Les négociations entre le Conseil Régional de Lorraine, propriétaire de l’Aéroport Metz-Nancy-Lorraine (MNL) et la société SNC-Lavalin Europe, candidat à sa gestion, ont échoué. En effet, l’« offre finale ne répond pas totalement aux attentes et aux objectifs de la Région ».
La filiale européenne du géant canadien était pourtant le seul et unique candidat à avoir répondu favorablement à la Délégation de Service Public (DSP) lancée en décembre 2009 par la Région, désireuse de confier la structure à un professionnel pour le faire enfin décoller.
Mais la DSP exigeait que le gestionnaire se lance à ses risques et périls dans l’aventure. C’est-à-dire en assumant les pertes financières qui pourraient en découler. Une telle proposition était un véritable cadeau empoisonné quand on sait que l’aéroport est déficitaire depuis l’arrivée du TGV Est Européen. Il lui était en outre demandé d’investir dans le développement d’une Zone d’Aménagement Concertée mitoyenne à celui-ci. Or, pour une concession de seulement douze ans, le retour sur investissement semblait difficile. Il n’est dès lors pas étonnant que des sociétés comme Véolia, Kéolis ou Vinci, généralement très actives sur ce type d’appel d’offres, ne se soient même pas manifestées ! Normal, la Région ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière.
Rappelons que depuis son inauguration en 1991, MNL est géré par le Gigal, un groupement inter-consulaire de gestion, émanation des Chambres de Commerce et d’Industrie de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle. Cette concession s’achève le 31 octobre prochain et l’entité ne souhaite plus poursuivre l’aventure, ou du moins on ne souhaite plus, à juste titre, qu’elle le fasse.
Par conséquent, dans la mesure où son cahier des charges n’intéresse pas les professionnels, la Région n’a pas d’autre choix que de se lancer en régie directe de MNL pour en assurer le fonctionnement et le financement, ainsi pour éponger les dettes avec les sous du contribuable lorrain. Cette prise de fonction devrait passer par la création d’un Etablissement Public Industriel et Commercial (ou EPIC, d’ailleurs cela le sera). Cette structure ne sera pas dans un premier temps adossée à une société privée, même si les acteurs économiques lorrains sont invités à la rejoindre. Mais pourquoi le feraient-ils ?
Au final, nous ne pouvons encore une fois que nous désespérer de voir que l’intérêt général et la vision à long terme d’un tel équipement soient bafoués. C’est franchement scandaleux et irresponsable d’avoir soumis un tel cahier des charges. Ce document aurait quand même pu être réévalué. Les conseillers régionaux voyaient tout de même bien que cela n’intéressait personne ou presque, alors même que MNL constitue, avec sa piste de 3 000 mètres, une infrastructure très convoitée ! La bêtise des incorrigibles politiques lorrains va encore coûter un max à nos concitoyens.
Notons enfin qu’en 2010, la fréquentation de MNL est tombée à 254 000 passagers commerciaux. Aujourd’hui, il lui faudrait 100 000 passagers de plus et 20 000 tonnes de fret pour présenter un bilan financier à l’équilibre. L’année dernière, le déficit s’établissait à 600 000 euros. Autant d’agent qui aurait pu servir à épauler le gestionnaire privé au cas où et surtout à être investi ailleurs pour développer notre territoire.
Voir un rapport en anglais sur les difficultés de MNL sur le site du Parti Lorrain : http://s4.e-monsite.com/2011/04/09/92327334why-does-not-mnl-take-off-pdf.pdf; http://parti-lorrain.e-monsite.com/rubrique,rapports-et-etudes,714209.html.
bloggerslorrainsengages
8 juin, 2012 à 23:49
Le GIGAL (Groupement Interconsulaire pour la Gestion de l’Aéroport Lorrain), cette émanation des Chambres de Commerce et d’Industrie de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, a géré mais pas développé l’aéroport régional depuis son ouverture en 1991. MNL a accueilli près de 280 000 passagers en 2011. La structure en a gagné 120 000 en 20 ans. Pas de quoi pavoiser, d’autant plus que l’aéroport a été dimensionné pour 500 000 usagers par an.
MNL n’a pas su anticiper l’arrivée du TGV Est. Autant il avait su faire face à la disparition progressive de TAT (2000-2003), qui assurait à l’époque la quasi-totalité des vols réguliers, pour dépasser en 2005 le seuil des 350 000 passagers, autant il court toujours après la disparition des 73 000 passagers du Paris-Orly.
Une des seules satisfactions est la croissance régulière d’Air Algérie, arrivée en 2002. Alger est ainsi devenu la seconde destination au départ de MNL, après Lyon mais devant Nice. Du coup, une liaison vers Constantine a vu le jour et devrait devenir régulière. Une troisième vers Oran est également en projet, mais la compagnie manque d’appareils.
