Après dix ans de collaboration, Pablo Correa et l’AS Nancy-Lorraine se sépareront à l’issue de l’exercice en cours. Sous contrat jusqu’en juin 2012, le technicien franco-uruguayen a en effet dernièrement choisi de mettre un terme à son aventure lorraine avant son échéance.
Une telle annonce constitue une vraie révolution pour Nancy, puisqu’aucun club professionnel en France, qu’il soit de L1 ou de L2, ne peut à l’heure actuelle se targuer d’une telle union en termes de longévité pour un entraîneur.
Arrivé au chevet du club au chardon le 11 novembre 2001, au moment où les Lorrains végétaient au 20ème rang de la deuxième division, Pablo Correa sut à l’époque sauver les meubles, avant d’obtenir la promotion du club parmi l’élite à l’issue de l’exercice 2004-2005. Sans jamais rechuter depuis.
Mais à 44 ans, Pablo Correa a choisi de tourner sa seconde page nancéienne. Correa a en effet également joué à Nancy entre 1995 et 2000. Néanmoins, quelque chose nous dit que l’entraîneur indissociable de l’ASNL reviendra un jour ou l’autre sur le banc du stade Marcel-Picot. Surtout quand lui-même affirme qu’il ne se « vois pas dans un autre club ».
Correa avait déjà arrêté sa décision avec son président, Jacques Rousselot, début mars, au moment où sa formation peinait à s’extirper de la zone rouge, lui qui admettait alors que son message ne passait peut-être plus auprès de ses joueurs. Selon l’intéressé, « c’est le fruit d’une longue réflexion. Je pense que le club a besoin d’autre chose et je ne peux pas lui apporter cela car il est difficile de se renouveler en permanence. Comme je n’ai pas envie de voir l’ASNL en difficulté, je préfère partir. Le temps est passé par là. Quand on signe un contrat de longue durée, on croit que c’est acquis. La facilité aurait été que je reste au club. J’ai un bon contrat. Mais je n’ai jamais été dans la facilité, surtout pas ici à Nancy. On est toujours à la recherche de leviers pour tirer le groupe vers le haut. Là, je commence à avoir des manques par moment. Je ne suis pas attaché à mon siège. Je ne vais pas dire que ça va tout de même fonctionner si je n’ai pas tous ces leviers ».
Sous sa houlette, le club lorrain a quelque peu redoré son blason, avec en point d’orgue cette Coupe de la Ligue remportée en 2006 aux dépens de l’OGC Nice au Stade de France. De même, alors que les Cédric Lécluse et Frédéric Biancalani faisaient encore office de piliers, l’ASNL s’est illustrée sous ses ordres en terminant le championnat 2007-2008 en quatrième position, non loin d’un billet qualificatif pour le dernier tour préliminaire de la Ligue des champions. Un résultat historique pour l’équipe lorraine, qui n’avait réalisé une telle performance qu’en 1962 et en 1977, quand un certain Michel Platini évoluait sous ses couleurs. Par ailleurs, l’ère Correa fut également marquée par deux participations en coupe d’Europe plutôt réussies (élimination de Schalke 04, aujourd’hui en quart de finale de la Ligue des Champions, et défaite contre le Shakhtar Donetsk, également en quart de finale de la Ligue des Champions cette saison, en huitièmes de finale de l’Europa Ligue).
Bien que lesté par des débuts catastrophiques sur sa pelouse synthétique flambant neuve et pas franchement aidé non plus par le corps arbitral, Nancy devrait néanmoins cette année encore prolonger son bail en Ligue 1, pour la cinquième fois consécutive.
En parallèle, pour de nombreux observateurs, Correa c’est aussi l’école du « jouer moche ». Afin d’effacer une étiquette d’entraîneur « défensif » qui commençait à le gratter sérieusement, il avait bien tenté d’instaurer une évolution offensive à sa palette, mais dut systématiquement se résoudre au rétropédalage faute de résultats. Aujourd’hui, Pablo Correa est un homme entier, intelligent mais également complexe et sanguin. C’est l’un des entraîneurs les plus singuliers et charismatiques de Ligue 1 avec Frédéric Antonetti. Arrivé en seconde position des personnalités les plus « sympathiques » du championnat français il y a quelques saisons, le Franco-Uruguayen est pourtant un bon client pour les journalistes et la commission de discipline, deux organes qu’il apprécie à peu près autant.
Toujours est-il que pour Jacques Rousselot, une telle décision constitue un « déchirement ». En effet, pour le président de l’ASNL, Correa a « toujours été loyal, honnête, respectable et respecté. On a su se comprendre, s’apprécier et il existe un respect profond entre nous. Chacun savait rester à sa place. C’est à mon avis ce qui explique la longévité de notre collaboration ». Et d’ajouter : « tant que Pablo Correa sera à la tête du staff technique de l’ASNL, l’ASNL restera en Ligue 1 ».
Convaincu que « l’institution ASNL est plus grande que n’importe quelle personne », Correa a donc choisi de rompre unilatéralement des liens que son président ne se serait jamais résolu à briser. Il a souvent laissé entendre qu’il partirait de son propre chef et avait déjà semé quelques indices au cours de cette saison tumultueuse.
En officialisant le départ de Pablo Correa, le club au chardon a tourné l’une des plus belles pages de son histoire. Ainsi, avec les départs possibles ou annoncés d’André Luiz, Marama Vahirua, Julien Féret et Youssouf Hadji, celui de leur entraîneur marque véritablement la fin d’un cycle. Correa va laisser un grand vide en Lorraine.
Merci pour tout Pablo.
bloggerslorrainsengages
1 avril, 2011 à 15:44
Vous pouvez retrouver ces vidéos sur notre site BLe Web TV : http://blewebtv.e-monsite.com/rubrique,sports-en-lorraine,431540.html.
Soprano
1 avril, 2011 à 23:03
Une nouvelle page (difficile?) s’ouvre pour Nancy…
bloggerslorrainsengages
6 mai, 2011 à 21:14
En cas de rélégation de l’ASNL à l’issue de cette saison, Pablo Correa pourrait finalement honorer sa dernière année de contrat, afin de faire remonter Nancy en Ligue 1. Histoire de ne pas partir sur un échec.
bloggerslorrainsengages
8 juin, 2011 à 22:47
En 6 ans, l’entraîneur franco-uruguayen a fait passer l’ASNL des tréfonds de la Ligue 2 à l’Europa League.