Accueil Culture et patrimoine Cathédrale de feu à Uckange

Cathédrale de feu à Uckange

2
0
1,212

Enorme cité grondante et fumante, l’usine sidérurgique d’Uckange n’est plus. Des 6 hauts-fourneaux, dont les sommets culminaient à près de 70 mètres, il n’en subsiste désormais plus qu’un, l’U4.

Cathédrale de feu à Uckange dans Culture et patrimoine U4-Uckange

L’impressionnant complexe sidérurgique à Uckange (Crédits photo : Norbert GUIRKINGER)

Ces « cathédrales de feu » ont pourtant caressé le ciel pendant près d’un siècle à partir de 1891. Dans les entrailles de ces géantes, l’alchimie du gaz, du coke, du fer et du feu produisait de la fonte liquide. Un alliage brûlant de 1 300°C, qui terminait sa course folle dans des moules pour former des lingots de 12 à 16 kg, naguère appelés « caramels ». Au plus fort de sa production, Uckange exportait jusqu’à un million de tonnes de fonte par an. 1 200 personnes travaillaient sur le site. Depuis 1991, le monstre s’est refroidi, sacrifié sur l’autel de la rentabilité et de la finance. A Uckange, comme dans tout le bassin industriel lorrain, cette décision a suscité la réaction virulente de tous les sidérurgistes.

Toute la vie des habitants s’articulait autour du site. Une « Cité idéale », celle de l’entre-deux-guerres, où les industriels développaient une culture paternaliste, apportant aux ouvriers des avantages sociaux, politiques ou économiques, mais aussi éducation, logements salubres, salaires corrects, soins médicaux, produits de consommation à bas prix, cercles de loisirs et lieux de culte. Mais ce paternalisme n’a pas forcément rendu que des services aux ouvriers, notamment à l’heure de leur reconversion et à la nécessité de se prendre en charge. Certains n’avaient par exemple jamais vu une facture d’électricité auparavant !  

Laissé à l’abandon pendant 15 ans, le gigantesque ensemble du haut-fourneau d’Uckange a heureusement échappé à la destruction. Il est aujourd’hui devenu un lieu de mémoire et fait partie du patrimoine industriel de Lorraine. Il a été classé Monument Historique en 2001. C’est le seul exemple de haut-fourneau avec des bennes Staehler à fond ouvrant qui subsiste en France. Il faut dire que cette technique de chargement originale était peu courante. La visite est effectuée par d’anciens sidérurgistes. Comme un peu d’humanité qui surgit au milieu de ce cadavre d’acier définitivement réduit au silence.

Une scène de course-poursuite a été tournée à l’U4 dans le film Les Rivières Pourpres II, dont l’intrigue se déroule en Lorraine.

Charger d'autres articles liés
Charger d'autres écrits par Groupe BLE Lorraine
Charger d'autres écrits dans Culture et patrimoine

2 Commentaires

  1. bloggerslorrainsengages

    15 mai, 2012 à 22:41

    Le 25 juin 1991, Francis Mer, grand patron de la sidérurgie, annonça depuis Paris la fermeture des deux hauts fourneaux U1 et U4 d’Uckange. Personne parmi les 240 salariés concernés ne s’y attendait. Ce drame augurait un triste avenir pour la filière fonte du Nord mosellan. D’ailleurs, l’arrêt de l’extraction à Mairy-Mainville, dernière mine de fer en activité, fut annoncée le même jour. La fonte de moulage était alors condamnée.

    Uckange s’est battu comme un lion, avec cœur et dignité. Les salariés avaient compris que la bataille se gagnerait avec les images, les opinions et le discours, en jouant sur les sentiments et les émotions. A côté des opérations commando, de l’inévitable séquestration avec mise à sac du bureau du directeur général de Lorfonte, d’incroyables entreprises de séduction furent montées. La ville morte devînt vivante, avec toutes les associations rassemblées au stade de la ville. Le 16 octobre 1991, Bernard Lavilliers était là pour chanter avec sa seule guitare et des percussions au pied des hauts fourneaux. Il avait promis de revenir vingt ans plus tard. Il a tenu parole.

    Mais la commémoration de la fermeture des hauts fourneaux d’Uckange fait écho à la mise en veille de toute la filière chaude. Au-delà du symbole, l’événement traduit le quotidien d’une sidérurgie lorraine qui ne cesse de lutter pour sa survie. Comme une histoire sans fin. Aujourd’hui, après que Rombas ait fermé, la lutte concerne d’autres hauts fourneaux : les P3 et P6 à Hayange, où les gens se raccrochent à l’espoir d’ULCOS.

    En vingt ans, l’U4 a été préservé et conservé comme lieu de mémoire. L’U1 a été oublié. Signe que la préservation du patrimoine industriel U4 ne fait pas que coûter. Elle enrichit, aussi.

    Le combat ne cessera donc jamais ?

  2. Groupe BLE Lorraine

    2 septembre, 2015 à 21:02

    Crée en 1890 par les allemands, l’ancien haut fourneau U4 d’Uckange est un lieu symbolique et historique de la sidérurgie lorraine dans la Vallée de la Fensh. Monument grandiose fait de fer, d’acier et de béton, l’U4 culmine à 71 mètres. Il a fonctionné pendant un peu plus d’un siècle. Dans les années 1900, 11 000 personnes travaillaient sur le site.

Laisser un commentaire

Consulter aussi

Un parc, trois vocations

Le futur parc communal de Nauvigne à Lorry-lès-Metz, qui s’étendra sur 89 ares, aura une t…