Il existe un réel impact des résultats sportifs sur l’humeur des gens et sur la santé et l’attractivité d’un territoire. Et c’est d’ailleurs beaucoup plus important que l’on veut bien le croire. Par exemple, quand le FC Metz marchait bien en Ligue 1, cela avait une répercussion positive sur nombre de personnes dans le sillon mosellan, notamment dans les vallées sidérurgiques de l’Orne et de la Fensch. Les habitants voyaient ainsi dans les résultats du club à la croix de Lorraine une vraie fierté. Ils se reconnaissaient dans l’identité et les valeurs qu’il véhiculait. De même, quand le FC Metz est tombait en Ligue 2, cela a été perçu comme un drame, une défaite collective, celle de toute région. Il s’est passé la même chose avec le RC Lens dans le Nord.
Le football et le sport en général peuvent paraître à première vue un peu primaires aux yeux de nombreuses personnes, mais ce sont aussi et surtout de formidables liens sociaux.
Il y a de même des répercussions, souvent inconscientes, sur l’économie, l’image d’une ville et le dynamisme d’un territoire (voir Lyon avec l’Olympique Lyonnais par exemple).
Enfin, quand la France a été sacrée championne du monde en 1998, le Produit Intérieur Brut (PIB) a pris un point de plus l’année suivante selon des études économiques. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’en cas de doute sur le choix d’un partenaire, d’une négociation en business, ou d’un investissement par exemple, les responsables et managers se disaient : « bon, on le choix entre la France, l’Allemagne et la Canada, les trois projets sont équivalents, on prend qui ? Oh, ben la France, attend, ils sont champions du monde, ils doivent être forts ». C’est aussi bête et méchant que ça. Cela repose sur de l’inconscient, de l’analogie et des suppositions qui n’ont rien de rationnel, mais qui fondent au final une décision. On peut tenir plus ou moins le même raisonnement à une échelle locale, en cas de titre remporté ou de projet de nouveau stade notamment.
Un Lorrain En Vadrouille
14 septembre, 2014 à 12:53
Vous allez bien vite en besogne ! Que le sport de haut niveau ait des effets psychologiques et sociaux forts, c’est indéniable, mais que ceux-ci se traduisent économiquement c’est beaucoup plus discutable.
Ainsi, en général les grandes infrastructures sportives financées par des fonds publics génèrent des bénéfices… privés, pour le club. Pourquoi les collectivités devraient-elles financer les clubs de foot plutôt que d’autres entreprises privées ? C’est assez injuste. Par ailleurs les « grands événements », type Euro ou CDM, ont déjà été prouvé comme étant non-rentables, économiquement, pour les pays ou villes hôtes. Et ça paraît logique : construire un stade de 70 millions juste pour trois matchs ? Sérieusement ? Au Bresil, chaque match a coûté *300* millions d’euros ! Jamais les recettes touristiques, bille tiques, etc. ne peuvent compenser une telle dépense.
Sur l’effet économique suite à un titre, là aussi vous vous avancez fortement. Est-ce que le sursaut post-98 est lié à cela (les recherches d’ailleurs suggèrent que ça rend les gens plutôt plus heureux, et donc plus prompts à consommer, plutôt que le mécanisme très étrange que vous décrivez ici), ou à d’autres facteurs macroéconomiques externes ? (L’époque était à une phase de croissance mondiale, qui peut très bien expliquer le surplus de croissance nationale) Mon sentiment (d’économiste) est qu’un titre national peut faire augmenter (un peu) la consommation (et encore, l’Allemagne championne du monde vient d’entrer en récession…). Localement, ça me paraît beaucoup moins évident (même si je reconnais que ça été beaucoup moins étudié).
Dans tous les cas, je ne saurais que trop vous conseiller une lecture attentive de l’ouvrage « Soccernomics » (je ne sais pas s’il existe en français), qui fournit une excellente synthèse de ce que la science économique peut dire sur le football de haut niveau (il coûte dans les 10-15€ sur Amazon).