Il ne reste désormais plus qu’un seul repreneur en lice pour la Société des Aciers Fins de l’Est (SAFE) basée à Hagondange. Il s’agit du groupe français Farinia qui envisage d’injecter 27 millions d’euros sur cinq ans sur le site lorrain, afin d’en faire son outil de forge pour l’automobile. Farinia compte financer cet investissement avec le concours du FMEA (Fonds de Modernisation des Equipementiers de l’Automobile) et de l’ILP (Institut Lorrain de Participation), en partenariat avec Renault, principal client de la SAFE qui représente 45 % de son chiffre d’affaires. Il prévoirait également la suppression d’une soixantaine d’emplois dans une usine qui en compte environ 320. Mais Farinia devra encore compléter son dossier, car il reste des conditions suspensives à remplir.
Rappelons que la SAFE, détenue depuis 2007 par le groupe HZ Holding, accuserait des pertes de l’ordre de 8 millions d’euros en 2010, soit 10 % de son chiffre d’affaires. Pourtant, ce ne sont pas les commandes qui manquent. L’acier que transforme la SAFE dans sa forge provient pour l’essentiel de l’aciérie voisine d’Ascométal. L’échec de la reprise de cette usine historique de la sidérurgie lorraine serait une véritable catastrophe en termes de perte d’emplois et de savoir-faire.
bloggerslorrainsengages
1 avril, 2011 à 10:26
C’est Louis Renault qui a créé la SAFE en 1932 pour fournir les tôles de ses voitures. Mais ce ne fut qu’en 1952 qu’il lança, en plus de l’aciérie, la forge pour les pignons (forge à chaud) et les arbres (forge à froid) de ses boîtes de vitesses. La société comptait alors 3 000 salariés. C’était le temps où les constructeurs automobiles ne juraient que par l’intégration verticale de leurs activités pour fabriquer de A à Z leurs véhicules. Depuis, ils ont appris à sous-traiter.
Le destin de la SAFE a basculé au début des années 1980, quand Renault céda le tout au sidérurgiste français Usinor Sacilor, qui en fait deux pôles : l’aciérie avec Ascométal, ainsi que la forge avec SAFE, cette dernière étant toujours entièrement dédiée à l’automobile. C’est à ce moment-là qu’on commença à parler d’Ascométal et de sa filiale Ascoforge-SAFE. Les deux sociétés sont quasiment enclavées sur le même site, à Hagondange. Ascométal fournit d’ailleurs le plus gros du tonnage d’acier des pièces de forge de sa voisine.
Mais, de restructuration en restructuration, la sidérurgie lorraine a éclaté ses plus beaux fleurons. Ascométal et Ascoforge-SAFE passèrent ainsi chez l’Italien Lucchini, qui fut lui-même repris par le Russe Severstal dans les années 2000. Le Russe Mordachov, propriétaire d’Ascométal, céda Ascoforge-SAFE à l’Allemand Johann Hay, l’un des grands forgerons européens spécialisé dans les pièces de forge pour camion. Le groupe promit d’investir à Hagondange. Mais la crise a plombé l’industriel qui céda à son tour la forge lorraine à une société allemande de façade, HZ Holding. Cette dernière accumula les pertes avec près de 10 millions d’euros en 2010, si bien que SAFE Automotive fut placée en redressement judiciaire le 5 janvier. Renault, principal client, finit par accepter l’augmentation des prix et paya les salaires.
Vendue, revendue, la forge lorraine, qui emploie encore 320 salariés, souffre donc de l’absence d’investissements, malgré un carnet de commandes toujours bien rempli.
Aujourd’hui, deux repreneurs sont intéressés. Le groupe français Farinia et l’Italien Bifrangi, qui après avoir renoncé une première fois mi-mars, est dernièrement revenu dans la partie. En effet, la PME familiale italienne se verrait bien étendre son périmètre d’action en France, en y décrochant un client de renom comme Renault.
La décision du tribunal de commerce devrait intervenir le 13 avril prochain. Il en va de l’avenir de la filière forge qui apporte de la valeur ajoutée à l’industrie lorraine.
bloggerslorrainsengages
1 mai, 2011 à 22:00
La chambre commerciale du Tribunal de Grande Instance de Metz a finalement décidé que la SAFE d’Hagondange sera reprise par le groupe français Farinia. L’offre de ce dernier a ainsi été préférée à celle de l’Italien Bifrangi.
Le projet de Farinia prévoit de supprimer 61 emplois parmi un effectif de 320 salariés. Le repreneur se donne deux ans pour remettre la SAFE à flots, même s’il estime qu’il faudra bien trois à quatre années pour diversifier son chiffre d’affaires.
Son projet industriel s’appuie sur 28 millions d’euros d’investissements et sur les aides du Fonds de Modernisation de la Sous-traitance Automobile, de l’Institut Lorrain de Participation et du Fonds Lorrain de Consolidation, afin de moderniser l’outil de production. La société sera par ailleurs divisée en trois pôles distincts : la forge à chaud (40 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un effectif de 100 personnes), la forge à froid (30 millions d’euros de CA et 100 salariés) et la société d’outillage et de maintenance (7 millions d’euros de CA et 39 employés).
bloggerslorrainsengages
6 mai, 2011 à 21:31
Suite à la reprise de la SAFE par le groupe français Farinia, 65 licenciements seront prononcés, dont 41 correspondent à des départs volontaires. La société annonce également qu’elle dispose d’une possibilité de reclassement pour 35 personnes.
bloggerslorrainsengages
18 août, 2011 à 23:18
La reprise de la SAFE par Farinia s’est finalement traduite par la suppression de 71 emplois, dont 44 par départs volontaires et 27 par licenciement.
bloggerslorrainsengages
31 juillet, 2013 à 12:20
Reprise il y a deux ans par le groupe Farinia, l’ex-SAFE (Société des Aciers Fins de l’Est) de Hagondange a redoré son blason et retrouvé la confiance de son personnel et de ses clients. Les installations ont été remises à niveau et de nouvelles machines ont été acquises. Les 250 salariés ont touché l’intéressement et l’entreprise renoue avec les embauches.
La stratégie du groupe Farinia a été payante. Le site lorrain a intégré son pôle forge, baptisé Setforge, afin de devenir un des leaders européens. Avec 1 240 salariés et 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’ensemble est déjà le premier forgeron en France et le cinquième en Europe. L’usine hagondangeoise a été divisée en trois unités distinctes : la forge à froid (110 personnes), la forge à chaud (100 salariés) et l’activité outillages services (40 employés). Cette segmentation a complètement redynamisé l’entreprise. En outre, cette dernière peut désormais s’appuyer sur le centre de recherche et de développement du groupe, afin de développer des nouveaux processus industriels plus économes et plus respectueux de l’environnement, ainsi que des produits à plus forte valeur ajoutée.
13 millions d’euros ont été investis dans la forge à chaud pour l’équiper d’une ligne de forge horizontale avec traitement thermique. Elle sera par ailleurs dotée d’une grenailleuse d’ici la fin de l’année pour produire 30 000 pièces par poste. La soudure par friction de la forge à froid a également été améliorée. Un bain de préparation des lopins pourrait enfin y être installé, afin de réduire les rejets de zinc, moyennant un investissement de 2,5 millions d’euros.