C’est une voiture 100 % lorraine, comme en témoigne la croix qui lui sert de sigle. Même la cour de Russie en possédait une à la fin du XIXème siècle. Le véhicule dont nous parlons, c’est bien sûr la Lorraine-Dietrich, voiture de luxe et de sport qui a remporté les 24 heures du Mans en 1925, avant de réaliser le triplé l’année d’après.
Un siècle après ces trois décennies de gloires, la Lorraine-Dietrich n’a rien perdu de sa superbe. C’est une marque mythique, de par son histoire et sa puissance. Elle a ainsi été la première voiture à rouler au-dessus des 100 km/h pendant 24 heures. Il y en avait des points de vente partout, même à New-York. Mais depuis ce modèle devenu rare et prisé des collectionneurs, puisqu’il n’en existe plus que 162 dans le monde.
A l’initiative de l’Automobile Club Lorrain, trois de ces modèles sont dernièrement revenus sur leurs terres, à Lunéville, près de l’usine qui a vu naître cette marque aujourd’hui oubliée. L’entreprise fut en effet installée ici en 1879 par la famille de Dietrich. Le site compta jusqu’à 2 000 salariés en 1898. La même année dans la course Paris-Amsterdam-Paris, puis en 1903 au salon de l’automobile de Paris, les premiers modèles défrayèrent la chronique en raison de leur carrosserie d’aluminium ayant la forme d’un bateau. L’aérodynamisme était né.
La marque avait les meilleurs ingénieurs, à l’image d’Ettore Bugatti ou de Marius Barbarou. Les propriétaires de Lorraine-Dietrich avaient tous un point commun, ils étaient richissimes, que ce soient des industriels, des médecins ou des maîtres de forges, comme le comte de Saintignon, bien connu à Longwy. Il faut dire que rien que le châssis de cette voiture valait à lui seul l’équivalent de 19 600 euros d’aujourd’hui, sans la carrosserie !
En 1905, en pleine gloire, la famille de Dietrich se retira pour faire place à la société lorraine des anciens établissements de Dietrich & Cie de Lunéville. Dans la mesure où Lunéville n’arrivait plus à suivre, une nouvelle usine fut créée en 1907 à Argenteuil. L’entreprise meurthe-et-mosellane, fortement endommagée pendant la Première Guerre Mondiale se consacra, après 1918, à la fabrication de moteurs d’avion. La production de voitures s’arrêta quant à elle en 1933. La Lorraine-Dietrich était alors dépassée par la concurrence, avec des voitures moins voyantes et plus rapides. Aujourd’hui, la marque mythique survit encore grâce à des passionnés.
(Source : presse régionale)