Les low-cost et le fret constituent sans doute les deux échecs les plus retentissants du GIGAL, qui laisse dernière lui des hangars vides. Jusqu’à aujourd’hui, le fret aérien ne se résume qu’à deux opérateurs à MNL : DHL, dont on connaît le retrait tragique et La Poste. Cette dernière s’est installée de 1992 à 2003, jusqu’à ce que le gouvernement français lui impose de réduire de 25 % son nombre de vols nocturnes vers Roissy, en raison des nuisances. Depuis cette date, le courrier lorrain est toujours acheminé chaque nuit vers Roissy, mais par camions. Le fret représente pourtant un véritable potentiel de développement. Il faudrait pour cela que MNL accueille des vols réguliers d’une compagnie tout cargo long courrier, mais une telle implantation nécessiterait encore de nombreux investissements sur le site, ainsi que l’existence d’un réseau camionné d’acheminement et de collecte du fret sur toute l’Europe.
L’aviation d’affaires constitue une autre piste de développement pour l’aéroport lorrain. Cependant, la santé de cette activité est directement liée à celle des entreprises susceptibles de financer ce type de déplacements. Dans notre pays fortement touché par la crise, ce marché est aujourd’hui extrêmement restreint. D’ailleurs, les trois sociétés d’aviation d’affaires qui existaient encore en Lorraine il y a une dizaine d’années (Tecnavia à Nancy, Air Services Vosges à Epinal et Euroflight à Metz) ont toutes disparu. Une nouvelle société a certes vu le jour à Nancy, mais elle ne dispose que d’un seul avion pour l’instant. Pas de quoi relancer le trafic de MNL.
bloggerslorrainsengages
21 juin, 2012 à 21:49
Propriétaire des lieux, le Conseil Régional de Lorraine est désormais et pour la première fois l’unique gestionnaire de l’aéroport Metz-Nancy-Lorraine (MNL) depuis la dissolution du GIGAL (Groupement Interconsulaire de Gestion de l’Aéroport Lorrain), une émanation des Chambres de Commerce et d’Industrie de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle.
Pour réussir à pérenniser et à développer l’infrastructure qui souffre d’une concurrence féroce des aéroports voisins et du TGV-Est européen, la Région a mis en place un Etablissement Public Industriel et Commercial) : l’EPMNL (Etablissement Public de Metz Nancy Lorraine).
Si l’idée des vols low-cost semble définitivement abandonnée car trop coûteuse en aides, la Région souhaite relancer les tour-opérateurs et développer l’aviation générale d’affaires. Néanmoins, la relance du fret et le développement de la ZAC aéroportuaire attenante, sont à l’heure actuelle les hypothèses les plus sérieuses.
MNL est un outil exceptionnel qui possède de nombreux atouts, à l’image de sa piste de 3 050 mètres capable d’accueillir les gros porteurs. Sa tour de contrôle s’est par ailleurs finalement vu confirmer son ouverture 24 heures sur 24 (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2011/09/11/la-tour-de-controle-de-mnl-menacee/), une rareté dans le monde aérien. Il y a aussi les 3 600 mètres carrés de hangars, destinés au fret et désespérément vides depuis le retrait de DHL, ainsi que les 1 300 places de stationnement pour les voitures et le parking destiné aux avions de 37 000 mètres carrés.
La zone aéroportuaire emploie pour l’instant 500 salariés : 210 emplois directs et indirects de l’aéroport auxquels il faut ajouter ceux du centre de traitement du courrier de La Poste (voir : http://forumdeslorrains.forumactif.com/t632-la-poste-se-modernise-en-lorraine?highlight=Poste), du centre de formation au pilotage aérien professionnel (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/03/15/une-ecole-de-pilotage-a-laeroport-metz-nancy-lorraine/), d’une unité de recherche en nouvelles technologies de soudure, des locaux administratifs d’une agence de voyages et des bureaux de la Communauté de Communes d’Accueil de l’Aéroport Régional. 13,5 hectares sont encore disponibles dans ce secteur géographique hautement stratégique, puisqu’à proximité des axes aériens, ferroviaires et routiers. Un endroit idéal pour développer des activités de logistique…
L’aéroport, qui a fêté ses 20 ans, semble pourtant comme neuf. Il a été conçu pour accueillir 500 000 passagers par an. C’est tout le paradoxe de cette infrastructure qui ne manque de rien, sauf d’avions, ce qui représente un manque à gagner de 600 000 euros depuis quatre ans. Par conséquent, les Lorrains s’envolent depuis des lustres des aéroports voisins, alors que beaucoup d’argent public a été investi dans ce qui devrait être leur aéroport.
A noter enfin que la Région adhère à l’association EuroCarex Club, qui vise à développer l’intermodalité entre le fret express ferroviaire à grande vitesse et le fret express aérien. De quoi trouver une reconversion à la gare TGV de Louvigny, une fois celle de Vandières sur les rails (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/vandieres-louvigny/).