se tient pour arrêter un nouveau « plan acier ». Usinor et Sacilor accusent un déficit de 10 milliards de centimes.
22 mars 1983 : France-Soir titre « Mitterrand sacrifie la Lorraine » ; Libération, « Le Gouvernement a tranché : la Lorraine fera les frais du plan acier » ; La Croix : « La Lorraine touchée au cœur ». Le Républicain Lorrain barre sa Une d’un titre terrible : « La Lorraine trahie ».
29 mars 1983 : Jeudi noir en Lorraine. Le gouvernement annonce 8 500 suppressions d’emplois dans la sidérurgie lorraine qui s’ajoutent aux 16 200 perdus depuis 1982. En Lorraine, c’est un sidérurgiste sur quatre qui va perdre son emploi, à Longwy, un sur deux. Au total, les deux « plans acier » du gouvernement socialo-communiste se traduisent par la suppression de :
- 3 700 emplois à Longwy
- 3 000 emplois à Neuves-Maisons
- 2 300 emplois à Pompey
- 1 300 emplois à Rombas-Hagondange
- 1 100 emplois à Joeuf-Homécourt.
Il ne reste à Briey que 10 % des effectifs de 1975 et à Longwy que 25 %. Et ce n’est pas encore terminé.
4 avril 1984 : Conférence de presse du président Mitterrand. 100 000 Lorrains entrent en dissidence contre Paris et ses restructurations successives.
13 avril 1984 : 60 000 Lorrains défilent à Paris pour sauver la sidérurgie. Georges Marchais (PCF) marche aux côtés des « métallos » contre le gouvernement socialiste.
26 avril 1984 : Laurent Fabius, ministre de l’industrie et de la recherche, propose son « plan pour la Lorraine ». Jacques Chérèque, n°2 de la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail), est nommé préfet délégué au redéploiement industriel. Il s’agit déjà du second « Monsieur Lorraine » depuis 1981. Malheureusement, les promesses ne seront une nouvelle fois pas tenues : 112 emplois sur les 1 200 promis seront créés dans le public, 50 sur 1 200 dans le tertiaire et 400 sur 1 000 dans le privé.
10 mai 1984 : A Joeuf, le « mouton Fritz » reprend du service. Ce mouton de près de 6 tonnes avait d’ailleurs déjà servi aux Allemands pour démolir une partie de l’usine De Wendel durant la Première Guerre Mondiale !
Juillet 1985 : Afin de répondre au désastre du bassin de Longwy, qui ne compte plus que 16 350 sidérurgistes en 1974, 5 700 en 1984 et 700 en 1994, la Belgique, le Luxembourg et la France fondent le Pôle Européen de Développement (PED). Ce dernier vise à créer 8 000 emplois en 10 ans sur une agglomération qui regroupe 300 000 habitants. Trois milliards de francs seront dépensés en 10 ans, mais seulement 2 200 emplois seront finalement créés.
1985 : Le plan de restructuration d’Unimétal et d’Ascométal (produits longs et aciers spéciaux) touche 9 000 sidérurgistes lorrains. C’est la fin de Joeuf et de Pompey, usine qui avait fabriqué l’acier de la Tour Eiffel. Avec le système mis en place pour garantir la « paix sociale », la Lorraine comptera en 1990 autant de préretraités que d’agriculteurs ou d’ouvriers du bâtiment et des travaux publics !
Février 1986 : Voyage du premier ministre Laurent Fabius en Lorraine : « Les engagements de 1984 sont tenus [...] ou presque, [...] la modernisation est réussie ».
Septembre 1986 : Le gouvernement Chirac désigne Francis Mer comme PDG unique d’Usinor et de Sacilor, afin d’y opérer une nouvelle restructuration. 10 000 emplois seront ainsi encore supprimés dans la sidérurgie lorraine.
Avril 1987 : Le premier ministre Jacques Chirac se rend pendant trois jours au chevet de la Lorraine malade. Il promet 1,5 milliard de francs.
9 Juillet 1997 : Fermeture de la dernière mine de fer de Lorraine à Audun-le-Tiche.
Décembre 1997 : Extraction et remontée de la dernière berline de charbon de Lorraine, au Puits Simon de Forbach sous le gouvernement Jospin.
1998 : La sidérurgie lorraine, qui ne compte plus que 16 000 salariés contre 98 000 en 1965, ne représente plus que 21,2 % de la production française de fonte, 22,1 % de celle d’acier et 31,1 % de celle des laminés. Usinor-Sacilor est cependant devenu le troisième groupe mondial de l’acier après sa privatisation en 1995 et le dégagement total de l’Etat français en 1997. En Europe, une voiture sur quatre est construite avec des tôles Sollac.
