L’audit a conclu à un besoin de financement d’environ 200 millions d’euros jusqu’aux premières livraisons de cet avion rustique à hélice (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2012/04/15/intelligence-economique-le-skylander-au-coeur-de-la-bataille-des-experts/), alors que l’Etat français, la Région Lorraine et des investisseurs privés s’étaient engagés début février à financer le programme sur la base de dépenses ne dépassant pas 120 millions d’euros. Craignant un dépassement des coûts, l’Etat a donc décidé de se retirer du programme Skylander, purement et simplement.
Mais pourquoi tout ou rien ? Si l’Etat ne veut pas donner plus d’argent que prévu, ok, qu’il se contente du montant initial, mais qu’il ne fasse pas capoter tout le projet ! En réalité, une telle annonce traduit la véritable volonté de l’Etat, celle du vent et des annonces. Ce dernier n’a jamais souhaité financer ce projet industriel, mais il a fait croire le contraire dans le contexte électoral. Alors maintenant tous les prétextes sont bons pour se désengager et justifier l’injustifiable. Ou comment torpiller quelque chose qui aurait pu réussir.
La Lorraine n’abandonne quant à elle pas ce projet aéronautique porté par la société Geci International. L’audit a en effet confirmé la qualité technique du dossier, ainsi que l’existence d’un marché. La différence de montant dénoncé par l’audit n’est pas à la hauteur du débat. Skylander représente un chiffre d’affaires de plusieurs milliards et des centaines d’emplois dans une région sinistrée. Il est déterminant dans l’exemplarité de ce qui peut être fait comme politique industrielle, alors que tous les candidats parlent de la réindustrialisation de la France.
Ce revirement étatique de dernière minute est étonnant dans la mesure où presque tous les programmes aéronautiques ne respectent pas le budget initial. Quant à la polémique sur le recours aux aides publiques, il est ridicule puisque tous les constructeurs ont bénéficié de subventions pour mener leurs différents programmes.
L’Etat tient un double discours. D’un côté il appelle à avoir des PME-PMI performantes, de l’autre il se réfugie derrière l’éternel tropisme colbertiste à promouvoir uniquement les grands groupes. Si le Skylander avait été conçu par EADS ou Dassault, Paris aurait dépensé des milliards sans sourciller. Et comme par hasard, Geci va devoir maintenant s’adosser à de tels industriels pour sauver son projet. Or le temps presse. L’attitude de l’Etat dans ce dossier démontre la capacité de la France à se tirer une balle dans le pied.
Le Skylander est un pari certes, mais un pari avec des risques maîtrisés et potentiellement très payants. L’avion est en grande partie développé, il fait déjà l’objet de commandes fermes et il est seul sur une niche commerciale prometteuse (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2012/02/05/developpement-du-skylander-sk-105-en-lorraine/). Autrement dit, si le projet aboutit, il créera des centaines d’emplois très qualifiés qui génèreront des milliards d’euros de recettes fiscales sur 20 ou 30 ans. Il s’agit encore une fois d’un investissement à moyen-long terme que le secteur privé est incapable de financer.
Quel manque de vision, de courage et d’audace !
L’aéronautique est une activité industrielle capitalistique, avec des retours sur investissement à moyen-long terme (20 ans). Le secteur privé est incapable de financer un projet sur 10 ans. Les banques, les business angels et les investisseurs individuels exigent un retour sur investissement sur 2 ou 4 ans maximum et une rentabilité immédiate, ce qui est incompatible avec la logique industrielle. C’est pourquoi les banques françaises, qui font tout sauf jouer leur rôle au moment où nous en avons le plus besoin, ne financent pratiquement que de l’immobilier. Les business angels se cantonnent quant à eux à des activités ne nécessitant que très peu d’investissements initiaux, comme des sites de vente sur internet. Seuls les Etats peuvent financer des projets industriels. C’est le cas partout dans le monde. Par exemple, la Chine finance massivement le développement de sa filière aéronautique, tout comme l’Inde, le Brésil (Embraer), le Canada (Bombardier) et même les Etats-Unis, pour lesquels les investissements colossaux nécessaires aux nouveaux projets civils – comme le B787 – sont quasi-entièrement payés par les généreux subsides que le Pentagone octroie à la branche militaire de Boeing (achats massifs de F15, de F35, contrats de développement type « cost plus » etc.). Sans les financements publics français, allemands et anglais, jamais Airbus n’aurait vu le jour et EADS n’existerait pas.
