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Lorraine : un territoire, trois parcs naturels

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La Lorraine possède trois parcs naturels régionaux, à savoir le Parc Naturel Régional de Lorraine, le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord et le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. Nous allons vous les présenter successivement en essayant de mettre l’accent sur leurs particularités.

Créé en 1974, le Parc Naturel Régional de Lorraine (PNRL) couvre une superficie de 219 400 hectares, soit près de 11 % de notre belle province. Le parc a la particularité d’être séparé en deux parties, situées de part et d’autre d’une zone fortement urbanisée du sillon lorrain entre Metz et Nancy. Il s’étend de même sur trois départements de manière équilibrée, à savoir 77 570 hectares en Meuse, 74 357 hectares en Meuthe-et-Moselle et enfin 67 909 hectares en Moselle.

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Etang de Zommange en Moselle (Crédits photos : Parc Naturel Régional de Lorraine)

La partie Ouest du PNRL, qui est la plus étendue, est délimitée par les villes de Verdun, Metz, Nancy, Toul et Commercy. Elle s’étend en outre sur une partie des vallées de la Moselle et de la Meuse, sur les côtes de Meuse et de Moselle et sur la plaine de Woëvre.

Le secteur Est est quant à lui limité par les communes de Château-Salins, Morhange, Fénétrange et Réchicourt-le-Château. Il correspond aux régions naturelles du Saulnois et du Pays des étangs, tous deux situés sur un flux migratoire de nombreux oiseaux. Le PNRL est constitué d’une mosaïque de paysages naturels différents et d’une rare diversité, avec par exemple les pelouses calcaire, le vignoble, la presqu’île de Tarquimpol ou encore les mares salées, ainsi que d’un patrimoine culturel extraordinaire.

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Rhodes sur l’étang du Stock (Crédits photo : Moselle Tourisme, Flickr.fr)

Le cœur du Parc est véritablement le paradis des oiseaux et d’une faune sauvage abondante, notamment dans les Côtes de Meuse, dans le Saulnois et au bord des étangs façonnés par les moines cisterciens durant le Moyen-âge. La zone humide de la plaine de Woëvre constitue quant à elle le royaume des reptiles et des insectes. A noter que plus de 1 500 kilomètres de sentiers balisés permettent de découvrir, à pied ou à cheval, cet espace naturel d’une grande richesse. Tout le territoire est par ailleurs jalonné de musées, à l’image des Maisons du Parc et des sites patrimoniaux, afin de mieux appréhender l’extrême diversité de l’héritage culturel et historique de la Lorraine.

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Paysage des Côtes de Meuse (Crédits photo : Parc Naturel Régional de Lorraine)  

