Après l’arrêt de l’exploitation des mines de fer, de charbon et de sel, près de 500 communes lorraines sont victimes des effets directs et indirects des mouvements de terrain.
Les affaissements miniers lorrains viennent rappeler un passé que l’on croyait oublié. Afin d’obtenir un meilleur rendement, les compagnies minières exploitaient à outrance leurs concessions, au détriment de la sécurité et du bien-être des ouvriers et des habitants. A tel point que 480 communes, soit près de 200 000 habitants, seraient aujourd’hui concernées par des risques miniers à retardement. Si les bassins houiller et salifère sont moins concernés, le bassin ferrifère, qui recouvre le Nord des départements de Meurthe-et-Moselle et de Moselle, est lui particulièrement affecté. L’arrêt d’exploitation à la fin des années 1990 s’est en effet accompagné de plusieurs effondrements d’anciens quartiers à Auboué, Moutiers (voir : http://forumdeslorrains.forumactif.com/t584-a-quand-la-destruction-du-quartier-de-moutiers), Moyeuvre-Grande ou encore Joeuf.
Au début des années 2000, on estimait à 500 le nombre de maisons touchées par l’apparition en surface de fontis, sortes d’entonnoirs de quelques mètres de rayon et de profondeur liés à l’abandon du pompage des eaux d’exhaure et à l’ennoyage des galeries de mines. Des quartiers entiers sont également touchés par des affaissements progressifs, second type d’instabilité qui peut survenir. Ceux-ci se caractérisent par la formation d’une cuvette pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres de diamètre au centre de laquelle les terrains descendent verticalement. Les conséquences sont immédiatement visibles : effondrement de la voirie, pollution des zones urbanisées et fissuration des immeubles entraînant l’évacuation de leurs habitants, obligés d’abandonner leur quartier ou leur village.
Si bien que pour les communes victimes d’affaissements miniers, c’est la double peine, dans la mesure où elles se voient contraintes d’interdire toute nouvelle construction. Ceci a pour conséquence de sérieusement compromettre leur reconversion, leur potentiel de développement pour plusieurs années tout en limitant, voire réduisant leurs ressources fiscales. C’est notamment le cas de Joeuf (7 000 habitants), dont près de 95 % du territoire est classé en zone à risques d’affaissements. Le Plan de Prévention de Risques Miniers (PPRM), exigé par les pouvoirs publics, rend ainsi impossible tout lancement de programmes d’urbanisme.
Les sinistrés se sont quant à eux engagés dans un interminable combat juridique (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2011/03/30/exploitation-miniere-la-bataille-des-sinistres-lorrains/). En effet, dès le début de la désindustrialisation, les compagnies minières se sont dessaisies de leur patrimoine immobilier, le cédant à leurs occupants pour une somme modique, mais en incluant dans les contrats de vente une clause les exonérant de toute responsabilité en cas de désordre lié aux mouvements du sous-sol. Les sinistrés propriétaires de maisons font donc face à un vide juridique en termes de responsabilité.
Confrontées au gel de leur urbanisme et au déficit d’image, les communes concernées se sont également mobilisées pour obtenir des indemnisations. La Ville de Joeuf a ainsi engagé en 2006 une action contre le concessionnaire Lormines. Mais la justice l’a déboutée au motif que l’exploitation avait été arrêtée avant que Lormines ne devienne concessionnaire. Par conséquent, ni l’entreprise ni ses assureurs ne pouvaient être tenus pour responsables des dégâts occasionnés. Joeuf a donc dernièrement introduit une demande de réparation auprès de l’Etat français qui est censé se substituer au concessionnaire défaillant.
Quand on pense que la Lorraine a énormément contribué à la reconstruction et au redressement économique de la France après la Seconde Guerre Mondiale et qu’on voit la manière dont elle est remerciée, on a la rage.
(Source : Les Echos du 16/08/2012)
bloggerslorrainsengages
24 mai, 2013 à 14:17
La commune de Moutiers, près de Briey, a été défigurée par les affaissements miniers. En 1997, elle fut frappée par des mouvements de terrain. Près de 200 foyers furent évacués. En 2005, face à un risque d’affaissement brutal, 87 familles furent obligées d’évacuer, le cœur déchiré, leurs maisons pourtant intactes.
Aujourd’hui, tout a été rasé et la commune vient d’achever son lifting long de quatre ans (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2012/08/12/requalification-a-moutiers/). De nouveaux lotissements sont sortis de terre, abritant la plupart des sinistrés indemnisés. Tous les réseaux ont été réhabilités, de même que l’éclairage public.