Avant le Xème siècle, il n’existe pas de croix à double traverse. Celle-ci apparaît à cette époque dans l’Empire Byzantin grec, mais ne porte pas encore le nom de Croix de Lorraine.
Les Anjou étaient issus côté maternel des rois Arpad de Hongrie. Ils en portaient d’ailleurs les armes. René Ier, dont le petit-fils n’est autre que René II, était d’ailleurs roi théorique de Hongrie. Or, la Hongrie avait déjà la croix à double traverse comme emblème, sans doute importé de Byzance. Mais ce n’était pas la seule raison de l’intérêt des Anjou pour ce symbole. Un grand seigneur angevin, Jean II d’Alluyes avait en effet ramené du pillage de Byzance par les Croisés en 1204 un morceau de la vraie Croix, dont la forme était à double traverse. Une relique si extraordinaire que le frère du Roi de France Charles V, Louis Ier d’Anjou s’en empara en 1350, l’enjoliva, avant de la restituer à l’hospice religieux qui en fut le dépositaire. Ce Louis était le grand-père du Bon Roi René.
La Bataille de Nancy fut néanmoins l’évènement décisif. En 1477, René II remporta une victoire retentissante sur les Bourguignons, dont l’emblème était la Croix de Saint André, une croix à simple traverse, à quatre branches égales. La Croix d’Anjou, de Hongrie et de Byzance l’a donc emporté sur l’autre, d’où son adoption par les Lorrains. Mais ce n’est pas si facile que cela en réalité. La Nancéide, chronique en vers qui relata la bataille quelques décennies plus tard présentait dans le manuscrit une enluminure où le cheval de René II est caparaçonné de la Croix de Jérusalem. Ce ne fut que dans l’édition imprimée postérieure que les gravures sur bois du même événement arborèrent toutes des croix à double traverse. Il y a donc eu une substitution. Les Anjou étaient en fait autant attachés à la Croix de Jérusalem qu’à celle qui nous intéresse. Godefroy de Bouillon, qui conduisit la première Croisade, prit Jérusalem et fut pratiquement le seul à ne pas participer au massacre qui s’ensuivit. Les Ducs de Lorraine étaient persuadés par des généalogistes complaisants de descendre de Godefroy alors qu’il n’en était rien. Il était Duc de Basse-Lorraine, alors que les descendants de Gérard d’Alsace régnaient sur la Haute-Lorraine.
La substitution reste à l’heure actuelle un mystère. L’adoption de la croix à double traverse vient peut-être du Duc Antoine, fils de René II. Celle-ci étant plus proche pour ces ducs d’origine angevine et hongroise, que la lointaine époque des Croisades achevée depuis deux siècles et demi.
bloggerslorrainsengages
4 juillet, 2012 à 18:08
Emblème lorrain par excellence, la Croix de Lorraine garde tous ses mystères et ses secrets. Son origine n’a en effet jamais été complètement élucidée. Trois hypothèses sont pour cela avancées : la filiation supposée des Ducs de Lorraine avec Godefroy de Bouillon, la Croix de Hongrie et la Croix d’Anjou.
Groupe BLE Lorraine
29 janvier, 2020 à 21:29
Avec le chardon lorrain, la Croix de Lorraine est l’un des symboles qui fut le plus sculpté et le plus représenté en vitraux dans les maisons construites à Nancy et à Epinal après l’annexion d’une partie de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges par la Prusse pour rappeler que la Lorraine serait à nouveau réunie un jour. Sur la Colline de Sion, une Croix de Lorraine fut brisée en 1871. Il fut écrit dessus « Ce n’ame po tojo » (« Ce n’est pas pour toujours »). La Croix fut recollée en 1920 après le retour de l’actuel département de la Moselle à la Lorraine.