Le plus grand projet immobilier de l’Est de la France de Bouygues concerne l’ancienne Manufacture des Tabacs de Metz.
Créée en 1868, cette dernière était l’usine la plus ancienne de Metz. La vieille dame a été fondée par le polytechnicien Auguste Rolland et a fait travailler 3 965 salariés, parfois de père en fils. Elle a distillé ses effluves de tabacs dans la ville pendant 142 ans, avant de fermer définitivement fermé ses portes le 26 juin 2010. 380 logements vont y être créés. Il y aura aussi une résidence hôtelière, une résidence étudiante, des commerces et des bureaux. Une nouvelle placette publique sera aménagée et des parkings souterrains seront créés. A l’arrière, des constructions neuves s’ouvriront sur la Moselle. Une passerelle pourrait être installée pour faire communiquer les Places Saint-Vincent et de France au Fort-Moselle. Les travaux devraient commencer début 2013.
La Manufacture des Tabacs de Metz en 1924 (Crédits photo : Ville de Metz)
Les casemates situées sous l’ancienne Manufacture des Tabacs de Metz vivent par conséquent leurs derniers instants. Les sous-sols du site abritent en effet des vestiges inédits de taille respectable : des petites salles, des murs de briques grises, des corridors, un monte-charge rouillé, des sanitaires centenaires et de curieuses portes cintrées. Autant de petits trésors cachés. A tel point que certains employés qui ont travaillé toute leur vie à la Manufacture ne savaient même pas que de tels éléments y dormaient dessous.
Ces casemates font partie de la première ceinture de fortifications de Metz. Elles furent construites par les Français à partie de 1862, entre le pont de Thionville et celui des Morts. Elles étaient destinées à stocker la poudre et les hommes. Situés sur deux niveaux, les deux magasins du bastion 61, celui situé sous la Manufacture, furent livrés en mars 1869. Ils contenaient 120 000 kg de poudre. Sur tout le front Saint-Vincent, ces abris pouvaient héberger jusqu’à 1 800 soldats, de la caserne Riberpray jusqu’au square du Luxembourg. 160 casemates ont été répertoriées. Le bastion 61 comptait 30 casemates. Il a servi de laboratoire de guerre, avant d’être transformé en 1930 en abri anti-gaz. Le laboratoire mesurait 53 mètres de long sur 35 de large.
Ces casemates furent bien protégées à cause de l’invention de la mélinite, un puissant explosif qui remplaça la poudre noire. Les nouveaux projectiles, appelés « obus torpilles », pouvaient faire des dégâts considérables. La parade consistait à protéger les maçonneries par du béton. Les casemates et magasins à poudre furent ainsi recouverts d’un mètre de sable sur lequel fut coulée une couche de béton de 1,5 à 2,5 mètres d’épaisseur.
Les Prussiens transformèrent la Manufacture toute neuve en hôpital militaire. Les sous-sols occupèrent la même fonction en 1944. C’est d’ailleurs là que se réfugia le général allemand Heinrich Kittel, nommé par le Führer commandant de la Forteresse de Metz. Dans les derniers jours de la prise de la ville, en novembre 1944 par les GI’s de la 95ème Division d’infanterie américaine, Kittel fut blessé d’une balle dans le genou et conduit dans les sous-sols de la Manufacture. Quand il se réveilla, il était prisonnier des Américains.
Le projet immobilier de Bouygues prévoit de conserver, de restaurer et de reconvertir en logements une moitié de la Manufacture. L’autre moitié sera rasée. Le sort des sous-sols est quant à lui scellé. Les trente casemates seront murées. Elles ne seront toutefois pas remblayées, au cas où, dans un siècle ou deux, quelqu’un souhaite les utiliser. Mais en les fermant, l’humidité va s’installer. Avec ces 2,5 hectares de stockage, c’est tout un pan du passé de Metz qui est condamné.
Il subsiste néanmoins les mêmes casemates, parallèles, sous l’hôpital Belle-Isle et le clocher du temple de garnison.
CrapaudVert57
10 juin, 2012 à 12:30
Auparavant, la ville se renouvelait vers le haut, en laissant les traces des constructions antérieures « encombrer » le sous sol. Maintenant, en plus de constructions en superstructures, on enterre aussi la ville, souvent pour y mettre du stationnement. La réflexion se limite à optimiser le coût immédiat, sur un fonctionnel généralement assez simpliste, voire caricatural, sans valoriser la mémoire des passés. C’est dommage.
