En l’espace de 15 ans, le FC Metz est passé de la gloire à la honte. Une nouvelle fois défait au soir de la 37ème journée de Ligue 2 à Arles-Avignon (1-0), le club à la Croix de Lorraine évoluera pour la première fois de son histoire en National la saison prochaine pour fêter ses 80 ans d’existence. Instable, fragile, indiscipliné et sans réaction, Metz a sauté. De désillusions en désillusions, de revers en revers, ce désastre supplémentaire et sans précédent était inéluctable. Il n’est pas conjoncturel. Il est structurel et organisationnel.
Qu’il est loin l’exploit de Barcelone en 1984. La belle époque est révolue, depuis longtemps. Les ténèbres se sont emparées de Saint-Symphorien, plongé dans une nuit sans fin. L’élimination de la Ligue des Champions en 1998 face au modeste club d’Helsinki, consécutif au titre de vice-champion de France de Division 1, constitue à nos yeux un tournant. La qualification pour le tour principal promettait l’arrivée de joueurs de renom tel que Davor Suker, qui venait de réaliser une magnifique coupe du monde. Il s’en est au contraire suivi un long déclin vers le maintien en Division 1, la descente en Ligue 2, le maintien en Ligue 2 et la descente en National. Le tout ponctué de mauvais choix, de malchance et de concours de circonstances malheureux.
Il convient par conséquent d’analyser les responsabilités des uns et des autres dans cette énième déroute sportive d’un club qui affiche plus de 2 000 matches en Première Division. Personne n’a en effet tiré la sonnette d’alarme de cette institution complètement à la dérive en seconde partie de championnat, après un début pourtant prometteur. Ceux qui accablent de tous les maux l’ex-entraîneur Dominique Bijotat ont tort. Même s’il aurait fallu s’en séparer bien avant le terme de la saison, l’intéressé a plus été un catalyseur du déclin qu’une cause de ce dernier. Le mal était déjà bien installé, en profondeur, dans l’organigramme du FC Metz. Comme Bijotat l’a très justement fait remarquer : « c’est l’échec d’un club ». Même s’il en est en partie responsable.
Les premiers coupables de l’effondrement de la maison messine sont les dirigeants : de Molinari à Serin, en passant par Razurel et Muller. Le FC Metz n’a ainsi jamais réussi à adopter le nouveau modèle économique et marketing qui a pourtant fait la réussite de Lille, Nancy ou Montpellier, trois clubs revenus des profondeurs de la Division 2. Le FC Metz est resté et reste un club du passé, sans avenir. Qui plus est, qu’est devenu l’argent amassé après les transferts juteux et les heures de gloire du club qui se sont soldées par le titre de vice-champion et la défaite en finale de la Coupe de la Ligue face à Lens en 1999 ? En partie dans des infrastructures sportives subventionnées, stade et centre de formation en tête. Certes.
Arrivé en 2009 à la présidence du club, Bernard Serin a accentué le désordre de la demeure, faisant illusion un instant avec deux montées ratées de peu. Regagner l’élite, restaurer les finances du club, le Grand stade : rien n’a abouti. Sans charisme, incapable de trancher, de prendre des décisions, par exemple en maintenant obstinément sa confiance en son entraîneur, le président du FC Metz a poussé son club, qu’il aime indéniablement, et qu’il finance, dans le précipice. Heureusement que le dirigeant n’est pas à la tête de la centrale nucléaire de Cattenom. Car en cas d’accident, on serait dans la panade … Le pompon a quand même été sa déclaration après le lourd et grossier revers concédé à Reims (3-0), préférant retenir que ses joueurs avait tenu le 0-0 en seconde période et qu’ils avaient de ce fait bien préparé la rencontre suivante contre Le Mans, qui s’avérait capitale pour le maintien. On connaît le résultat : défaire 0-1 à domicile. Franchement… Lamentable.
Même s’ils ne s’occupent pas de la gestion du club, la plupart des joueurs sont loin d’être exempts de tout reproche. Ils sont cela dit à l’image de leur génération et de leur époque. L’amour du maillot est révolu.
Pour toutes ces raisons, ce qui reste encore de supporters dans les rangs messins, de plus en plus dégarnis et écœurés, semble condamné à la dépression. Il faut dire qu’aucun des fidèles des Grenats n’avait encore jamais connu le club à la Croix de Lorraine en National. Si un sentiment d’énorme gâchis prédomine encore aujourd’hui, ce qui arrive n’est que la conclusion logique de politiques sportives et extra-sportives calamiteuses.
Si de nombreuses personnes appellent à l’union sacrée et au soutien inconditionnel du FC Metz en ces heures sombres, cela ne signifie en aucun cas qu’il faille tirer un trait sur le passé, accepter l’inacceptable et pardonner tout le mal qui a été fait. Les responsables évoqués plus haut doivent prendre leurs responsabilités, assumer leur échec rocambolesque et surtout quitter la maison FC Metz, afin que celle-ci puisse repartir et se reconstruire sur des bases enfin saines. Dans le cas contraire, il n’est pas difficile de prévoir que la situation va continuer de se détériorer. Or, il est inconcevable qu’une ville comme Metz soit représentée sur la scène régionale ou nationale par un club devenu aussi minable.
La chute des Grenats en troisième division induit une image catastrophique pour la ville et son dynamisme économique (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2011/05/13/de-limpact-du-sport-sur-leconomie-et-lattractivite/). Plus grave, un tel traumatisme dans un sport aussi populaire et universel risque d’affecter l’ensemble de la région, déjà en graves difficultés économiques et industrielles. Quand Metz était parmi l’élite, les chefs d’entreprise en quête d’un lieu d’implantation connaissaient la ville, au moins de nom. Sans cette exposition médiatique, les efforts de communication vont devoir être accentués. Le déficit de notoriété a un coût. Celui-ci va également se répercuter dans les cafés de la ville et à l’ombre des tribunes du Stade Saint-Symphorien. Par ailleurs, au temps de la splendeur du club, la boutique des Grenats vendait chaque année entre 35 et 40 000 euros de chaussures, maillots, shorts et chaussettes Puma, alors équipementier officiel du FC Metz. Cette identification est depuis passée de mode. A cause des résultats catastrophiques et de la honte qui en résulte, le goût du public a évolué vers des clubs comme Barcelone, Madrid ou encore Marseille. Et la boutique a fermé.
La relégation en National du FC Metz va évidemment entraîner des répercutions financières et budgétaires terribles pour le club. De 11,8 millions d’euros pour l’exercice 2011-2012, le nouveau budget du FC Metz devrait avoisiner les 8,5 millions d’euros la prochaine saison. A titre de comparaison, les budgets de Nîmes et de Rouen, soit les deux plus importants du dernier championnat de National, atteignaient 6 millions d’euros.
Afin de s’extirper des terres inconnues du National, les dirigeants du FC Metz n’ont pas trouvé mieux que de nommer un entraîneur devenu indésirable sur les bords de la Moselle, à savoir Albert Cartier. Ce dernier avait en effet été remercié le 20 janvier 2002 sur un constat d’échec retentissant. L’affaire s’était terminée aux Prud’hommes. C’est dire. Depuis, l’homme n’a jamais rien prouvé nulle part. Une telle décision est par conséquent aussi incompréhensible qu’honteuse. C’est un véritable scandale. Plus personne ne va finir par partagé la moindre valeur avec le FC Metz.
C’est pourquoi le Groupe BLE Lorraine appelle au renouvellement complet et sans condition de la structure dirigeante du FC Metz. Le dragon messin est mort, nos cœurs brûlent.