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Des chapeaux de Lorraine

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Importée de Toscane, l’industrie des chapeaux remonte au XVIème siècle en Lorraine. Deux productions ont valu à notre pays une renommée mondiale au XIXème siècle : les chapeaux de paille et les peluches de soie nécessaires à la confection des hauts-de-forme.

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Séchage après mise en forme des chapeaux (Crédits photo : amolenuvolette.it)

Lorsque la célèbre Maison Coanet s’installa à Nancy en 1819, la cité ducale fut alors considérée comme le centre de la chapellerie lorraine. La guerre de 1870 apporta ensuite de nouveaux industriels. Après la signature du Traité de Francfort, l’Alsace Bossue fut annexée au Reich et les Alsaciens, soucieux de ne pas perdre leur clientèle française, déménagèrent en effet vers les départements lorrains restés français. Si bien que des manufactures s’ouvrirent à Epinal et à Nancy. Le chapeau de paille blanc, de palmier ou de manille, en raphia à partir de 1880, était recherché pour son confort et sa légèreté.

A Lunéville, alors que ses chapeaux de panama étaient déjà réputés, Octave de Langenhagen fonda en 1871 une filiale de sa maison mère situé à Sarre-Union. Il avait en effet innové en utilisant comme matières premières les feuilles de latanier importées de Cuba et des feuilles de palmier en provenance de l’Equateur. Ces matériaux, fournis à l’état brut, devaient être préparés pour être tressés. Cette tâche était le plus souvent confiée à des enfants, avant que les femmes ne prennent le relais. On estime qu’elles étaient près de 3 000 sur 25 communes de l’arrondissement de Sarrebourg à travailler pour la Maison Langenhagen. La nouvelle mode ne mettant plus en vedette le chapeau de paille, cette activité disparut vers 1930.

Le haut-de-forme devint quant à lui le symbole de la bourgeoisie. La peluche de soie, nécessaire à sa confection, avait pris, depuis 1830, une extension considérable à Toul, à Metz et surtout dans l’arrondissement de Sarreguemines. Ce morceau d’étoffe était alors considéré comme un produit de luxe. En 1833, la manufacture la plus importante était celle de Massing et Huber, à Puttelange-aux-Lacs. Leur réputation se fondait sur leur invention qui avait permis de fixer définitivement le noir sur les fibres. Auparavant, le tissu perdait sa teinte une fois exposée au soleil. En 1862, Emile Huber, fils du second et chimiste à ses heures, améliora encore le procédé et ouvrit une usine à Sarreguemines. Sa peluche noire, unique au monde, était renommée « pour son ton vert-bleu, pour sa souplesse et sa douceur à la main ». 50 % des hauts-de-forme portés dans le monde venaient de Sarreguemines qui, avec Puttelange-aux-Lacs, assurait la totalité de la production en France. Emile Huber fournit même la cour d’Angleterre. La peluche de soie faisait vivre près de 4 000 ouvriers dans les années 1840, contre 300 seulement pour les faïenceries. La fabrique d’Emile Huber ferma définitivement ses portes en 1913.

Aujourd’hui, il n’existe aucun témoignage de ce prodigieux développement industriel et de cette marque de fabrique lorraine. C’est pourquoi le Groupe BLE Lorraine estime qu’un grand musée de la chapellerie lorraine, qui serait situé à Nancy, Sarreguemines ou Puttelange-aux-Lacs, comblerait ce manque tout en concourant au développement économique et touristique de notre territoire.

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Un commentaire

  1. 16aR

    4 octobre, 2012 à 19:26

    Bonjour,

    Ayant appris l’existence d’Emile Huber aujourd’hui, je pense qu’en effet, une mise en avant de cette histoire serait un plus pour la région.
    A priori, la peluche de soie n’est fabriquée nulle part maintenant, la dernière fabrique mondiale étant encore ouverte se trouvait à Lyon jusqu’en 1968… Le haut de forme en soie n’est possible a avoir qu’en vintage.

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