Le marché de l’emploi transfrontalier de la Grande Région souffre de deux problèmes structurels, à savoir sa trop grande complexité et son manque de visibilité. Ceci entraîne une certaine incompatibilité entre l’offre et la demande. Par exemple, les services publics de l’emploi des cinq territoires (Lorraine, Luxembourg, Rhénanie-Palatinat, Sarre et Wallonie) sont obligés de consulter les annonces d’offres d’emploi dans les quotidiens, afin d’obtenir une approche du marché de l’emploi dans la région voisine. De même, quelqu’un qui veut accéder aux offres d’emploi ou même les intermédiaires que sont Pôle emploi, Arbeitsamt sarrois, Adem luxembourgeois ou Abeo de Wallonie, ne disposent pas d’un site sur lequel se connecter pour connaître les opportunités d’emploi chez le voisin.
Or, aucun autre territoire en Europe n’affiche un nombre aussi élevé de frontaliers que la Grande Région. En effet, plus de 200 000 personnes travaillent aujourd’hui dans un pays voisin, ce qui traduit une très forte mobilité. Par ailleurs, les marchés de l’emploi des différents territoires ont tendance à se regrouper autour du marché du travail luxembourgeois. Les marchés régionaux ne sont donc pas des îlots complètement isolés, mais dépendent en grande partie du climat socio-économique de la Grande Région.
En augmentant la transparence des différents marchés de l’emploi de part et d’autre de la frontière, il serait donc possible d’accroître leur complémentarité. Employeurs et salariés ne pourraient qu’en profiter.
En Lorraine, la barrière de la langue redevient cependant un obstacle, dans la mesure où les jeunes pratiquent de moins en moins la langue allemande, contrairement à leurs aînés. De même, du côté de Sarreguemines, en dépit d’infrastructures favorables avec notamment la présence d’un train-tram qui circule quotidiennement entre la cité des faïences et Sarrebruck, les frontaliers sont moins mobiles qu’il y a dix ans. Enfin, la question primordiale de la qualification de la main d’œuvre lorraine, qui éprouve de réelles difficultés à répondre au recrutement de l’autre côté de la frontière, pose encore problème depuis la fermeture des mines.