ArcelorMittal s’illustre de nouveau d’une bien triste manière. Le groupe sidérurgique financier est un exemple flagrant de la dérive et du dévoiement de la réglementation sur les quotas de CO2. La firme exploitante aurait en effet gagné de l’argent grâce à la mise en sommeil de ses aciéries. Un état de fait constaté ces deux dernières années.
ArcelorMittal aurait en effet vendu en 2010 et 2011 233 millions de dollars de droits à polluer non utilisés selon le rapport du cabinet londonien Carbon Market Data, qui place la société en pole position des revendeurs les plus importants de CO2. Il faut savoir que ces droits à polluer, qui varient selon le cours du marché du carbone, sont attribués gratuitement par Commission européenne.
Plus précisément, ArcelorMittal aurait cédé en 2010 pour 140 millions de dollars de quotas d’émissions de dioxyde de carbone et pour 93 millions de dollars en 2011. Le numéro un mondial de l’acier aurait, selon le même rapport, économisé, entre 2005 et 2010, jusqu’à 156 millions de tonnes de quotas d’émissions de CO2, grâce notamment à la mise en sommeil de ses installations en Europe, dont Hayange. L’arrêt des hauts fourneaux P3 et P6 intervenu en juin et octobre 2011, a ainsi permis au groupe d’économiser 38 % des quotas alloués, soit plus de 1,5 millions de tonnes représentant un gain potentiel de près de onze millions d’euros.
Autrement dit, ArcelorMittal gagne de l’argent au détriment de l’emploi et de l’environnement. C’est pourquoi il est nécessaire que les allocations de quotas pour les installations cessant partiellement leur activité puissent être réduites en conséquence. Le prochain programme d’allocations de quotas, couvrant la période 2013-2020, devra prévoir de telles dispositions. Cette revendication devrait être entendue à Bruxelles, où la Commission européenne envisagerait de faire le ménage pour lutter contre les effets d’aubaine suscités par l’actuelle réglementation. Cette dernière ne prend en effet en compte que l’arrêt définitif d’une installation, mais jamais la baisse d’activité.
(Source : RL du 13/05/2012)