23 avril 2004 : Sortie du dernier morceau de charbon lorrain à la mine de la Houve à Creutzwald.
2005 : Fermeture définitive des HBL (Houillères du Bassin de Lorraine).
2006 : Fusion entre Mittal Steel et Arcelor suite à l’OPA (Opération Publique d’Achat) hostile du sidérurgiste indien.
4 février 2008 : Le président Sarkozy promet le maintien de l’activité métallurgique sur le site ArcelorMittal de Gandrange. Il reviendra le 15 octobre 2009 une fois le site … fermé !
31 mars 2009 : Fermeture définitive de l’aciérie de Gandrange par ArcelorMittal. Le groupe vient pourtant d’annoncer 8 milliards d’Euros de bénéfices !
16 septembre 2009 : Annonce de la fermeture de la cokerie de Carling, première coquerie édifiée en Lorraine en 1910.
Fin 2010, le gouvernement Fillon annonce la fin programmée du régime spécifique des mineurs. C’est ainsi que sont remerciés les mineurs lorrains qui ont sacrifié leur santé, voire même leur vie, pour redresser la France de l’après-guerre. Il ne leur reste plus que les yeux pour pleurer dans leurs maisons instables situées au-dessus de galeries abandonnées et ennoyées.
Octobre 2011 : Fermeture du dernier haut-fourneau de Moselle à Hayange-Florange par ArcelorMittal. Le complexe est pourtant jugé viable par le Rapport Faure en juillet 2012.
Septembre 2012 : L’indien Mittal annonce qu’il ne fera pas rallumer les fours de Hayange.
6 décembre 2012 : Le jour de la Saint-Nicolas, ArcelorMittal annonce qu’il se retire du Projet ULCOS, dernier espoir d’avenir pour le site intégré de Hayange-Florange.
victor.retor
19 novembre, 2013 à 13:01
les premiers fossoyeurs de l’industrie française: giscard et barre !
parallèlement à la casse de la sidérurgie il y eut celle des industries manufacturières traditionnelles telles le textile, la confection etc..
des centaines de PME ont disparu cachées par le « rideau de fumée » de la sidérurgie (chuuuut ! tabou)
malheureusement mitterand a poursuivi la même politique !
depuis près de 40 ans AUCUN parti n’a cherché à remonter la pente !
Francis Burnel
20 novembre, 2013 à 19:54
C’est une spécialité française de vouloir maintenir sous perfusion aux frais des contribuables des industries déficitaires. Avec les milliards investis en pure perte on aurait pu créer d’autres emplois et employer les aciéristes au lieu d’en faire des retraités de luxe à 40 ans.
Groupe BLE Lorraine
26 décembre, 2014 à 17:41
Alors que les prévisions étaient optimistes, les mines de fer entrèrent en 1963 dans une crise de longue durée. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’extraction du minerai de fer s’est concentrée, en seulement quelques années, dans des pays où l’exploitation à ciel ouvert est peu onéreuse. Le transport maritime étant facilité, ces minerais riches peuvent alimenter à bon compte des usines situées à l’autre bout du monde. Dans ce contexte, le minerai lorrain fut pénalisé par le coût d’une exploitation souterraine et des tarifs ferroviaires en hausse constante. En 1997, la dernière mine de fer de Lorraine ferma à Audun-le-Tiche. En l’espace de 30 ans, une industrie forte de 55 mines et de 23 000 emplois fut entièrement anéantie.
ChalumeauBernard
26 décembre, 2014 à 19:16
Chers amis,
Dans les années 1970, jeune ingénieur, au sein de la CEM, j’ai construit de nombreux fours électriques à arcs en Lorraine, dans la « Vallée des Anges », le plus puissant d’Europe et sans doute du monde à l’époque pour Usinor à Thionville.
Avec toute l’équipe de la future aciérie électrique, pendant la fabrication, le montage et la mise au point du four, j’ai vécu sur ce site sans doute les meilleures années de ma vie de jeune ingénieur. Des liens profonds d’amitié se tissèrent entre nous et l’exploitant, grâce auquel de nombreuses autre commandes nous vinrent en France et à l’étranger.
Je ne retourne plus dans cette région où les aciéries pour lesquelles j’ai travaillé ont disparu en même temps que tous ces français courageux qui produisaient l’acier français, à l’époque le meilleur du monde!
Les hommes politiques et les banquiers, leurs maîtres ont tout ravagé!
