Placé en liquidation judiciaire par le Tribunal de Commerce de Metz le 4 juillet 2012 avec un passif de 3 millions d’euros, le groupe Faïence et Cristal de France a dernièrement été repris par la société Janus Cession. Cette dernière s’est engagée à sauvegarder 27 des 54 salariés et à mettre en valeur le savoir-faire des faïenceries de Lunéville, Saint-Clément, Niderviller et Sarreguemines, ainsi que des cristalleries de Portieux et de Vallerysthal.
Le projet déposé par cet industriel prospère de la céramique est de constituer un petit groupe de luxe en misant sur des produits haut de gamme. Si l’activité cristal est arrêtée, la production de faïence sera maintenue, mais uniquement à Saint-Clément. Les anciens sites commerciaux seront préservés, afin d’y faire revivre l’esprit de ce magnifique patrimoine culturel. L’idée est de mettre en scène chacune de ces manufactures pluri-centenaires en montrant leur savoir-faire historique.
Un autre projet avait été initié par l’Union régionale des Sociétés Coopératives et Participatives. Celle-ci avait proposé la création d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) articulée uniquement sur l’activité faïencière de Lunéville-Saint-Clément et de Niderviller. Elle n’aurait par conséquent pas maintenu l’activité des cristalleries de Portieux et de Vallerysthal, toutes deux en très grandes difficultés financières. Un nombre équivalent d’emplois aurait été conservé. Le Tribunal de Commerce de Metz a préféré opté pour la solution industrielle de la société Janus Cession.
Il faut dire que l’enjeu était de taille. Non seulement social, il était et est encore économique et patrimonial. Il s’agit de sauvegarder un savoir-faire unique en France. C’est également un peu de l’image de marque de la Lorraine, terre d’élection des arts du feu et des savoir-faire précieux, qui risque de disparaître. Il ne reste déjà plus rien ou presque de Niderviller, excepté un bâtiment industriel racheté par l’EPFL (Etablissement Public Foncier de Lorraine) au propriétaire pour 300 000 euros en 2009. Une mobilisation avait auparavant permis d’éviter la dispersion des moules historiques de la faïencerie Saint-Clément. 800 moules ont ainsi été expertisés et rachetés 360 000 euros par la Communauté de Communes du Lunévillois. Le sort des moules de Niderviller reste quant à lui incertain. L’enjeu économique et patrimonial est d’autant plus important que le groupe Faïence et Cristal détient des marques déposées des vieilles faïences de Sarreguemines et de Badonviller notamment qu’on trouvait autrefois dans toutes les familles lorraines. En ayant choisi Janus Cession, les juges messins ont évité qu’un repreneur mal avisé fabrique ces pièces de faïencerie au Portugal ou en Chine et revienne sur nos marchés avec des produits estampillés « Lunéville Saint-Clément » par exemple.
Il est néanmoins primordial de prendre conscience de l’ampleur de la chute de nos manufactures. Prenons l’exemple de Portieux. Lorsqu’elle ouvrit ses portes en 1705, la plus ancienne cristallerie des Vosges comptait 1 200 ouvriers. Au XIXème siècle, la fabrique brillait de tout son lustre. Les commandes affluaient. A tel point que le hameau de Magnienville, à 4 km de la commune de Portieux, près de Charmes, pris le nom de Verrerie de Portieux. Les grands de ce monde défilaient, admiratifs de la finesse du travail accompli : la duchesse Vladimir, sœur du Tsar Nicolas II, puis, plus tard, Edith Piaf. Il n’y a pas si longtemps, Elton John honorait Portieux d’une commande à sa démesure pour son mariage : 2 000 verres bicolores, rose pâle et vert tendre, de la collection Palmyre. Un an plus tard, le même commandait 2 000 verres emballés avec 650 assiettes, dont le modèle d’origine figurait déjà dans le catalogue de 1933. Ce fut à l’époque un bol d’oxygène inespéré pour ce fleuron de l’art du cristal qui n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. En franchissant le cap des années 2000 après avoir été reprise par le groupe Faïence et Cristal de France, la cristallerie faisait déjà figure de rescapée. De dépôts de bilan en reprises, ses effectifs avaient fondu comme neige au soleil. Le départ de douze verriers, provoqué par les deux derniers dégraissages en juillet 2010 et en janvier 2011 l’a quasiment laissée sur le carreau. Au moment de la liquidation judiciaire prononcée le 4 juillet dernier, la cristallerie ne comptait plus que sept salariés dont quatre verriers. Depuis, les deux fours, installés il y a à peine un an, sont à l’arrêt. Seul le magasin d’usine concentre ce qu’il reste d’activité, dans l’indifférence générale des Lorrains eux-mêmes.
