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Ouvrir Verdun et la Meuse au tourisme

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La commémoration du centenaire de la bataille de Verdun aura lieu en 2016. L’évènement constitue un enjeu mémoriel et économique très important pour la Meuse, département qui compte un peu moins de 200 000 habitants. C’est pourquoi, une nouvelle manière d’appréhender le tourisme a été initiée sur une terre qui vit débarquer ses premiers visiteurs-pèlerins dès 1919.

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Ossuaire et cimetière militaire de Douaumont (Crédits photo : Jean-Pol Grandmont)

Chaque année, près de 400 000 visiteurs, dont 70 000 scolaires, se rendent sur les champs de bataille de Verdun. D’ici 2014, avec la célébration du centenaire du début de la Première Guerre mondiale, les responsables espèrent doubler leur nombre. Mais l’intensification du tourisme de mémoire ne se fera pas à n’importe quelles conditions. Ainsi, ils ne veulent pas que s’instaurent un tourisme de masse irrespectueux de la solennité du site, avec des voitures circulant dans tous les sens et des gens s’éparpillant dans les bois. Pour cela, le cheval et le vélo pourraient aider à mettre en place des flux propres et silencieux. 

Néanmoins, dans le but de faire de Verdun le site de référence de la Grande Guerre avec des moyens modernes, c’est toute la politique mémorielle et touristique qui doit être repensée. Certaines mesures, comme le fait qu’au printemps 2011, toutes les poubelles des aires de pique-nique devront avoir disparu, au nom du respect de l’environnement et du lieu patrimonial, nous apparaissent d’ores et déjà incompréhensibles. D’autres sont heureusement plus censées. Comme l’idée de vouloir tirer parti des 8,5 millions de fiches signalétiques du service des combattants qui se trouvent aux archives départementales de la Meuse. Certains envisagent ainsi de numériser toutes les fiches qui suivent à la trace les Poilus et les autres combattants pour 2014 et de les mettre en ligne afin qu’elles soient consultables sur internet. Ces documents ont en effet un fort pouvoir d’attraction pour les gens qui veulent renouer avec leur histoire familiale et rechercher leurs racines. Nombreux sont ceux qui viennent à Verdun et sont très émus de découvrir le terrain où l’arrière-grand-père s’est battu et a été tué. 

A l’heure actuelle, près de 400 sites ont été exhumés et sont visibles à des degrés divers. Il en reste encore beaucoup à redécouvrir, avec potentiellement 3 000 emplacements. Des petites batteries, des abris, des stèles aujourd’hui couverts de ronces et de taillis ne demandent qu’à être exhumés. Dans le périmètre de la zone rouge, où les archéologues essayent de travailler précautionneusement, rien ne se fait par hasard. Malheureusement, des pillards viennent et réduisent à néant leur travail. Au mépris de toutes les consignes de sécurité, ils sont à la recherche des plaques de soldats qu’ils revendront sur eBay avec la mention « Verdun authentique ». Il faut dire que c’est l’endroit le plus riche en souvenirs de guerre. Chaque semaine, les forestiers exhument une tonne d’obus qu’il faut évacuer. 

Quand ils viennent ici, les visiteurs prennent conscience que sous cette beauté végétale, c’était l’apocalypse. Tout est sacré : le sol, les paysages, la forêt. Car, tout autour de la butte de Froideterre, c’est un paysage bouleversé qui se dessine, avec des fondrières à demi remplies d’eau qui témoignent encore de la violence des combats qui se déroulèrent en 1916. Au-delà, c’est aujourd’hui une forêt sacrée, un sanctuaire. Une forêt historique et artificielle plantée de pins noirs d’Autriche et d’épicéas, puis de feuillus, au lendemain de la guerre. Contrairement à ce que les gens croient, la bataille de Verdun ne s’est pas déroulée dans une forêt. En 1914, ici il y avait des villages, avec des champs, des pâtures, des vergers, des petits bosquets. La forêt a depuis recouvert de son manteau vert le plus grand cimetière du monde. C’est aussi le dernier champ de bataille intact de la Grande Guerre. Un territoire naturel et vivant qui ambitionne désormais de décrocher le label « forêt patrimoine », au même titre que d’autres massifs prestigieux tels que Compiègne ou Fontainebleau. Une première étape avant de briguer une inscription au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. 

