Dans le canton de Sierck-les-Bains, près de 600 élèves apprennent le Lothringer Platt (francique luxembourgeois dans ce secteur de la Moselle). Une pratique qui est devenue courante et qui est en expansion. Grâce à un dispositif en vigueur depuis 2005, des cours sont ainsi dispensés de la grande section de maternelle jusqu’à la classe de 3ème par cinq intervenants.
Carte linguistique de la Moselle (Crédits photo : http://www.maquette-carton-kartonmodellbau.com)
Il y a 6 ans, ils n’étaient que 164 élèves à se lancer dans l’apprentissage de notre langue. Imposée en primaire, la Langue et Culture Francique (LCF) n’est encore qu’une option au collège. Mais cette année, les cours font le plein, avec soixante collégiens en 6ème contre 38 l’an dernier. En tout, rien qu’au collège, 147 jeunes suivent les leçons de Lothringer Platt, variante francique luxembourgeois.
En optant pour le Lothringer Platt, les jeunes se donnent les chances de trouver un emploi plus facilement, notamment au Luxembourg, qui a reconnu cette langue comme l’une de ses langues officielles. Le problème, c’est qu’après le collège, le dispositif s’arrête. En effet, seul le lycée Hélène Boucher de Thionville propose l’option, avec 2 heures hebdomadaires. Regrettable, car sur les 90 000 travailleurs frontaliers lorrains, seuls 17 % parlent et comprennent la langue. Il est donc urgent de combler ce retard pour redonner plus de compétitivité à nos travailleurs. Les choses semblent cependant se décanter petit à petit. Car le Lothringer Platt est dernièrement devenu une option au baccalauréat dans sa version luxembourgeoise.
bloggerslorrainsengages
26 février, 2012 à 23:43
L’implantation des parlers franciques en Moselle remonterait à l’arrivée des Francs au Vème siècle. Cependant, avant son invasion par Jules César, la Moselle était occupée par les Belges, qui parlaient le Gaulois, mais dont beaucoup se réclamaient d’ascendance germanique. Le Lothringer Platt existerait donc en Moselle depuis 2 200 ans, et non 1 600 ans, et serait issu des langues celto-germaniques de la Gaule belge. C’est pourquoi les linguistes affirment qu’il s’agit-là d’une langue à part entière et non d’un reliquat mal dégrossi de germain.
Par ailleurs, le francique a été pendant longtemps le ciment de l’intégration sociale. C’était la langue de la mine et de la cour de récréation. Les ouvriers et leurs enfants furent longtemps plattophones avant d’être francophones !
Le Lothringer Platt reste cependant superbement ignoré par l’Education nationale française, puisque rien n’est entrepris pour son apprentissage.
Bien que la circulaire Savary* soit applicable au Lothringer Platt, le Rectorat a longtemps considéré que c’était de l’Allemand. Cette langue a donc bénéficié des mesures de cette circulaire au détriment du Lothringer Platt. Depuis 1992, il existe un programme spécifique en Moselle, comprenant des notions linguistiques, historiques, géographiques et littéraires. De nombreuses familles demandent encore à ce qu’on enseigne le Lothringer Platt en maternelle et primaire dans certains cantons.
* Circulaire Savary : Considéré comme une véritable avancée concernant les langues régionales dans le service public d’éducation nationale, ce circulaire organise les enseignements de langues et cultures régionales de la maternelle à l’université et autorise les expérimentations, telles que les ouvertures de classes bilingues. L’enseignement des langues et cultures régionales peut ainsi être considéré comme une matière spécifique.
ACKER
18 janvier, 2013 à 21:34
Le lothringer Platt de l’allemand ? Manifestement c’est un ensemble de patois germaniques, et si l’ancienne situation était la même qu’en Alsace, je suppose qu’on lisait et écrivait en Hochdeutsch ; la cour de récré puis l’usine ou la mine d’accord, la famille et les amis, le quotidien vivant bien sûr, mais tout ça n’élargit pas l’esprit et ne remplit pas les bibliothèques, l’allemand si. Ancrage local de préférence, mais pas tout seul, sans quoi sont simplement recrées les conditions de recul du Platt, passerelle non vers l’Europe centrale et le monde des idées, mais vers lui-même, ou au mieux le petit Luxembourg, certes lucratif…
Groupe BLE Lorraine
9 mai, 2014 à 22:38
Depuis 2008, les noms de rues à Forbach sont traduits en Lothringer Platt. A l’occasion de l’édition 2014 du festival Mir Schwärtze Platt, deux nouvelles plaques ont été dévoilées. Les Rues des Charrons et Bauer, en centre-ville, ont en effet été également baptisées Wagnergässchen et Die Bauerstroos.