La mode des plats en trompe-l’œil fut lancée en Allemagne à partir de 1750. Tout partit des faïenceries de Meissen, en Saxe. Afin d’impressionner et d’amuser de manière insolite les convives d’une table, des plats furent créés à l’image de leur contenu. Par exemple, le poisson était servi dans une carpe en céramique, le chou dans une sphère en forme de chou et les cochonnailles dans une tête de sanglier. Par leur effet surprise, ces plats curieux devinrent rapidement incontournables. La mode se répandit d’abord en Alsace et en Lorraine puis en France. Leur âge d’or dura jusque vers 1800.
Les faïenceries de l’Est jouèrent un rôle considérable dans cette diffusion. Deux d’entre elles se distinguèrent particulièrement : Niderviller (voir : http://forumdeslorrains.forumactif.com/t618-valorisation-de-la-faiencerie-de-niderviller#2141) et Lunéville (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2012/09/18/grandeur-et-decadence-des-faienceries-et-cristalleries-de-lorraine/). Comme elles avaient réceptionné les modèles allemands avec un temps de retard, ces dernières misèrent sur la finesse de l’exécution de l’œuvre. En la matière, les faïenceries de Niderviller firent preuve d’une précision étonnante, avec des détails ultra-réalistes. Les faïenceries lorraines se démarquèrent également en créant leurs propres trompe-l’œil, afin de répondre à la demande locale. La faïencerie de Niderviller réalisa ainsi de nombreux plats à terrine en forme de poisson. Pas étonnant, quand on sait que la Bièvre irrigue la commune.