De nos jours, la forêt de Verdun représente un massif de 17 000 hectares en zone rouge, soit le territoire des combats. La faune et la flore se sont emparées pacifiquement des vestiges militaires et ont recouvert d’un tapis de feuilles et de mousse les restes des villages détruits. Des colonies de chauves-souris rares ont investi les forts. Cet univers de peines et de douleurs est devenu également un paradis pour les populations les sonneurs à ventre jaune, un petit crapaud aux yeux en forme de cœur. Des orchidées sauvages poussent sur les pelouses calcaires. 

Verdun est l’un des sites les plus authentiques au monde de la Guerre de 1914-1918. Dans la Somme, en Turquie ou dans les Dardanelles, il ne reste plus rien. En Meuse, la forêt a permis de préserver les champs de bataille. La Meuse, terre spoliée et meurtrie, doit maintenant apprendre à tirer profit d’un tourisme historique qui ne cesse de s’amplifier, avec des visiteurs venant du bout du monde.  

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2 Commentaires

  1. bloggerslorrainsengages

    28 juin, 2011 à 0:21

    Le fort de Douaumont vient de recevoir une première livraison de guides multimédia pour les visiteurs. Ces petits boîtiers à écran tactile, munis d’un casque audio, permettent de bénéficier de 45 minutes d’images animées et de commentaires pour mieux visiter l’ouvrage, symbole de la Première Guerre Mondiale. Une application pour smartphones devrait également voir le jour. Cette dernière permettra d’accéder à la géolocalisation du site et à quelques informations pratiques.

  2. bloggerslorrainsengages

    25 août, 2013 à 15:39

    Verdun, 1916. La ville est la cible principale des offensives allemandes qui visent à affaiblir le moral des Alliés, en vain. 306 000 Français et Allemands y perdirent la vie. 410 000 autres furent blessés. Les multiples attaques ont laissé le paysage meurtri à jamais : 10 000 hectares de forêt, neuf villages entièrement détruits, dont deux ont été reconstruits. 60 millions d’obus ont été tirés. 15 à 20 % n’ont pas explosé.

    L’Ossuaire de Douaumont, érigé de 1920 à 1932 en forme d’une épée plantée dans le sol, accueille les ossements des soldats. 15 000 tombes se trouvent devant, dans le cimetière militaire du site (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2011/01/12/premiere-renovation-depuis-1932-pour-lossuaire/).

    Il est possible de découvrir les monuments des champs de bataille dans une calèche attelée à deux chevaux de trait comtois. Quarante-cinq minutes de balade commentée, au son des sabots, pour remonter le temps et s’immerger dans la Zone Rouge de la Bataille de Verdun (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2008/11/07/le-nouvel-eldorado-de-la-zone-rouge/). L’abri des « Quatre Cheminées », poste de commandement de brigade creusé sous la crête de Froideterre qui tient son nom des quatre cheminées d’aération visibles depuis la route, se dévoile alors sous un nouveau jour. La structure, qui pouvait contenir 142 hommes, est dotée d’une casemate de Bourges et d’une tourelle à éclipse. L’ouvrage fut frappé le 23 juin 1916 par une terrible offensive au cours de laquelle les blessés furent pris au piège des bombardements et des gaz.

    La forêt de Verdun est récente. Après la guerre, les champs de bataille ont été reboisés de résineux, pins et épicéas. Des feuillus sont également replantés depuis une quarantaine d’années, notamment des hêtres, essences typiquement meusiennes. Dans la verdure qui a désormais recouvert les horreurs de la guerre, les grenouilles, les tritons et les crapauds sonneurs à ventre jaune ont trouvé refuge dans les trous laissés par les obus, devenus des zones humides idéales.

    Dans les villages détruits (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2011/01/15/des-villages-sacrifies-a-cause-de-la-france/), des plaques ont été installées à l’emplacement de chaque maison, magasin ou bâtiment public. Chaque village a sa chapelle et son conseil municipal, composé d’un maire et de deux adjoints, afin de préserver sa mémoire.

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