bloggerslorrainsengages
26 septembre, 2012 à 22:21
Lorsqu’on parle de cristal en Meurthe-et-Moselle, on pense immédiatement à Baccarat ou Daum. Mais ce que peu de gens savent, c’est qu’une cristallerie fut construite en 1921 à la périphérie de Nancy, en bord de Meurthe. Daum, situé à proximité, ne vit pas d’un bon œil l’arrivée de cette entreprise qui fabriqua à ses débuts des flacons de parfum très en vogue à l’époque. Le bâtiment principal, qui existe toujours, comptait 4 600 mètres carrés d’ateliers. En 1923, ils s’étalaient sur 9 600 mètres carrés. 1 500 personnes y travaillaient. Mais la cristallerie fit faillite en 1937 suite à la grande crise de 1929.
bloggerslorrainsengages
15 février, 2013 à 16:51
En 1730, Gabriel Chambrette fonda la grande Faïencerie de Viller et en 1758 la Manufacture de Saint-Clément. Quelques années plus tard, les productions de Lunéville-Saint-Clément étaient connues dans le monde entier.
L’exposition « Epure », libre et gratuite, montre la richesse de plus de 250 ans de production aux Manufactures Royales de Lunéville-Saint-Clément. 250 ans qui mettent en valeur l’excellence et la précision des gestes de la main. Elle présente au Château de Lunéville (voir : http://forumdeslorrains.forumactif.com/t699-le-chateau-des-lumieres-luneville) plus de 150 pièces de moules et modèles issus de l’exceptionnel fonds acquis par la Communauté de Communes du Lunévillois. Dans deux salles tout droit sorties de l’univers de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et aménagées dans l’esprit du XVIIIème siècle, le visiteur voyage au cœur des Manufactures, à travers quatre grands thèmes : l’atelier, les pièces historiques, l’eau et les fantaisies folles d’un cirque incroyable.
Rappelons que la Manufacture de Saint-Clément est toujours en activité. Elle a repris les productions de Lunéville, dont le célèbre décor floral baptisé « Réverbère ».
bloggerslorrainsengages
10 juillet, 2013 à 16:46
Le XVIIIème siècle est sans doute l’âge d’or de la faïence lorraine. La bonne qualité de la terre et surtout à l’abondance du bois, nécessaire à la cuisson, ont permis le développement de manufactures d’exception à Lunéville, Saint-Clément, Niderviller, Rambervillers, Sarreguemines ou encore Epinal.
Le matériau de base est une terre argileuse, légèrement orangée et poreuse. Afin de rendre l’assiette imperméable et de lui donner un aspect blanc, on la recouvre d’un émail. Celui-ci est constitué principalement de silice. On lui ajoute de la poudre d’étain, qui, par réaction chimique, le blanchit. La surface blanche devient alors le support idéal pour un décor peint. Depuis le XVIème siècle, chaque faïencerie a créé des motifs décoratifs spécifiques, que les historiens s’efforcent aujourd’hui de distinguer. Par exemple, le motif du coq placé devant une barrière, sous laquelle sont peintes des draperies, des fleurs sur l’aile, une maison entourée d’arbres ou encore une rosace sont typiques de la faïencerie d’Epinal qui fonctionna de 1759 à 1840.
La forme, le diamètre ou encore le nombre de godrons (petites bosses sur le pourtour) des assiettes en faïence constituent généralement une indication fiable pour déterminer la provenance d’une pièce.
Groupe BLE Lorraine
27 septembre, 2013 à 22:21
Rares sont les provinces françaises à pouvoir s’enorgueillir d’autant de fleurons et de savoir-faire. Depuis le XVIème siècle, la Lorraine a su tirer le meilleur parti de ses ressources naturelles : sable et grès à quartz, bois et abondance de l’eau. D’où la naissance de manufactures d’exception, dont le savoir-faire traverse les siècles.