Une quinzaine de Lorrains de France et de Belgique du Groupe Financité Lorraine a dernièrement lancé une monnaie complémentaire à l’Euro. Elle s’appelle l’Epi et circule dans les villes et villages situés de part et d’autre de la « frontière », notamment en Gaume (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2008/12/15/lautre-lorraine/) et dans le bassin de Longwy.
Le raisonnement du Groupe se base sur plusieurs constats irréfutables. Le système actuel est source de nombreuses d’injustices. « Les pauvres paient plus que les riches. Les banques font des choses interdites aux autres, comme par exemple battre la monnaie et se font payer ce privilège en exigeant des intérêts. L’économie repose sur l’emprunt et non sur les richesses réellement créées ».
Pourtant, l’idée du Groupe n’a rien de révolutionnaire. Les monnaies complémentaires existent en effet depuis plus d’un siècle. On en compte aujourd’hui plus de 5 000 à travers le monde, au Japon, au Canada, au Royaume-Uni et même en France. De tous temps, elles ont permis de redynamiser des territoires en crise, en particulier à cause des travers des systèmes bancaires. Par exemple, en Argentine, il y a une dizaine d’années, des secteurs gravement touchés ont réussi à tenir le coup grâce à elles. Mais, au final, comme pour le Wörgl en Autriche, en 1932, elles sont combattues par les élus et les banques, car elles affaiblissent leur pouvoir. Elles font en tout cas beaucoup de bien aux producteurs locaux, qui ne sont plus saigner par les grandes surfaces.
L’Epi Lorrain vise la pérennisation et la relocalisation d’activités économiques et commerciales. Afin que la monnaie puisse conserver son autonomie, seuls des biens de première nécessité peuvent être réglés en Epi, à savoir des aliments, des vêtements ou encore des matériaux de construction pour les bâtiments. Pour faciliter les conversions, un Epi vaut un Euro. Les lieux de change de la monnaie se trouve chez des commerçants qui adhérent au principe. Un pourcentage de 2 % est octroyé au commerçant qui change, afin qu’il trouve son compte dans l’opération. Mais pour repasser en Euros, ce pourcentage est de 5 %. L’argent récolté est prêté à taux zéro pour des projets régionaux, environnementaux ou encore sociaux.
La valeur de l’Epi est par ailleurs fondante, c’est-à-dire qu’elle baisse quand il est stocké. Le but est d’éviter que des sommes fortes soient mises de côté et ne fassent plus tourner le système, comme c’est aujourd’hui le cas avec l’Euro. Des cases pourraient être mises sur chaque billet. Quand le billet est utilisé, un petit tampon, qui changerait tous les six mois, serait posé. Si le billet ne présente pas ce tampon, il aura moins de valeur.
Des dizaines d’associations, de commerçants et d’entreprises ont signifié leur intérêt pour l’Epi.
bloggerslorrainsengages
6 juin, 2012 à 23:27
Au Moyen-âge il y avait des monnaies longue distance équivalentes à l’euro, comme par exemple les monnaies royales et la monnaie byzantine. A côté, des monnaies régionales en plomb ou en cuivre été émises par les abbayes, les évêques, les seigneurs locaux ou encore les sociétés de bienfaisance publique. Elles avaient une durée de vie limitée à celle de la personne qui les émettait. Un tel système dual est un système durable. La plupart des systèmes d’échange traditionnel relèvent d’ailleurs de cette même logique de monnaie régionale, non thésaurisable et robuste sur la durée. Mais selon l’économiste belge Bernard Lietaer, ce système a disparu à cause de la centralisation entreprise par la royauté française à partir du XIIIème siècle et la création d’un monopole.