A Nancy-Seichamps, on sait perdre avec le sourire. A l’issue de chaque matche, le joueur ayant commis la plus grosse boulette se voit confier en pension un cochon nain jusqu’à la prochaine rencontre. L’animal, aussi attachant qu’envahissant, répond au doux nom de « La cagoule ».
Au stade Matter, La cagoule est une star choyée par les joueurs avant chaque match. La cérémonie de remise de l’animal à l’heureux élu a été instituée l’automne dernier après une troisième mi-temps conforme à la tradition de l’ovalie. Les Lorrains venaient une nouvelle fois de s’incliner après de nombreuses étourderies. Il fallait donc trouver quelque chose pour endiguer l’hémorragie lors des prochaines rencontres. L’idée d’un cochon est alors venue, afin que les joueurs, bien encombrés par leur nouvel hôte, méditent sur leur prestation manquée et se ressaisissent. La bête a été prénommée « La cagoule » en souvenir du passe-montagne que se refilaient les joueurs dans le passé. Il y a quelques années, le plus mauvais rugbyman nancéien du jour recevait en effet une vraie cagoule pour s’en rappeler. Il avait pour consigne d’y ajouter une touche personnelle pour immortaliser le fait de l’avoir portée. Une pratique tombée en désuétude. Mais revenons à notre cochon. Celui-ci fut emmené dans le plus grand secret à Colmar où Nancy-Seichamps jouait un match le dimanche suivant. Au cours de celui-ci, un joueur blessé a listé les différentes boulettes commises et c’est à l’applaudimètre que le plus étourdi s’est vu remettre La cagoule. Bien évidemment sans savoir ce qui se cachait derrière cette fameuse « cagoule ». La mine déconfite, il est reparti avec son cadeau et la cage qui va avec. Il a dû nourrir et occuper La cagoule jusqu’au match suivant.
Avec un tel invité, le rituel était attendu avec un brin d’angoisse par les joueurs à la fin de chaque rencontre. D’autant plus que La cagoule a pris du poids au cours de la saison. Des 5 kilos lors de son acquisition, l’animal en fait aujourd’hui 22 et devrait terminer à 40. C’est la raison pour laquelle certains se dépêchaient de déguerpir pour ne pas hériter du cochon. Mais dans ce cas, ils s’exposaient à être automatiquement nominés la fois suivante. Cela dit, ceux qui l’avaient déjà eu ne pouvaient pas le récupérer une seconde fois.
Après une saison de vadrouille, La cagoule coule désormais une retraite paisible dans les verts pâturages des Vosges. Les rugbymen lorrains réfléchissent déjà à son successeur pour la saison prochaine. Selon toute vraisemblance, c’est encore un animal qui sera la coqueluche du club.
(Source : Est Républicain du 17/04/2013)