Le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord a quant à lui été créé en 1975. A cheval sur les départements de la Moselle et du Bas-Rhin, il regroupe 113 communes et compte 95 000 habitants. Il fait partie de la Réserve de Biosphère Transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald, qui englobe donc la partie la plus septentrionale du massif vosgien. La couverture forestière du parc est de 65 % avec 83 000 hectares, composés de 45 % de feuillus, 30 % de résineux et de 25 % d’essences mixtes. Le parc comporte de même plus de 2 200 hectares de vergers et une multitude de zones humides. Ces dernières, qui rassemblent les nombreux ruisseaux, étangs, marais, roselières et autres tourbières à sphaignes, sont réunies au sein de la réserve des rochers et tourbières du Pays de Bitche. Elles abritent une faune et flore très particulières, avec notamment une grande variété de renoncules, de libellules, de grèbes, comme la fameuse épipactis des marais, ainsi que des orchidées. Les falaises, rochers, souterrains et combles des très nombreux châteaux médiévaux du secteur font intégralement partie du paysage. Ils abritent des espèces d’oiseaux telles que le grand corbeau, le choucas des tours, le faucon crécerelle et le faucon pèlerin, mais aussi de nombreuses chauves-souris comme la pipistrelle ou la noctule commune, et bien entendu lézards, araignées, papillons et autres salamandres. Le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord présente également des milieux ouverts variés, avec des pelouses sablonneuses, des pelouses calcaires, des landes et des vergers traditionnels qui hébergent aubépines, orchidées, gentianes, mais aussi alouettes, chouettes et huppes.  D’un point de vue architectural et culturel, le parc compte près de 40 châteaux-forts, comme le Grand Arnsbourg, le Ramstein, le Falkenstein et le Waldeck, de nombreux musées, plusieurs sites archéologiques et un nombre important d’édifices religieux. La plupart des châteaux-forts qui coiffent les pitons et les rochers escarpés des Vosges du Nord ont été construits entre le début du XIIème siècle et le milieu du XIVème siècle. Les bâtisseurs élevèrent de véritables nids d’aigle et aménagèrent parfois des cavités naturelles, au point que certains rochers et châteaux ne semblent faire qu’un. Même s’ils pouvaient servir de résidences, ils furent avant tout pensés pour être des lieux de replis et de défense. Ce n’est donc pas étonnant qu’ils furent le théâtre de nombreuses guerres féodales et le repaire de quelques chevaliers-brigands. L’alimentation en eau des châteaux était essentielle pour la survie des habitants en cas de siège. Mais, l’approvisionnement par un puits étant quasiment impossible en raison de la configuration des lieux, d’ingénieux systèmes de récupération des eaux de pluie, de filtration de l’eau par le sable et de citernes furent mis en place dans certains édifices. Dans la mesure où ils ne protégeaient plus efficacement les habitants du fait de l’évolution des armes et techniques de guerre, ces forteresses furent progressivement abandonnées à partir du milieu du XVème siècle. Aujourd’hui ces monuments en ruine abritent une faune et une flore particulière, ainsi que de nombreux promeneurs et amoureux d’histoire.

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Château-fort du Waldeck (Crédits photos : Franck LECHENET)   

Remarquons de la même manière que le parc comporte plusieurs ouvrages militaires, notamment de la Ligne Maginot, avec les ouvrages du Simserhof et du fort Casso à Rohrbach-lès-Bitche, ainsi que le fort Saint-Sébastien et l’impressionnante citadelle de Bitche. Plusieurs musées méritent également le détour, comme le Musée du sabot à Soucht, la maison du verre et du cristal et le centre verrier international à Meisenthal, ou encore le moulin d’Eschviller à Volmunster. 

A noter que les Vosges du Nord abritent également de nombreux vestiges archéologiques qui sont les témoins de mouvements de populations et des activités que les hommes ont développées sur ce territoire dès la préhistoire. On retrouve ainsi des ouvrages défensifs comme les éperons barrés, des sépultures et des aménagements pour les activités agricoles et artisanales. Le territoire lorrain du parc présente des maisons traditionnelles à l’architecture particulière, avec les maisons à pan de bois de Moselle et ce que l’on appelle les maisons « bloc ». Celles-ci rassemblent dans le même volume et sous un même toit l’habitation et les annexes agricoles, comme la grange et les écuries. À ce type de fermes s’ajoutent des maisons qui sont fonction du statut et de l’activité du propriétaire, avec principalement les maisons de maître ou les presbytères. Situé sur un territoire à forte identité, le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord propose donc un riche éventail de visites culturelles dédiées aux arts et traditions populaires de la région. 

