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Sur les traces du Traité des Pyrénées

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Le Traité des Pyrénées fut signé le 7 novembre 1659 entre la France et l’Espagne. Cette dernière puissance perdit Thionville et Montmédy. Certains articles concernaient également le Duc de Lorraine, allié du roi d’Espagne. Mais Charles IV, qui n’a pas participé aux négociations, protesta. Le conflit fut seulement réglé deux ans plus tard, en février 1661, par Mazarin, neuf jours avant sa mort, par le traité de Vincennes. Avec celui-ci, Charles IV récupéra le Barrois mais perdit la région de Sierck et le château de Montclair sur la Sarre. Les fortifications de Nancy durent par ailleurs être démolies. Louis XIV exigea enfin un corridor pour relier Verdun à Metz, villes annexées 100 ans plus tôt, ainsi que Metz à l’Alsace, région acquise en 1648 par la France. Après notre dernier chemin de découverte sur ce thème, empruntons à présent cette route dite « de France » pour les Lorrains, et « d’Allemagne » pour les Français.

Citadelle Montmedy

Par le Traité des Pyrénées, Montmédy et une partie du Nord lorrain furent cédés par l’Espagne (Crédits photo : Ji-Elle)

En partant de Verdun, il faut prendre la voie vers Metz qui passe par Maizeray et Mars-la-Tour. En 1661, afin de relier ces deux évêchés, la France annexa 33 localités, dont 24 dépendaient de l’abbaye de Gorze. Une bande de deux kilomètres de large est ainsi concédée de chaque côté de la route. Les limites de ce corridor sont marquées par des bornes frappées de la fleur de lys et de la croix de Lorraine. Certaines d’entre elles subsistent encore aujourd’hui. Nous arrivons ensuite au creux du vallon dans lequel se niche Gorze, ville chargée d’histoire et berceau du chant messin, ancêtre du chant grégorien. Sa célèbre abbaye bénédictine fut fondée en 749 par l’évêque de Metz. L’édifice actuel marque le passage de l’art roman à l’art gothique. On peut aussi se promener dans le jardin du palais abbatial reconstruit vers 1700, après le rattachement à la France. 

Depuis Metz et en direction de l’Alsace, nous passons par Delme qui abrite une magnifique synagogue, édifice aujourd’hui dévolu à l’art contemporain, et Moyenvic. Le rattachement de cette saline, très importante pour le ravitaillement du Duché de Lorraine en sel fut confirmé par le traité de Vincennes. Dans cette seconde partie du corridor, la France annexa 49 localités. Non loin de là, se dresse Marsal, ville qui devait être démantelée depuis 1641, mais qui était toujours occupée par les troupes lorraines en 1661. Deux ans plus tard, Louis XIV vînt en personne en Lorraine avec ses soldats pour s’emparer de cette place forte hautement stratégique sur la route du sel.

Notre itinéraire se prolonge par Sarrebourg et s’achève à Phalsbourg, au pied des Vosges mosellanes. Cette ville fut fondée en 1568 par un comte du Palatinat. A la suite de difficultés financières, Phalsbourg fut vendue au Duc de Lorraine. La cité, qui devint française en 1661, était en ruine. Elle avait en effet été totalement détruite au cours de la guerre de Trente Ans. Elle  sera reconstruite 20 ans plus tard par Vauban. 

Ainsi, à partir de 1661, les Duchés de Lorraine et de Bar furent coupés en deux par la route de France. Les traités des Pyrénées et de Vincennes marquèrent en outre le début du processus d’annexion et d’avancée de la frontière de la France en Lorraine. Notre pays ne connut cependant que quelques années de paix. Car, dès 1670, en prévision d’une nouvelle guerre, Louis XIV décida d’occuper à nouveau les Duchés dans le but de barrer la route des soldats espagnols entre la Franche-Comté et les Pays-Bas actuels. Le Duc de Lorraine se rangea une nouvelle fois dans le camp adverse. A l’issue de ce conflit, la frontière avança encore avec l’annexion de Longwy, de Bitche et de la région de Sarrelouis.

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