Il existe une partie méconnue de la Ligne Maginot entre Sarralbe et Puttelange-aux-Lacs qui n’est pas faite de forts et d’abris bétonnés, à l’image des célèbres Simserhof et Hackenberg. Dans les années 1930, on parlait de système d’inondations défensives, aujourd’hui de Ligne Maginot aquatique.
La Ligne Maginot aquatique, véritable musée ciel ouvert, comme ici à Barst (Crédits photo : Moselle Tourisme)
Cette réalisation s’explique par la situation de la Sarre qui était, après la Première Guerre mondiale et le Diktat de Versailles, placée sous l’autorité de la Société des Nations. Ses mines étaient cependant exploitées par la France. La construction d’une ligne de fortifications en face aurait donc préjugé de son futur retour à l’Allemagne. Mais Paris était conscient du danger que pouvait représenter ce corridor de 40 km, sans obstacle, baptisé « Trouée de la Sarre ». C’est pourquoi des travaux furent entrepris. Entre les villages de Hoste et Wittring, un ingénieux système d’inondations contrôlées fut ainsi conçu. Des barrages furent installés sur les rivières Mutterbach, Albe et Sarre. Certains sont d’ailleurs encore visibles.
Néanmoins, le débit des cours d’eau était fluctuant. Or, il fallait pouvoir inonder le secteur rapidement. Des étangs réservoirs furent donc creusés. Six plans d’eau furent créés. D’autres, comme les étangs du Stock, de Mittersheim et de Gondrexange, furent intégrés au dispositif. Il fallait 36 heures pour avoir un obstacle suffisant pour gêner les troupes allemandes, des champs inondés en l’occurrence.
En 1935, l’Allemagne récupéra la Sarre. La Trouée fut fortifiée. Début juin 1940, l’armée française inonda le secteur au niveau maximum. Le 14, la Wehrmacht attaqua avec 90 000 hommes, 1 000 canons et 100 avions contre 17 600 hommes et une centaine de pièces d’artillerie. Les combats firent près de 2 000 morts et 6 000 blessés de part et d’autre. Les Allemands ne cherchèrent pas à franchir la Ligne Maginot aquatique. Ils tentèrent de passer à l’Ouest de la Trouée, là où il y avait des casemates. Si bien que le temps d’une journée, la Ligne Maginot aquatique avait prouvé son efficacité.
Aujourd’hui, on pêche et on se baigne dans les étangs de Rémering, de Diefenbach, de Hirbach et de Hoste, qui sont devenus depuis des lieux de villégiature prisés.
bloggerslorrainsengages
19 mars, 2012 à 23:03
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes attaquaient la Ligne Maginot aquatique au niveau du Saillant de Barst et du plan de Hoste en mettant en ligne plus de 1 000 canons appuyés par un bombardement intense d’aviation. Ayant subi une puissante offensive menée par une Wehrmacht nettement supérieure, les forces françaises réussirent malgré-tout à maintenir intégralement leurs positions, infligeant aux Allemands un échec des plus sévères. La bataille se termina finalement en fort Alamo.
C’est cette histoire humaine forte de courage qu’a souhaité mettre en avant Olivier Debras grâce à un troisième docu-fiction d’un format télé de 52 minutes, destiné également aux écoles et aux musées.
Philippe
14 juin, 2012 à 21:39
Le site touristique de Barst ne se trouve pas sur la Ligne Maginot Aquatique (qui s’étend de Hoste-Haut à Wittring).
L’Opération Tiger du 14 juin touchait un secteur allant de Biding à Sarralbe et les positions ne seront pas maintenues intégralement puisque l’avancée de Biding, le saillant de Cappel Barst, le passage entre les étangs de Hoste et le bois du Kalmerich tomberont aux mains des allemands.Malgré ces petits résultats, l’échec allemand reste incontestable.
bloggerslorrainsengages
6 février, 2013 à 21:25
Entre Nied allemande et Sarre, près de Saint-Avold et de Sarreguemines, la Ligne Maginot prend un visage singulier, elle devient aquatique. Elle se compose en effet d’un ingénieux système d’inondations défensives sur une zone large d’une quarantaine de kilomètres couverte par une multitude de petits ouvrages allant de Hoste à Wittring. Celui-ci s’appuie sur des barrages et des étangs artificiels pour inonder le secteur.
Le 1er septembre 1939 les populations vivant près de la Ligne Maginot furent évacuées vers une destination lointaine. Le 3 septembre, la France déclara la guerre à l’Allemagne. L’Est mosellan devînt alors le théâtre de la première opération militaire de la Seconde Guerre Mondiale menée par les troupes françaises : « l’Opération Sarre ». Cette action contre l’Allemagne s’acheva très rapidement et dès le mois d’octobre la « Drôle de guerre » commençait. Les soldats des troupes de forteresse se transformèrent alors en bâtisseurs et consolidèrent les intervalles de la Ligne Maginot. Cette « Drôle de guerre » se termina le 12 mai 1940 dans la Trouée de la Sarre avec l’attaque frontale allemande sur les avants de la Ligne Maginot. Ce fut en effet dans ce secteur, jugé le plus faiblement fortifié, que les Allemands lancèrent le 14 juin 1940 à l’aube l’Opération Tiger. 90 000 soldats appuyés par plus de 1 000 canons et une centaine d’avions de chasse et de bombardement se ruèrent à l’assaut des lignes françaises. 57 000 soldats français et polonais subirent l’assaut. Au soir de la bataille, et alors que le même jour la Wehrmacht défilait dans Paris, en Moselle, la 1ère Armée allemande, malgré une supériorité numérique et matérielle, était tenue en échec. 750 soldats français et polonais, ainsi que 1 200 soldats allemands furent tués au cours des combats. Informé de cet échec, le commandement allemand était sur le point de changer ses plans d’attaque quand il apprit que l’armée française abandonnait, sur ordre, ses positions si chèrement défendues.
