Suite à la défaite française face aux forces du IIIème Reich en moins de six semaines, la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin sont annexés à l’Allemagne hitlérienne en dépits des accords d’armistice signés avec le régime de Vichy. Ce dernier se borne à de faibles protestations. Le Luxembourg est également annexé.
La Moselle fut rattachée à la Sarre sous les ordres du Gauleiter Josef Bürckel. Sa première action consista à rapatrier les populations évacuées en septembre 1939 par l’administration française. 1940 marqua le début de la « germanisation » de l’administration, de la législation, de l’état civil ou encore de l’école. Seule la langue allemande fut autorisée. Les adolescents et les adolescentes furent incités à rejoindre les camps de jeunesse hitlérienne, à savoir les Hitler-Jugend, qui devinrent obligatoire en 1942. Le Reichsarbeitsdient (RAD), un service paramilitaire obligatoire, fut de même introduit en 1941. Les noms des rues furent changés, les comptes en banques transformés en Deutsche Mark, mais seulement aux deux tiers de leur valeur. La propagande nazie prit le relais un peu partout.
Le Führer accorda deux ans aux Gauleiter pour faire des annexés de vrais Allemands et de vrais nazis. Ils échouèrent, puisque seuls 1 800 à 2 000 jeunes gens s’engagèrent volontairement dans la Wehrmacht. Parmi eux, 800 étaient en fait des enfants de colons allemands. De manière paradoxale, Hitler refusait l’incorporation dans ses armées des Alsaciens et des Mosellans qu’il considérait comme des traîtres. Mais la Bataille de Stalingrad, qui marqua la première défaite des troupes du IIIème Reich depuis le début du second conflit mondial, fut longue et meurtrière. Le Führer avait donc besoin de nouvelles troupes, si bien qu’il céda devant l’insistance des Gauleiter et décréta la mobilisation générale le 25 août 1942 en Alsace et le 29 août 1942 en Moselle. Les classes 1922, 1923 et 1924 furent appelées à revêtir l’uniforme allemand en octobre 1942. D’autres suivirent. En août 1944, l’armée allemande, bien déjà aux aboies, appela encore les jeunes de 16 ans. Les nazis déportaient la famille entière si les jeunes ne partaient pas. Tout le monde le savait en Moselle, mais la difficulté de cette position et de cette situation reste encore largement méconnue en France.
Les plus anciens avaient déjà vécu la guerre sous l’uniforme français entre septembre 1939 et juin 1940. Sur 100 Allemands, il y a avait deux Lorrains, pas plus. Les nazis avaient peur des rebellions. Ils furent 130 000 au total et furent par la suite nommés les Malgré-Nous.
Nombre d’entre eux furent envoyés sur le front russe. 40 000 Malgré-nous ne sont jamais revenus. Ils ont laissé leur vie sur les champs de bataille ou sont morts dans des camps de prisonniers. Le plus connu est le camp soviétique de Tambow, où le taux de mortalité était extrêmement élevé. Un musée lui est de nos jours consacré à Amnéville-les-Thermes. Situé à 400 km au Sud-Est de Moscou, ce camp semi-enterré était en pleine forêt. Les températures descendaient en-dessous de -30°C. Les conditions de vie y étaient effroyables. 15 à 20 000 Alsaciens et Mosellans y ont été regroupés, avec des Luxembourgeois, des Italiens et des Roumains, mais pas d’Allemand. Alliée pendant la guerre à l’URSS, la France avait pourtant connaissance de la présence de ces prisonniers. Une stèle en leur honneur a dernièrement été érigée à Sarreguemines.
Aucun Mosellan ne fut incorporé dans la SS. Pourtant, d’abord très sélectifs en matière d’idéologie, de « race » et de condition physique, les critères d’incorporation dans la Waffen-SS furent peu à peu assouplis. A partir de l’hiver 1943, cette dernière comptait de nombreuses nationalités, en général encadrées par des vétérans allemands fanatiques.
Depuis, la France a voté une loi d’amnistie pour tous les Malgré-Nous.
Emmanuel
22 décembre, 2010 à 14:36
Merci de mettre un peu de lumière sur l’Histoire absolument méconnu de nos parents et grand-parents …
Citons parmi d’autres les œuvres littéraires de Jacques Gandebeuf (http://mosellehumiliee.free.fr ) et de Lauent Kleinhentz. Elles vous apporteront des éclairages enrichissants.
Sadler Sonny
25 décembre, 2010 à 19:04
Merci de rappeler sur votre blog la tragédie des Alsaciens et Mosellans enrôlés de force par les nazis.
Emmanuel a parfaitement raison de dire que cette histoire est méconnue, notamment par la quasi totalité des Français de
J’ajouterai aux oeuvres littéraires citées, le formidable ouvrage de Nicolas Mengus et d’ André Hugel : Malgré nous ! Qui raconte le témoignage d’anciens incorporés de force…
Il est publié par:
LA TOUR BLANCHE
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TEL 03 88 54 93 43
bloggerslorrainsengages
25 décembre, 2010 à 20:14
Merci pour vos commentaires et vos ajouts
N’oublions pas non plus l’exode des populations: http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/11/05/memoire-mosellane-a-sarreguemines/.
Groupe BLE Lorraine
15 novembre, 2016 à 20:39
Sur les 134 000 Malgré-Nous, 31 000 étaient Mosellans, pour la plupart envoyés sur le front de l’Est. Près de 30 % de ces incorporés de force dans la Wehrmacht et faits prisonniers par l’Armée Rouge y ont trouvé la mort, sur le front ou dans les camps de prisonniers comme Tambov.