Les bâtiments laissés par Guillaume II à Metz ont quelque chose d’impérial. De colossal aussi. Mais pour bien les comprendre, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Pour l’empereur prussien, Metz devait être la vitrine de la puissance allemande. C’est pourquoi la ville a été structurée militairement pour l’ancrer définitivement dans l’Empire. Tout a alors été mis en œuvre pour germaniser Metz, avec une gare digne de ce nom, un palais du gouverneur à la hauteur, un hôtel des métiers qui se voit, un Temple Neuf inspiré de la cathédrale de Spire et quelques autres pépites dont l’Hôtel des Mines et celui des Postes. Ce dernier, paré de grès rose des Vosges, est peut-être avec l’imposante gare qui lui fait face, l’un des symboles les plus représentatifs de la puissance impériale allemande. Il fête son siècle d’existence en mai 2011.
L’Hôtel des Postes à Metz (Crédits photo : JuJu939)
Un premier projet de style néobaroque signé par Karl Statsmann, professeur à l’école technique de Strasbourg, fut proposé en 1902. Mais il fut refusé par le Kaiser. Ce denier voulait en effet conserver une certaine homogénéité avec les édifices de style néo-roman aux abords de la gare. Ce furent finalement les plans de l’architecte Ludwig Bettcher qui furent approuvés en 1903. Les travaux commencèrent en 1907. Le bâtiment, inauguré en 1911, ressemble au palais du gouvernement à Coblence et au palais royal de Poznan, construits peu de temps auparavant.
L’aspect monumental de l’Hôtel des Postes vient de sa hauteur, de l’épaisseur de ses murs, souvent pleins malgré la multiplicité des fenêtres romanes, et du soubassement marqué par le relief saillant de la pierre. La haute tour centrale qui évoque un donjon accentue cet effet. L’intérieur du hall, très vaste et lumineux, rappelle toutefois la vocation pacifique de l’édifice. La Poste centrale de Metz a été construite en face de la gare pour des raisons logistiques et pour satisfaire les exigences militaires impériales, puisque la rapidité d’acheminement du courrier était capitale, surtout en cas de conflit.
Cet imposant édifice, d’inspiration médiévale, occupe un îlot de cent mètres de côté. Il dispose d’une superficie totale de 20 000 mètres carrés. Ce volumineux ensemble a été dessiné de façon à mettre en valeur chacun de ses angles par une tour différente.
Son style néo-roman est basé essentiellement sur des reliefs dans la pierre, avec quelques motifs fantastiques ou symboliques sur des chapiteaux, ainsi que des colonnes en granit gris. La variété des ouvertures permet de différencier ses trois niveaux : des grandes baies dans les salles d’accueil du public, des fenêtres pour les services internes, des lucarnes en gradins pour les escaliers et des fenêtres rondes aux paliers. Jusqu’en 1919, un aigle impérial trônait sur sa façade. Il a été effacé après la première annexion allemande.
Rappelons enfin que l’Hôtel des Postes de Metz est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1975.