Les crues de la Vezouze, dans le Lunévillois, ont longtemps été redoutables, voire mortelles. C’est pourquoi des travaux importants ont été entrepris afin de lutter contre ces inondations récurrentes. Il s’agissait en premier lieu d’effectuer un curage drastique du lit de la rivière. Ainsi, au lieu de contraindre le cours d’eau, ce dernier a été libéré de ses digues inopportunes et doté de chenaux de crues. Les berges ont également été aménagées et plantées de végétaux qui contribuent à l’épuration naturelle des eaux. Le génie hydraulique et la recherche du développement durable ont permis de maîtriser le débit de l’eau et d’offrir à la faune et à la flore de nouveaux refuges. L’expérience lunévilloise n’est qu’un exemple de ce qu’on appelle depuis une vingtaine d’années l’écologie de la restauration.
L’étang de Lindre en Moselle (Crédits photos : Moselle Tourisme sur flickr.com)
Le domaine de Lindre, en Moselle, fut quant à lui le pionnier de cette nouvelle discipline. Il se présente aujourd’hui comme le résultat de cinq années d’opérations de réhabilitation de l’environnement local. Le plus grand bassin piscicole de France a servi de cadre à diverses expérimentations qui furent plus ou moins concluantes pour rendre aux 622 hectares d’étangs, 23 km de berges et 13 millions de mètres cube d’eau leurs qualités originelles. En effet, l’eutrophisation et l’atterrissement par manque ou excès de matières gazeuses ou organiques menaçaient le site de disparition sans intervention humaine.
Le chantier du marais de Droitaumont, près de Jarny, est enfin un bel exemple des doutes et des contraintes suscités par la restauration écologique. Le département de la Meurthe-et-Moselle a consacré pendant l’hiver 2009-2010 86 000 euros à la restauration du site, classé « espace naturel sensible », qui abrite une centaine d’espèces d’oiseaux et plus de 600 espèces d’insectes et de batraciens. Ce marais ne doit son existence qu’à un accident. Un affaissement minier a en effet créé, dans les années 1950, cet étang de cent hectares en forme de papillon, devenu, au fil des ans, un éden pour les chasseurs de canards sauvages. A tel point que ceux-ci ont édifié un barrage de fortune pour préserver leur terrain de jeu, après l’arrêt du pompage des eaux d’exhaure en 2004. Le maintien du barrage fait aujourd’hui courir un risque d’envasement. Mais sa suppression poserait un problème d’acceptation sociale, autrement dit un risque de conflit avec les chasseurs locaux.
(Source : Le Républicain Lorrain)