Le Skylander est une nouvelle illustration du drame français. Dans ce celui-ci, la Lorraine souffre plus que tout autre territoire d’une déliquescence de l’industrie. Or cette dernière reste de loin l’une des activités économiques capables d’innover le plus et d’exporter des produits et des services à haute valeur ajoutée.
(Sources : presse régionale et économique ; commentaires sur Le Figaro)
bloggerslorrainsengages
18 avril, 2012 à 19:31
CAIRE, la Compagnie Aérienne Interrégionale Express a dernièrement signé avec Sky Aircraft, filiale de Geci Aviation, un MoU (Memorandum of Understanding) portant sur l’acquisition de deux Skylander SK-105 en version passagers. L’accord commercial prévoit une livraison pour 2014. Selon cette compagnie créée en 2002 qui opère aux Antilles et en Guyane Française, les performances de l’avion rustique lorrain sont particulièrement adaptées pour le transport régional inter îles avec des capacités à desservir des pistes courtes et difficiles d’accès.
Ce nouveau MoU confirme l’intérêt grandissant pour le Skylander. Depuis le salon du Bourget 2011, le rythme des signatures avec les opérateurs de transports aériens s’intensifie. Pourtant, le projet n’est en général pas aidé par la presse, notamment régionale.
bloggerslorrainsengages
18 avril, 2012 à 19:34
Les concurrents actuels du Skylander, comme le Twin Otter ou le LET L-410, ont été conçus dans les années 1960. Seul l’allemand Dornier, avec son Do-228NG, est susceptible de faire de l’ombre au Skylander. Avec un prix de 6,5 millions d’euros pour un SK-105 en version passagers, Sky Aircraft mise sur un positionnement « low-cost » pour s’imposer.
bloggerslorrainsengages
18 avril, 2012 à 19:35
Les pouvoirs publics pèsent de tout leur poids pour trouver un partenaire industriel à Geci International. Pourtant, s’il ne devrait pas en manquer dans l’aéronautique en France, c’est le nom du Brésilien Embraer qui a circulé. Il faut dire que ce dernier serait, selon certains, plus enclin à maintenir le projet en Lorraine. En tout état de cause, un partenaire industriel permettrait de rassurer les soutiens financiers et les clients de Geci. L’avionneur conteste cependant les conclusions des experts mandatés par Paris. Il les juge « excessives ». C’est pourquoi de nouveaux éléments vont être envoyés. Le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) se déclare par ailleurs prêt à renégocier son soutien sur de nouvelles bases. Quant aux 40 millions d’euros de fonds de roulement à trouver pour financer les premiers avions de série, Geci considère « qu’ils sont couverts par les acomptes versés au titre des commandes clients ». La société lancera la production des avions qu’après l’encaissement de ces derniers.
bloggerslorrainsengages
18 avril, 2012 à 19:37
Geci maintient son chiffre de 1 500 appareils, car les experts ne prennent pas en compte le marché militaire, soit 300 avions, ainsi que la croissance de la flotte des avions de cette taille, soit au moins 200 appareils. Par ailleurs, le programme Skylander est viable. L’appareil semble bien positionné pour concurrencer les Twin Otter, Let 410 et autres Dornier 228, des appareils de conception bien plus ancienne. Le marché potentiel est énorme : desserte de régions isolées aux infrastructures aéroportuaires sommaires, transport inter-îles dans les Antilles ou le Pacifique, missions de transport militaire, évacuation sanitaire ou encore surveillance de frontières.
La grande difficulté est de boucler le cercle vicieux du financement. Les prospects veulent en effet des certitudes sur la solidité du business plan avant de décider des commandes fermes. Les investisseurs veulent quant à eux des commandes fermes pour confirmer le tour de table.