Cordialement.
bloggerslorrainsengages
4 novembre, 2012 à 23:04
C’est le 21 novembre 1944, en début de matinée, que la compagnie I du 377ème Régiment de la 95ème Division d’Infanterie américaine investit la Caserne Riberpray, à Metz. Les GIs pensaient y faire prisonnier le Général Heinrich Kittel, commandant de la place de Metz. Mais blessé au genou, ce dernier avait été transporté dans les sous-sols de la Manufacture de tabacs où les Allemands avaient installé une infirmerie. La Bataille de Metz faisait rage. Lorsque les Américains investirent l’usine, l’officier supérieur était encore sur la table d’opération sous anesthésie. Après avoir combattu étage par étage, les forces allemandes restantes se rendirent. Kittel fit plus tard référence à la 95ème Division comme étant « Les hommes de fer de Metz ».
bloggerslorrainsengages
1 février, 2013 à 23:08
Conçu par Bouygues Immobilier, La Manufacture-Les Rives est le programme immobilier le plus cher de Metz depuis Les Muses, immeuble construit juste à côté du Centre Pompidou-Metz. Avec des logements, des bureaux, une résidence étudiante, des commerces de proximité et une résidence hôtelière d’une centaine de chambres, ce nouveau quartier accueillera d’ici 2015 des bâtiments réhabilités et des constructions neuves sur le site de l’ancienne usine de tabac. Les travaux devraient normalement débuter en septembre 2013. Ils devraient durer entre 18 et 24 mois.
Groupe BLE Lorraine
16 février, 2015 à 23:44
Des portes cintrées, des salles vides, des murs de briques grises, des corridors, un monte-charge rouillé, deux sanitaires centenaires, etc. Les trente casemates françaises situées sous l’ancienne Manufacture des Tabacs de Metz ont été scellées et murées dans le cadre du projet immobilier porté par Bouygues qui prévoit 250 logements. Elles n’ont pas été remblayées, afin de ne pas définitivement condamner ces 2,5 hectares de stockage au cas où, dans un siècle ou deux, quelqu’un puisse en avoir une utilité. Elles ont été bâties à partir de 1862 entre le Pont de Thionville et celui des Morts dans la lignée de la construction de la première ceinture de fortifications. Elles servaient à abriter les hommes et la poudre. Sur tout le front Saint-Vincent, ces abris pouvaient héberger jusqu’à 1 800 soldats. Après l’arrivée des Prussiens, la manufacture toute neuve fut transformée en hôpital militaire. Ses sous-sols le redevinrent en 1944. C’est là que fut opéré le 22 novembre par un médecin français le général allemand Kittel, commandant de la forteresse de Metz, avant d’être arrêté par les Américains.
A noter que des casemates similaires, parallèles à celles sous la Manufacture des Tabacs, se trouvent également sous l’Hôpital Belle-Isle et le clocher du Temple de Garnison.
Reuter madeleine
3 mai, 2016 à 11:10
Bonjour,
Originaire de Metz et vivant dans le Jura, je m’intèresse à « la manu » de tabac car mon père y a peint une fresque en 1956 suite à un incendi;Ne l’ayant jamais vue, Je voudrais savoir si cette partie est tj debout ou si elle à étè détruite pour faire place aux nouveaux logements.Si c’est le cas, je suis dèçue car je pense qu’elle faisait partie intégrande du patrimoine culturel comme la « Manu » de cette belle ville de Metz.
Cordialement
Antho
24 octobre, 2016 à 12:22
Quand on voit la « qualité » de ce qui a été fait par Bouygues … La manufacture méritait mieux … Fuyez ces programmes neufs!
Groupe BLE Lorraine
31 août, 2017 à 20:47
Après trois ans de travaux, le groupe LogiEst a livré au mois d’août sa part de l’ancienne Manufacture de tabacs de Metz située dans le quartier Saint-Vincent. Le bailleur social, qui était mandaté pour reconvertir deux bâtiments du site industriel en immeubles de 85 logements de standing, a investi près de dix millions d’euros dans l’opération. A l’image de ce qu’a réalisé le groupe Batigère pour l’ancienne maternité Sainte-Croix de Metz, LogiEst a ainsi transformé les ateliers qui abritaient autrefois les machines à traiter et à empaqueter le tabac en un lieu d’habitation au cachet indéniable tout en respectant scrupuleusement les recommandations de l’architecte des Bâtiments de France en utilisant par exemple des fenêtres en bois et non en PVC. Si la structure, l’ossature et la coque des bâtiments de 5 300 mètres carrés, conçues à l’origine pour supporter des machines lourdes et des engins de manutention, ont été conservées, le bailleur social a complètement réaménagé l’intérieur et les volumes. Il a ainsi pu créer des étages supplémentaires, des escaliers et des cages d’ascenseur grâce à la hauteur sous plafond des constructions. Un parking en sous-sol a également été réalisé. A noter enfin que l’ensemble a été mis aux normes en matière d’isolation et d’incendie.
Aurore
18 juin, 2018 à 21:07
Vraiment très joli! LOCATAIRES DE LOGIEST et fières de vivre de vivre dans une si belle ville, un si beau site, et des logements avec des poutres apparentes, super isolation et calme absolue