Du haut de ses 306 mètres, il domine la charmante commune de Châtel-Saint-Germain, aux portes de Metz. La silhouette si familière de l’ancien prieuré à son sommet lui confère tantôt un caractère romantique et envoûtant, tantôt étrange, fascinant et terrifiant les soirs d’orage et de pleine lune. L’éperon barré de Châtel-Saint-Germain, promontoire rocheux de sept hectares n’a en effet pas fini de livrer ses secrets …
Vestiges du prieuré sur le Mont Saint-Germain (Crédits photo : Aimelaime)
L’hypothèse d’un village celte sur le mont a été confortée par la découverte de lingots de fer destinés à des forgerons et de toute une série d’objets datant de l’âge du fer. Mais l’élément le plus remarquable attestant de cette présence humaine reste le rempart, précédé d’un fossé, qui traverse toute la zone. Ce dernier est d’ailleurs dénommé le « talus sous les pins ». Non loin de là, se dressait, à une autre époque, un château-fort du XIIIème siècle qui appartenait à l’évêque de Metz Jean d’Apremont. En longeant le rempart, on peut en découvrir quelques vestiges, dont une base d’une tour. Les historiens pensent que la forteresse a été détruite au cours de la « Guerre des amis », conflit qui a vu s’opposer entre 1231 et 1234 l’évêque de Metz et le Duc de Lorraine. Ce dernier ayant triomphé. Le visiteur peut également voir un four à pain du XIIème siècle, les ruines d’une maison forte de chevaliers et surtout les vestiges du prieuré de l’abbaye Saint-Vincent de Metz, ainsi qu’un cimetière et une nécropole mérovingienne. Cette dernière a ainsi pu être datée grâce à des boucles de ceintures et des objets de luxe retrouvées dans les sépultures et aujourd’hui exposés dans une salle du patrimoine à Châtel-Saint-Germain. La nécropole se caractéristique par l’existence de tout type de tombes, en pleine terre, creusées dans la roche, ou avec des sarcophages. En tout et pour le moment, 373 sépultures ont été fouillées et près de mille corps ont été exhumés. Le sanctuaire tomba progressivement dans l’oubli et la désuétude au moment où les habitants, las de gravir le Mont-Saint-Germain, demandèrent à ce que l’église du village, construite au XVème siècle, soit déclarée paroissiale. Ils obtinrent finalement gain de cause en 1760 et c’est à ce moment-là que fut élevée l’église actuelle de Châtel-Saint-Germain, non loin de l’ancienne. Aujourd’hui, des discussions sont en cours afin d’aménager le site archéologique du Mont Saint-Germain avec la communauté d’agglomération de Metz-Métropole, dans l’optique de le mettre en valeur.
Le patrimoine de Châtel est en outre riche de bien d’autres curiosités historiques et naturelles. Pour les découvrir, rien ne vaut mieux que d’emprunter les nombreux chemins balisés par le Club Vosgien de Metz. Vous pourrez ainsi apercevoir l’ancienne route de guerre, un four à chaux, les vestiges d’une batterie installée par les Allemands et utilisée de 1907 à 1910, dont il ne subsiste que les plaques tournantes, la chapelle Notre-Dame du Gros Chêne, un escalier de 360 marches, mais aussi des cormiers, arbres de plus en plus rares, ou encore le célèbre hêtre des batailles. En raison de la configuration du terrain et de sa situation, Châtel-Saint-Germain offre une variété de sentiers que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le Pays Messin. De même, deux lavoirs alimentés par une source subsistent encore dans cette petite ville de 2 184 habitants, à savoir celui de Saulcy, en bordure du ruisseau de Montvaux, et celui de la rue de Verdun. A ce magnifique petit patrimoine, si caractéristique de la douce Lorraine, se trouvent six fontaines toujours alimentées, ainsi que deux autres qui restent en sommeil. Vous pourrez aussi découvrir l’un des nombreux forts construits par les Allemands sur les côtes de Moselle, comme le fort Jeanne d’Arc. Construit en 1901, il servit principalement entre 1945 et 1995 pour le contrôle aérien et les transmissions. Le fort de Guise faisait quant à lui partie d’un groupe fortifié qui comprenait les ouvrages de Leipzig et de la Folie.
L’histoire Châtel-Saint-Germain est ainsi intimement liée à la vie militaire. Plus pour longtemps, car suite aux iniques et odieuses restructurations militaires, le 1er Régiment Médical de la ville et ses 1 055 personnes disparaîtront en 2011 pour s’installer dans l’Ain. Ceux-ci résidaient dans le quartier Serret. La construction des premiers bâtiments de la caserne actuelle fut décidée par les Allemands. Elle se fit entre 1912 et 1918. Le quartier Serret passa ensuite successivement entre les mains françaises, puis à nouveau allemandes entre 1940 et 1944, avant d’être une nouvelle fois récupéré par les Français.
Aujourd’hui, riche de son passé et de son patrimoine, Châtel-Saint-Germain s’est résolument tourné vers l’avenir. La commune a ainsi inauguré en 2008 une toute nouvelle salle omnisports de 250 places avec gradins.