En plein sprint final de la campagne présidentielle française, le Skylander a en tout cas valeur de symbole. Symbole de cette réindustrialisation dont tout le monde parle, mais que personne ne fait.
bloggerslorrainsengages
20 avril, 2012 à 21:24
L’Etat français et la Région Lorraine ont dernièrement confirmé leur participation financière au programme Skylander. Geci International s’est quant à lui engagé à tenir ses financements complémentaires. Les engagements financiers devraient toutefois faire l’objet d’un nouveau protocole d’accord entre les parties.
bloggerslorrainsengages
2 mai, 2012 à 21:17
La société Geci International a dernièrement annoncé la signature d’un accord de financement d’une durée de trois ans avec le fonds d’investissement Ya Global Masters SPV. L’accord porte sur un total de 9 millions d’euros d’actions en fonds propres. Le capital réservé au fond d’investissement sera par ailleurs augmenté par l’émission réservée de 180 000 actions nouvelles, sur la base d’un prix par action égal au cours moyen pondéré par les volumes de l’action de la société. Cet accord, qui devrait permettre à Geci International d’obtenir environ 6 millions d’euros sur les quatre prochains mois, est destiné à couvrir une partie des besoins en trésorerie du programme Skylander, soit au moins 2 millions d’euros mensuels, tant que les négociations en cours sur son financement n’ont pas abouti. L’accord stipule également que Ya Global ne devra jamais posséder plus de 2,99 % du capital de Geci International. Ya Global s’engage en outre à ne pas vendre à découvert.
Ce renfort financier devrait rassurer les partenaires institutionnels du projet, à savoir l’Etat français et la Région Lorraine, afin de relancer le protocole d’accord sur le bouclage financier de l’avion lorrain.
bloggerslorrainsengages
8 mai, 2012 à 14:57
En faisant l’acquisition de 9 millions d’euros d’actions de Geci International, le fonds entre au capital à hauteur 27,35 % de la société.
bloggerslorrainsengages
4 juillet, 2012 à 18:36
Le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), qui avait estimé les besoins en financement du programme Skylander à 200 millions d’euros, avait appelé la société Geci International à trouver de nouveaux partenaires financiers privés et à adosser son projet à un industriel. Depuis le 28 juin, le FSI a encore changer d’avis suite au changement de majorité présidentielle et souhaite maintenant que le projet soit repris dans son intégralité par un industriel.
C’est pourquoi des industriels se manifestent à présent, mais ils sont tous étrangers. Des investisseurs israéliens se sont ainsi dernièrement déplacés à Chambley pour constater l’avancée du programme, donnant de plus en plus de crédit à la thèse de voir partir l’ensemble du projet aéronautique sous d’autres cieux.
Le plan de financement actuel prévoit toujours près de 100 millions d’euros, dont 30 millions d’euros de Geci International, 10,6 millions d’euros de l’investisseur portugais Air Invest, 27 millions d’euros de petits porteurs, 7,4 millions d’euros d’Oséo, 2,5 millions d’euros de l’Etat français via la prime d’aménagement du territoire, ainsi que 20,4 millions d’euros d’avances remboursables de la Région Lorraine. Or, Geci a un besoin urgent d’argent frais pour sa trésorerie, afin de payer les 200 personnes qui travaillent à Chambley à la réalisation des structures secondaires et à la mise en place des instruments et des outils pour fabriquer les quatre premiers avions d’essai. Ce coût de personnel représente 2,5 millions d’euros par mois. L’avionneur a besoin de 10 millions d’euros pour tenir les quatre prochains mois. Ce montant pourrait être accordé par les investissements d’avenir du Grand emprunt. Mais l’octroi de ces aides relève du Premier ministre. Une décision favorable donnerait un délai supplémentaire au Skylander.
En attendant, l’officialisation d’une aide à moyen terme de 60 millions d’euros redonnerait des ailes au projet. Un investisseur américain reviendrait dans le tour de table pour y mettre 50 millions d’euros. Ne manqueraient alors plus que 40 millions d’euros.
Le premier vol du Skylander est toujours planifié en septembre 2013, soit trois à six mois de retard sur le programme initial. Un retard qui devrait générer un surcoût potentiel de 12 millions d’euros selon Geci International.
ADIC.GECI
16 juillet, 2012 à 15:21
Bonjour,
Je suis Lorrain et c’est aussi pour cela que je suis d’un avis tout à fait opposé à celui que vous mettez en avant ici.
La Lorraine n’a pas besoin de faux ou mauvais projets pour rebondir. Elle a déjà assez donné en ce sens.
Il faut cesser d’acheter tous les rêves qu’on vous vend pour justifier du gaspillage d’argent public.
