Metz est une ville fascinante, déroutante aussi. Elle se laisse difficilement appréhender, comme une énigme. Il n’est pas si facile pour le visiteur et pour le citadin de se retrouver dans ce dédale aux 3 000 ans d’Histoire.
Metz avec le Temple Neuf, le Pont des Roches et le Quai Paul Vautrin (Crédits photo : Marc Ryckaert)
Rares sont les villes qui ont connu un destin aussi tourmenté. Toute l’histoire de Metz est faite de destructions et de reconstructions. Il faut prendre la mesure de cette cité qui était, à l’époque romaine, avec ses thermes et son amphithéâtre gigantesque, l’une des plus importantes du continent. Entièrement rasée par les Huns, elle redevint, quelques siècles plus tard, une cité prospère, berceau de la renaissance carolingienne.
Bien qu’appartenant plus tard au Saint Empire Romain Germanique, Metz bénéficiait, à l’époque médiévale, d’une indépendance politique et économique. Devenue française en 1552, la ville fit l’objet de démolitions préventives, qui lui permirent de résister au siège de Charles Quint. Tous ses faubourgs furent détruits, tout comme les nombreuses églises et abbayes situées à l’extérieur des murailles, réduisant à néant un passé prestigieux. Les reconstructions intra-muros densifièrent les tissus. « Corsetée » par les fortifications de Vauban, la ville connut ensuite de nouvelles démolitions, conduites cette fois, à des fins d’embellissement, par le Maréchal de Belle-Isle. Blondel remodela les abords de la cathédrale, mais ses magnifiques aménagements furent à leur tour en partie détruits.
Ce qui est ainsi fascinant dans cette ville, comme dans sa cathédrale, c’est le processus chaotique qui la génère, ainsi que son rapport tendu à l’histoire et à la topographie. Paradoxalement une harmonie, voire une élégance, mêlée de force, en résulte. Metz a accumulé au fil des millénaires un patrimoine d’une très grande richesse. Ses strates historiques s’imbriquent les unes dans les autres, de telle sorte que l’on ne peut en capter la cohérence que dans la durée. Son image se construit mentalement comme un puzzle, par fragments, ou plutôt par articulation d’impressions successives.
(Source : presse régionale)
bloggerslorrainsengages
30 décembre, 2011 à 0:57
En Lorraine, la moindre balade en forêt ou en ville peut se transformer en voyage dans le temps. A Metz, il reste par exemple une soixantaine de flèches blanches peintes sur des bâtiments. Celles-ci indiquaient les emplacements des abris en cas de bombardement pendant la guerre.
bloggerslorrainsengages
21 juin, 2013 à 15:46
Pendant des siècles, Metz a été une ville fortifiée entourée de remparts, comme en témoigne encore aujourd’hui la Porte des Allemands. Au cours de sa longue histoire, la place a subi plusieurs sièges. A chaque fois, les assaillants échouèrent dans leur tentative. Les Messins étaient fiers de cette résistance à laquelle ils avaient contribué et étaient persuadés que leur ville était imprenable. Le blason de la ville était agrémentée d’une pucelle pour signifier cette virginité militaire.
A tel point, qu’à la fin de l’été 1870, l’Etat-major prussien n’envisageait pas de mettre le siège devant Metz mais de poursuivre l’armée principale française et de la contraindre à un combat dont il espérait une issue favorable. Dans cette perspective, trois batailles furent engagées autour de Metz : à Borny le 14 août, à Mars-la-Tour-Rezonville le 16 août et à Gravelotte-Saint-Privat le 18 août. Mais à ce stade des hostilités, au lieu de poursuivre la marche sur Verdun, Bazaine replia l’armée du Rhin dans Metz. Compte-tenu de ces nouveaux éléments, Moltke, le commandant en chef de l’armée prussienne, décida de mettre le siège devant la ville et de bloquer la place pour empêcher l’armée du Rhin, composée d’environ 150 000 hommes, d’en sortir puis de la contraindre à capituler. Le siège de Metz fut le plus important de la guerre de 1870-1871 après celui de Paris. L’armée prussienne fit capituler toutes les places, à l’exception de Bitche et de Belfort, qui n’ont ouvert leurs portes qu’après la signature de l’armistice. Le siège de 1870, achevé le 27 octobre, constitue le dernier siège de Metz et le seul à n’avoir jamais réussi. Quelques années plus tard, la ville devint la plus fortifiée du monde.
bloggerslorrainsengages
3 juillet, 2013 à 16:40
A la différence de Paris et de Lyon, la ville de Metz ne s’est pas construite autour de son fleuve. La cité aux 3 000 ans d’histoire est née sur la colline Sainte-Croix, à la confluence de la Moselle et de la Seille. C’est là que s’installèrent les Médiomatriques, dont le nom signifie « Ceux au milieu des Eaux-Mère ». Mais c’est autour d’une seule rivière, la Seille, que s’est développée la ville médiévale, laissant la Moselle de côté. Lors de la réalisation des douves au XVIème siècle, la Seille, qui passait par les Rues Haute-Seille, des Tanneurs et de Basse-Seille, avant de rejoindre son cours actuel par le boulevard Paixhans, a été en partie comblée pour défendre la ville. Elle fut même entièrement déviée à l’extérieur des remparts par les Allemands pendant l’Annexion.
De son côté, la Moselle n’est rentrée dans Metz qu’au début du XXème siècle, avec notamment le rattachement de Devant-les-Ponts. Les militaires, avec Fort Moselle dans le quartier des Isles et l’actuel régiment des Hussards situé Avenue de Blida, ainsi que l’industrie, avec par exemple le port Mazerolle et les entrepôts côté Ban-Saint-Martin ou encore l’ancienne Manufacture des Tabacs, ont également contribué à l’intégration du fleuve à la ville. Mais, excepté le quartier des Isles et sur les quais Paul-Vautrin ou Félix-Maréchal, l’urbanisation ne s’est pas véritablement organisée autour de l’eau.
Désormais, Metz a compris qu’il a intérêt à se tourner davantage vers la Moselle, afin de renforcer son attractivité. De frontière, celle-ci a vocation à connecter les quartiers et à valoriser les secteurs industriels de la ville. Le fleuve doit également s’offrir aux touristes et habitants comme un lieu de promenade où il fait bon s’attarder.
Groupe BLE Lorraine
22 août, 2015 à 12:18
Une Cour des Miracles, voilà à quoi devait ressembler la Rue d’Enfer au Moyen-âge à Metz. Elle était si mal fréquentée qu’on la fermait à ses extrémités avec des grilles dès la nuit tombée pour éviter que ne se répandent, dans la ville, canailles, marauds, carambouilleurs et autres gredins, mais surtout la misère qui, visiblement, l’habitait. Certains historiens estiment que cette sale réputation lui a valu le nom de Rue d’Enfer. En fait, cette interprétation serait diablement courte. Beaucoup de villes comptent des rues d’Enfer. Ce nom signifierait, en vérité, rue inférieure. A Metz, elle se trouve en effet en contrebas de la Colline Sainte-Croix. Enfer ferait alors simplement référence à sa position et à la condition des gens qui y vivaient. L’enfer était peut-être même en Nexirue. Si cette rue a changé plusieurs fois de dénomination au cours des siècles, ce qui est sûr, c’est qu’il ne faisait pas toujours bon s’y rendre ou y être convoqué. Au Moyen-âge, certaines exécutions publiques s’y déroulaient sur une placette aujourd’hui disparue.