Parmi les six espèces de pics présentes en Lorraine, le pic noir est le plus grand. Il possède une robe noire unie, à l’exception du rouge sur la tête chez le mâle et sur la nuque chez la femelle. Ses yeux à l’iris blanc jaunâtre sont brillants et distinctifs. Le pic noir peuple nos grandes forêts de feuillus et de conifères. En hiver, il lui arrive d’aller dans les parcs urbains et les bois en périphérie des agglomérations. C’est un oiseau grimpeur. Comme tous les pics, il possède quatre griffes très acérées opposées deux à deux et une queue rigide qui lui sert d’appui.
Le pic noir peuple les forêts lorraines (Crédits photo : acoeuretacris.centerblog.net)
Les souches, les épais troncs et les grosses branches d’arbres morts constituent sa niche écologique. C’est là qu’il trouve sa nourriture constituée de fourmis, d’insectes et de larves xylophages. Sa longue langue gluante est munie de barbillons pointés vers l’arrière servant à retenir les proies. Son puissant bec pointu lui permet de soulever des écorces même très dures, de piocher les souches et de creuser des cavités atteignant jusqu’à 25 cm de profondeur. C’est aussi à l’aide de cet outil que les pics noirs peuvent excaver la spacieuse cavité qui leur est nécessaire pour nicher, mais où ils aiment s’abriter toute l’année. Ce sont effet des oiseaux sédentaires assez fidèles à leur gîte d’une année à l’autre, dès lors que celui-ci n’a pas été squatté par un autre animal comme la chouette hulotte.
Dans le passé, les pics noirs ne fréquentaient que les forêts de moyennes montagnes. En Lorraine, ils n’étaient présents que dans le massif vosgien. Au cours des dernières décennies, cette espèce s’est progressivement installée dans les grandes forêts des collines et des plaines. Néanmoins, solitaires ou en couple, ces oiseaux revendiquent sans partage des espaces de 250 à 500 hectares. Les chances de les apercevoir sont donc réduites en proportion inverse. Heureusement que leurs manifestations très sonores les trahissent de loin et sans confusion. Au printemps, leur tambourinage nuptial est audible à plus d’un kilomètre. Il ressemble à une rafale de mitrailleuse. Les pics noirs sont capables de produire des séquences de 40 coups de becs en trois secondes pouvant être répétées plus de cinq fois par minute, le plus souvent contre un bois mort ou creux propre à amplifier le son produit. Ces percussions constituent une performance inégalée.
Toute l’année, les pics noirs émettent en vol leur cri unique et étrange. Ce dernier sonne comme un grand gémissement plaintif de nature à contribuer au sentiment romantique que l’on est susceptible d’éprouver dans une vieille et profonde forêt.