LA situation factuelle est très simple.
le projet est revenu en France après avoir achoppé pour des raisons bien connues de tous à St NAzaire, Tarbes puis Evora au Portugal.
M. Borloo a été trompé par une présentation mensongère du projet, maquillage par ailleurs condamné par l’AMF. Après la condamnation du porteur du projet Skylander, aucun élu a jugé utile ou opportun d’en comprendre les raisons et les implications pour les investissements du CRL.
J’écarte directement la possibilité que les actionnaires des 2 entreprises privées cotées en bourse assument leur rôle et apportent les financemements puisqu’ils refusent manifestement de le faire!
Je vous invite à prendre connaissance des nombreux éléments qu’il convient d’exposer pour que la présentation du dossier soit plus complète sur votre site.
Nous avons créé une association dont l’objet est de réclamer l’arrêt de ce gâchis d’argent public.
Plutôt que de soutenir un projet qui fait sourire tout le monde aéronautique, certains me soufflent l’idée que le futur ATR92 qui pourrait se développer à Toulouse sur un secteur saturé pourrait être accueilli sur le site avec des perspectives d’emplois et de synergie avec Safran bien supérieures.
Cordialement
Christophe Goetz
ADIC.GECI
ADIC.GECI
16 juillet, 2012 à 15:26
Dans son édition du 10 juillet, le journal l’Est Républicain consacre 3 articles au projet Skylander. Ils sont édifiants!
Dans un premier article intitulé «Skylander, les réserves du FSI», Monsieur Gilet, Directeur Général du FSI, déclare que le projet devrait couter désormais «plus de 300 millions d’euros» et que «Les changements d’attitude en cours de dossier ne sont pas de notre fait. Depuis le premier jour en 2009, nous avons dit qu’il fallait un partenaire privé. Et en 2011, Serge Bitboul est revenu nous voir pour nous dire qu’il manquait d’argent pour son projet. Attendre que l’Etat apporte de l’argent pour que les investisseurs privés s’engagent ensuite, ce n’est pas la bonne méthode.»
Nous avons bien compris la méthode de St Nazaire à Chambley en passant par Tarbes et Evora, la stratégie de financement est de toujours promettre que des investisseurs privés sont très intéressés si l’Etat et le FSI investissent d’abord.
Rappelons que si les installations dans les villes françaises précédentes ont achoppé, c’est bien parce que l’Etat Français n’avait pas donné son aval aux Conseils Régionaux concernés. En quoi le même dossier plombé de retards, de surcouts et d’affirmations toujours contredites par les faits serait il plus viable aujourd’hui?
Le Conseil d’Etat n’a pas plus accepté que le CRL investisse directement 7Me dans cette «affaire». (lien rappelant ce fait et au passage le point de vue de l’opposition d’alors, point de vue pris à revers par le changement d’attitude soudain toujours inexpliqué de Madame Morano – http://groupe-lorraine-ump-nc-apparentes.fr/pole-aeronautique-de-chambley-skylander-nouveau-coup-de-pouce-sans-visibilite-2011318.html )
«Pour s’en sortir, les Lorrains, de droite comme de gauche, avaient sollicité un état des lieux millimétré des experts du Fonds stratégique d’investissement. Manque de chance, leur rapport indiquait au printemps que l’idée était bonne, la niche commerciale possible, mais relevait deux écueils : la sous-capitalisation et l’impossibilité de mener un tel projet sans s’adosser à un industriel de l’aéronautique. Depuis, M. Bitboul a multiplié les circonvolutions, annonçant un jour des commandes russes, un autre l’arrivée d’un fonds à risque américain avant que la Région lorraine elle-même ne convie un sauveur adossé au gouvernement… israélien. Ça ressemble à un mauvais feuilleton. Les élus lorrains tellement embarqués dans leur pari aéronautique, en oublieraient presque d’informer leurs concitoyens de la vraie réalité de ce dossier. On ne peut pas en effet demander une expertise à des spécialistes du FSI, et une fois que ceux-ci émettent des réserves, les qualifier de « technocrates ». Leur patron, qui n’a pas une approche sentimentale de nos utopies lorraines, parle enfin ci-dessus. Même si le langage est châtié et tout en retenue, son diagnostic est clair.» (http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/07/10/heure-de-verite-pour-l-avion-virtuel)
Christophe Goetz
Président de l’ADIC.GECI