Les Vosges du Nord s’inscrivent par ailleurs dans une grande tradition industrielle autour des secteurs de la métallurgie, du travail du verre et du cristal, du grès et du bois avec un massif forestier qui couvre près deux tiers de la superficie du parc. On retrouve dès lors des noms aussi prestigieux que la cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche, où fut produit le premier cristal d’Europe en 1779, la verrerie de Goetzenbruck ou les ateliers d’Emile Gallé à Meisenthal. Actuellement une vingtaine d’entreprises du secteur verrier et du cristal sont installées sur le territoire du parc et emploie environ 1 000 personnes. Cette activité aux savoir-faire artisanaux reste donc profondément ancrée, même si les centres décisionnels des principales entreprises ont depuis été délocalisés. Une formation spécialisée est dispensée au lycée professionnel de Bitche. L’origine de cette industrie remonte à la Renaissance, où des verreries ambulantes se trouvaient sur le territoire. La production s’étalait alors de Pâques à la Saint-Martin dans le cadre d’un artisanat familial, où le savoir-faire se transmettait de père en fils. Le four à verre pouvait de même servir à plusieurs familles. Le déboisement obligeait les verriers à déplacer leur four. Les éléments de base du verrier à cette époque étaient en effet le bois, des cendres de fougères et de bruyère, de l’eau et du sable. Le tout était porté à fusion. Au fur et à mesure des évolutions technologiques, l’eau fut remplacée par la vapeur, puis par l’électricité. Le bois fut de même de moins en moins utilisé, à la différence du charbon au XIXème siècle, puis du mazout, c’est-à-dire du fuel domestique, et enfin du gaz naturel. Les Ducs de Lorraine contribuèrent à l’essor de cette industrie, qui fut accompagnée d’une croissance démographique. Il en résulta un déboisement important, une ouverture des chemins, une transformation des hameaux verriers en villages, ainsi qu’une fixation des verreries.

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Baerenthal (Crédits photos : Roger RUCH) 

Le paysage des Vosges du Nord est avant tout marqué par l’omniprésence de la forêt. Le taux de boisement peut ainsi atteindre 90 % de l’espace. La beauté des milieux, aux formes douces et modelées par le grès, l’eau et la forêt, trouve sa force dans l’alternance entre les boisements et les espaces ouverts. L’altitude moyenne se situe entre 300 et 580 mètres. Le substrat gréseux explique la pauvreté agronomique du sol et la présence prédominante de la forêt, relativement équilibrée entre feuillus et résineux. Les espaces ouverts sont rares, dans la mesure où les prés, autrefois fauchés, ont bien souvent laissé la place à des friches ou à des boisements spontanés ou volontaires. La richesse de la faune et de la flore tient quant à elle à l’omniprésence du grès et à la diversité des milieux, notamment des étangs, des tourbières ou des roselières. La pinède sur tourbe, que l’on trouve uniquement dans le Bitcherland, constitue une relique de la période post glaciaire. Le pin sylvestre y est présent sous forme d’un écotype remarquable appelé pin de Hanau. La tourbière, milieu à caractère nettement continental, est un milieu unique en France. Il faut dire que son aire naturelle se trouve dans les pays de l’Est, en Pologne ou en Biélorussie, et correspond au stade d’évolution terminal des fameuses tourbières à sphaignes, présentes également dans le Pays de Bitche. Ces tourbières acides sont très sensibles aux moindres perturbations écologiques. Elles hébergent des espèces très spécifiques telles que les droséras, petites plantes carnivores ou encore la magnifique et rarissime Calla des marais. Rappelons que les tourbières ont deux origines possibles, l’une naturelle datant de la période postglaciaire et l’autre humaine, qui remonte à la période médiévale. Elles se forment par accumulation des sphaignes en milieu humide et sans oxygène. La Réserve Naturelle des Rochers et Tourbières du Pays de Bitche a été créée en 1998, afin de préserver cet écosystème exceptionnel. Elle fait partie de la Réserve Transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald, classée biosphère mondiale par l’UNESCO.

Enfin, si tous les étangs des Vosges du Nord sont d’origine artificielle, les ruisseaux de tête de bassin versant, aux eaux pures et faiblement minéralisées, abritent des plantes remarquables comme le potamot à feuilles de renouée, la renoncule peltée et l’œnanthe fluviatile. Ces petits torrents, d’une grande qualité, sont également le paradis des écrevisses à pattes rouges.   