CREPET Gérard
11 février, 2013 à 15:56
Bonjour à tous,
Engagés dans ce travail de mémoire, je vous félicite!
Moi-même à la recherche du parcours de mon père en 39-40,j’ai retrouvé dans sa maigre valise à souvenirs une carte postale de Wittring au dos de laquelle était écrit « souvenir de la guerre de 39″.
A cette période, il s’est trouvé affecté au 211°,puis au 202° Régiment Régional de Travailleurs- des régiments dont on ne connait que peu de chose-avant d’être capturé en juin 40.
Durant la « drôle de guerre », ces régiments auraient-ils pu participer aux travaux de consolidation de la ligne Maginot dans ce secteur? Je ne trouve aucune réponse dans mes lectures même le livre documenté de Paul Marque.
Apporterez-vous une réponse à cette énigme?
Merci d’avance et encouragements pour vos travaux.
Groupe BLE Lorraine
11 juillet, 2015 à 13:48
Nés au milieu des années 1930 avec la création de la Ligne Maginot aquatique, les étangs de Hoste-Haut et Hoste-Bas font aujourd’hui le bonheur des pêcheurs et d’une faune très riche qui trouve ici des conditions idéales pour vivre et se reproduire. Au total, les deux étendues d’eau représentent une superficie de 41 hectares.
Groupe BLE Lorraine
19 octobre, 2019 à 15:13
L’Histoire a façonné le secteur de Puttelange-aux-Lacs en Lorraine. Les étangs de ce territoire n’ont en effet rien de naturel. Durant l’entre-deux-guerres, les ingénieurs français remarquèrent ainsi ici une brèche dans le maillage de la Ligne Maginot. Il s’agit de la fameuse trouée de la Sarre. D’immenses réservoirs furent alors aménagés pour qu’une fois les barrages lâchés, l’eau se répande pour inonder la zone en 36 heures et ralentir toute avancée allemande.
Après-guerre, les ouvrages défensifs se sont reconvertis dans les loisirs. Les six étangs de Hoste-Haut et Hoste-Bas à Hoste, de Diefenbach et de Welschof à Puttelange-aux-Lacs, des Marais à Rémering-lès-Puttelange et de Hirbach à Holving se répartissent sur près de 290 hectares au total. Ils sont désormais consacrés à la pêche et à la baignade. Adossés à des digues presque centenaires, ces étangs demandent néanmoins davantage d’entretien et de surveillance que des étendues naturelles. Cette mission a été confiée au Syndicat mixte de la Ligne Maginot aquatique.
Groupe BLE Lorraine
15 août, 2021 à 11:16
Les étangs du secteur de Puttelange-aux-Lacs sont artificiels. Bouleversant le paysage, ils ont été creusés dans les années 1930 dans le cadre de la construction de la Ligne Maginot. Alors que petits et gros ouvrages des fortifications s’enfonçaient dans les entrailles de la Terre le long des frontières de l’Est, le Conseil de Guerre opta pour une stratégie de défense différente près de la Sarre. En effet, ce Land était alors détaché de l’Allemagne depuis le Traité de Versailles. Cet espace vide de forts fut baptisé Trouée de la Sarre. Un incroyable système défensif fut imaginé pour ralentir l’ennemi en cas d’incursion de ce côté-ci. Six barrages réservoirs ont ainsi été créés sur seize kilomètres, dont deux à Puttelange, un à Rémering-lès-Puttelange et un autre à Holving. L’ensemble représente une superficie totale de 316 hectares pour une contenance de près de 6,5 millions de mètres cube d’eau. En cas d’invasion, toute cette eau devait être déversée via un ingénieux système de briefs pour inonder la zone en moins de 36 heures. La Ligne Maginot aquatique fut utilisée en juin 1940 pour contrer l’opération Tiger. Cette dernière visait à attaquer le point faible de la Ligne Maginot, à savoir la Trouée de la Sarre. Pourtant après de violents affrontements et de nombreux bombardements, les soldats de la Wehrmacht ne réussirent pas à franchir l’obstacle, même en utilisant des bateaux gonflables. Aujourd’hui, les six étangs de la Ligne Maginot aquatique, bien conservés, constitue un attrait touristique et environnemental. A noter enfin pour l’anecdote que la commune de Puttelange-lès-Farschviller, entourée des étangs de Diefenbach et du Welschof, fut rebaptisée Puttelange-aux-Lacs dans les années 1970.