En 40 ans, un couple de Géromois a réuni 2 000 objets d’art forain. L’ensemble de leur fabuleuse collection sera dispersé les 28 et 29 septembre prochains à l’hôtel des ventes Drouot Montaigne à Paris.
Selon les spécialistes, l’âge d’or de l’art forain se situe entre 1880 et 1914. C’est sur cette période que les deux passionnés ont concentrés leurs efforts. Courant de brocantes en dépôts vente, ils ont réussi à dénicher des trésors remontant parfois au siècle précédent et à acquérir des pièces rarissimes, comme par exemple des sculptures animalières, des bestiaires exotiques et domestiques, des carrousels, des roues de loteries, des jeux de massacres, des théâtres de marionnettes ou encore un manège de chevaux de bois datant de 1920. Composé d’une cavalerie et d’un cochon, animal fétiche du sculpteur Chanvin, ce dernier est estimé entre 30 000 et 40 000 euros. Certaines œuvres de leur collection proviennent des grands noms des manufactures les plus en vue, à l’image d’une arche de Noé de Van Guyse, de centaures estampillés Spooner ou encore des animaux signés Bayol.
L’art forain est menacé de disparition dans la Perle des Vosges (Crédits photo : cavadeos.com)
Pour des raisons personnelles, le couple s’est malheureusement résolu à vendre tout ce formidable patrimoine. Pourtant, l’ambition initiale était d’implanter un musée de l’art forain à Gérardmer. Mais ce projet ne pouvait pas se concrétiser rapidement, le maire de la ville, Jean-Paul Lambert, le chiffrant à 50 millions d’euros.
Le Groupe BLE Lorraine estime que les collectivités territoriales de Lorraine devraient s’unir pour acheter l’ensemble de la collection, dans l’attente de la construction d’un musée à Gérardmer qui serait unique en son genre. Il serait en effet plus que regrettable de d’éparpiller ce patrimoine d’une très grande valeur aux quatre vents, alors qu’il pourrait être source de revenus. Il pourrait en effet porter un projet touristique et économique de grande ampleur dans la Perle des Vosges. D’autant qu’au-delà de la beauté de ses objets, la dimension scientifique de l’entreprise a pris au fil du temps une importance croissante. Il n’y a pas si longtemps que cela, personne ne s’intéressait à ces antiquités. Beaucoup avaient été détruites, souvent brûlées par les forains eux-mêmes qui leur préféraient les nouveaux objets en matière synthétique. Or, ces sculptures et ces décors en bois peints nous rappellent les fêtes foraines de nos grands parents. Les manèges de l’âge d’or n’avaient alors rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. A l’époque, le spectacle était d’une autre nature. Il s’imposait partout dans la rue, entre les parades et les bonimenteurs. C’était un univers à lui tout seul, teinté d’une humanité fébrile en quête d’émotions plus que de sensations fortes. Reflétant cette magie, les sculpteurs et les décorateurs ciselaient leurs œuvres en les parant d’une inventivité fantasque, naviguant dans des mondes féeriques.
Un univers magique qui risque de disparaître à tout jamais si rien n’est fait.