L’application des monstrueux traités européens nous ont privé d’un des plus beaux fleurons de notre industrie et d’un savoir faire unique.
Ne croyez jamais ce que vous dit un homme politique membre d’un parti!
Ne croyez jamais un banquier!
ILS MENTENT! ILS MENTENT TOUS POUR SATISFAIRE LEURS PROPRES INTERETS ET NON LES NOTRES!
Pendant des années j’ai lutté à Bruxelles pour adoucir des directives absurdes propices à faire fuir nos emplois en détruisant nos moyens de production.
Si vous y trouvez quelque intérêt, je serai heureux de pouvoir entrer en contacts avec vous, alors que je poursuit la lutte pour la survie de nos industries et de notre pays.
Merci de m’avoir lu, et tâchez de passer la meilleure année 2015 possible car elle risque d’être socialement houleuse et pas seulement en Lorraine.
Amitiés,
Bernard CHALUMEAU
Groupe BLE Lorraine
4 septembre, 2015 à 22:03
En 1969, la SOLLAC produisait 450 0000 tonnes de fer-blanc par an, c’est-à-dire 73 % de la production française et plus du quart de la production totale du Marché commun européen.
Groupe BLE Lorraine
7 septembre, 2015 à 22:17
La démolition des bains douches du siège 2 de La Houve a commencé en août 2005. Après les silos et les ateliers, les vestiges du passé minier ont été effacés les uns après les autres, ne laissant à la vue des anciens mineurs et de la population que des espaces vides. Quand on parle du carreau du siège 2, l’attention se focalise sur les bains douches, dit salle des pendus. C’est en effet là que les mineurs de fond quittaient leurs habits noirs pour enfiler ceux du jour. C’est aussi là qu’ils relâchaient leurs attentions et leurs efforts. Un lieu sacré. Les gueules noires étaient remontées au jour. Un endroit à part dans l’enceinte d’un puits de mines.
Même si en 1970, les baignoires pour les ingénieurs ont disparu au profit des douches, mineurs, agents de maîtrises et ingénieurs étaient séparés. Les bains douches avec leur salle des pendus sont aussi symboliques auprès du public que la lampe de mineur ou le chevalement. Symboliques aussi auprès des anciens mineurs qui revenaient souvent sous les pommeaux pour s’y doucher, mais aussi surtout pour discuter avec leurs anciens camarades.
La Houve a toujours été une exploitation très spécifique et relativement indépendante des autres unités lorraines en raison de son gisement en plateures, de ses mineurs-paysans et de son goût pour la modernité qui l’a régulièrement placée à la pointe des innovations.
D’Albert à Marie, 22 veines de charbon ont été exploitées durant plus de cent ans à l’Unité d’exploitation de Creutzwald. La mine de la Houve était composée au total de huit puits : puits Marie (1895) et puits Jules (1907) au siège 1, les puits 3 Uhry (1907) et puits 4 (1923), le puits 5 (1923), le puits Barrois (1935), le puits De Vernejoul (1954) et le puits Ouest (1982) au siège 2. En 1938, 979 342 tonnes de charbon ont été extraites. En 1994, la production atteignit 2 060 000 tonnes pour des effectifs au fond variant entre 3 043 et 1 237 mineurs entre 1957 et 1994. En 2003, 428 gueules noires ont extrait les dernières 680 000 tonnes du sous-sol creutzwaldois.
DI.A
24 août, 2018 à 6:51
MERCI
MAUTERLE
7 février, 2019 à 11:19
En tant qu’ancien sidérurgiste cela me remue fortement après 50ANS, ayant quitté la sidé. employé à l’aciérie de Moyeuvre pour un travail très pénible et mal payé dans une ambiance de soumission aux collaborateurs des De WENDELS !Malheureusement!! Quand le capital retire ses billes , les politiques sont impuissantes , Le peuple subit , j’ai revécu le même scénario dans la chimie du pètrole avec Total(ou je me suis pourtant bien intégré émancipé et heureux de travailler dans un secteur jeune, très moderne bien rénuméré )) ,dans les années 2000 heureusement j’ai pu prétendre à une retraite! Mais nos jeunes qu’elle avenir pour eux ? Une solution pour moi Nationalisation de toutes les entreprises !!
Delafaite
13 mai, 2020 à 20:31
En 45 ans de sidérurgie je n’ai connu que des suppressions d’emplois dans la sidérurgie Lorraine et du Nord , Hauts fourneaux de la chiers de 1971 à 1978 de 1978 à 1985 usinor neuves maisons