Sur les contreforts de l’Argonne, l’église millénaire de Notre-Dame de Mont veille sur les 110 habitants de Mont-devant-Sassey, paisible village meusien situé entre Dun-sur-Meuse et Stenay. Au Nord-Ouest du département, ce joyau de l’art roman est comme posé sur un coteau. Le site est grandiose, presque irréel.
L’église de Notre-Dame de Mont surgit face à l’Argonne (Crédits photo : Ketounette)
C’est au XIème que les Dames Chanoinesses d’Andenne, chassées par les invasions barbares, s’établirent en ces lieux magiques dominant la vallée de la Meuse. Elles entreprirent la construction d’un édifice primitif. Le plan est typique de l’art rhéno-mosan avec trois nefs au-dessus d’une crypte remarquable à doubles colonnades à arcs rehaussés. L’ensemble construit en pierre blanche de Meuse est d’une grande cohérence et d’une sobre élégance. L’église symbolise l’époque romane. Mais au cours des siècles des éléments gothiques puis baroques se sont ajoutés. Ce ne fut qu’au XIXème siècle que les transformations successives prirent fin.
Avec la crypte, la plus grande richesse de cette église qui pourrait avoir rang de basilique, tant elle est imposante et précieuse, réside en son somptueux portail sculpté du XIIIème siècle. Il s’agit du plus ancien témoignage conservé de cette époque en Lorraine. Il présente de fortes similitudes avec le portail royal de la cathédrale de Reims. Cet art de la pierre s’apparente à l’esprit des maîtres sculpteurs de Trèves. Il est unique de par son statuaire intact. On y a retrouvé les marques de passage des compagnons bâtisseurs du Moyen-âge. Le tympan est orné de bas-reliefs où l’on distingue encore des traces de polychromie.
Bien que classée Monument Historique, l’église sombrait dans l’oubli. Son mauvais état général faisait même craindre le pire. Mais c’était sans compter sur une poignée de passionnés qui entreprend depuis 1994 un travail pharaonique de rénovation, de reconnaissance et de promotion de ce joyau architectural auprès du grand public. L’association a ainsi pour but d’aménager et de restaurer le périmètre extérieur de ce superbe édifice, afin de lui rendre toute son expression architecturale et de permettre aux visiteurs d’effectuer une découverte complète et circulaire de ce lieu estimé depuis le Moyen-âge. La sacristie a ainsi été reconstruite avec fenêtres à vitraux et remeublée. De même, les pierres tombales ont été remises en place et le cimetière primitif a été dégagé de ses ronces. C’est d’ailleurs dans celui-ci que la chapelle Notre-Dame protectrice des Petits Enfants fut longtemps l’objet d’un pèlerinage. En effet, une eau de source avait été qualifiée de miraculeuse et guérissait des maladies infantiles.
Marcel GAY
2 novembre, 2019 à 12:04
Superbe église! Excellent papier sur son histoire. Bravo.