Terminons notre exposé par la présentation du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. Ce dernier a été créé en 1989. Il regroupe 208 communes et une population totale de 256 000 habitants. A cheval sur quatre départements, à savoir le Haut-Rhin, la Haute-Saône, les Vosges et le Territoire de Belfort, ses 3 000 km² en font l’un des plus vastes de France.

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Le Hohneck, sommet de la Lorraine (Crédits photo : Chicos54, Flickr.fr)

Le parc s’organise autour des Hautes Vosges, la partie la plus élevée de ce massif qui faisait autrefois partie de la chaîne hercynienne. Ses milieux très diversifiés abritent une faune et une flore emblématiques, avec notamment le chamois, le lynx, le faucon pèlerin, le grand tétras, la canneberge ou encore la droséra. A noter que le parc recèle également des milieux naturels rares, tels que les hautes-chaumes, les tourbières, les hêtraies-sapinières, les forêts collinéennes de chênes et de hêtres, les pelouses calcaires, de nombreux cours d’eau et torrents, des lacs ainsi que des étangs. Fortement marqué par une présence humaine ancienne, le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges est un territoire vivant, dont l’homme a su très tôt exploiter l’eau, le bois, la pierre et le sous-sol, avec notamment la mine de cuivre des Ducs de Lorraine située au Thillot, pour développer l’industrie et l’artisanat. Il fut aussi le témoin d’une histoire mouvementée liée aux différents conflits mondiaux.

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3 Commentaires

  1. bloggerslorrainsengages

    28 novembre, 2012 à 23:40

    La Lorraine reste méconnue pour ses paysages variés et son patrimoine naturel qui est pourtant exceptionnel. Elle présente de nombreuses forêts, des pelouses calcaires, des mares salées continentales et des tourbières qui abritent une extraordinaire biodiversité. Afin de préserver cette richesse, six réserves naturelles régionales ont été créées en complément des trois parcs naturels régionaux. Elles tissent un réseau de 1 390 hectares qui s’étoffe progressivement.

    La Côte de Delme en fait partie depuis 2007. Traversée par la voie romaine qui va de Metz à Tarquimpol, sur les hauteurs de la petite commune de Puzieux (190 habitants), la richesse de sa flore, composée entre autres d’orchidées sauvages, de scabieuses ou d’œillets des Chartreux, est protégée. Une activité pastorale y est même réapparue. Depuis une dizaine d’années, 200 moutons y paissent d’avril à octobre sous la surveillance d’un berger. Le pâturage intensif permet de préserver la faune et la flore sur ces pelouses calcaires sèches en évitant qu’elles ne s’enfrichent.

    L’urbanisation et l’artificialisation des sols menacent néanmoins l’écosystème lorrain. 3 500 hectares de terre supplémentaires sont grignotés chaque année alors que tant d’anciennes friches industrielles sont à reconvertir.

  2. bloggerslorrainsengages

    10 décembre, 2012 à 0:17

    La Sarre née au pied du Donon, dans les Vosges mosellanes. Longue de 120 km, elle traverse la Lorraine, l’Alsace avant d’entrer en Allemagne dans le Land de Sarre puis en Rhénanie-Palatinat pour se jeter dans la Moselle à Konz.

  3. bloggerslorrainsengages

    31 décembre, 2012 à 12:59

    Classé Réserve Mondiale de la biosphère par l’UNESCO, le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord abrite plus de 8 000 espèces animales et végétales sur ses 133 000 hectares aux deux tiers boisés de moyennes montagnes gréseuses émaillées de vallées échancrées. Le patrimoine naturel et l’incroyable richesse de la partie la plus septentrionale du vieux massif figurent en haut de la liste des plus beaux secteurs encore sauvages de France.

    Si certaines espèces comme le grand tétras ou la gélinotte des bois ont malheureusement disparu, d’autres, à l’image du hibou grand-duc ou de la petite chouette chevêchette, sont revenues et se portent bien.

    Les premiers inventaires de la flore remontent au XVIIIème siècle. Au cours des trois dernières décennies, plus de 800 articles scientifiques et sept thèses ont été publiés sur le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.

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