La rentabilité de l’exploitation d’un minerai est « volatile », dans le sens où cette notion varie selon les époques. Ainsi, au début de l’exploitation industrielle, les moyens de transports étaient relativement peu développés, il fallait donc aller chercher du minerai au plus proche, peu importe la teneur en fer. L’essor des moyens de communications et la découverte au tournant des années 1960 de très grands et de très riches gisements de fer à ciel ouvert, rendant ainsi leur exploitation beaucoup plus aisée, au Brésil, en Mauritanie, en Australie ou encore au Canada, ont petit à petit tué la minette lorraine. Mais de nos jours la situation pourrait de nouveau s’inverser, dans la mesure où les principaux producteurs de minerai de fer ont augmenté leurs prix de 180 % depuis le mois de janvier 2010. Si l’augmentation continuait à ce rythme, il serait à nouveau rentable d’exploiter de la minette lorraine. Il faut dire que dans un autre domaine et selon le même modèle, il est bien aujourd’hui rentable d’exploiter les schistes bitumineux canadiens en raison du prix élevé du baril de pétrole. Avant les différents chocs pétroliers et les réévaluations successives de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), une telle situation était pourtant inimaginable.
En outre, il est communément admis par certains que l’importation de minerai de fer par avion serait moins onéreuse. C’est faux, compte-tenu du coût du transport aérien et des très faibles capacités de chargement d’un avion en comparaison du transport maritime. C’est pour cela que cette hypothèse n’a jamais vraiment été sérieusement envisagée.
Concernant l’importation des minerais « exotiques » décrits précédemment, l’usine d’Uckange a été la seule à en accepter très tôt et quasi exclusivement. Les autres complexes lorrains s’y sont néanmoins mis également, dès 1983 à Hayange par exemple.
Nous n’allons pas refaire l’histoire et résumer en quelques mots les raisons du déclin de la sidérurgie en Lorraine. Il faudrait d’ailleurs y consacrer un livre entier. Mais par l’observation de certains phénomènes, plusieurs facteurs peuvent néanmoins être évoqués, comme l’intérêt grandissant des industriels pour la sidérurgie sur l’eau, c’est-à-dire directement liée à une embouchure maritime pour être au plus près des bateaux amenant le minerai de contrées lointaines, comme du côté de l’étang de Berre ou du Havre par exemple, mais aussi la faillite de certaines sociétés, l’absence de véritable politique industrielle de la part de l’Etat français, l’abandon de la dynastie De Wendel, la désunion des syndicats … Tout cela a engendré un immense gâchis, sur le plan économique et social. Et cela continue encore du côté de Gandrange et de Carling. Quand on sait que nos voisins allemands ont réussi à conserver bien plus d’installations industrielles … Ils avaient en effet compris dès le milieu du XIXème siècle que la production devait être diversifiée et transformée sur place. Les Français firent exactement le contraire en Lorraine, plus ou moins volontairement. Sur les 100 000 sidérurgistes lorrains en 1960, on estime que moins de 10% travaillaient à la transformation de la matière première. Ce qui revient à dire que la sidérurgie lorraine était une sidérurgie de type coloniale, qui devait fournir des matières brutes.
Il est enfin possible que la question d’exploiter à nouveau la minette lorraine se pose à plus ou moins long terme, dans la mesure où il reste encore la moitié du stock. A l’heure actuelle, le fer est une matière première dont on ne peut pas se passer. La question deviendra encore plus évidente au moment où les autres gisements seront épuisés. Il faudra donc bien se tourner vers ceux qui peuvent encore être exploités. Mais est-ce vraiment d’ailleurs encore le cas en Lorraine ? Il paraît en effet impossible aujourd’hui de rouvrir de nombreuses mines lorraines puisque ces dernières ont été (trop tôt) ennoyées. Un retour en arrière, si possibilité il y a, est donc plus qu’improbable. D’ici là, la sidérurgie lorraine aura sans doute un tout autre visage. Elle sera certainement entrée dans une ère post-carbone, avec des procédés qui permettent de fabriquer de l’acier sans charbon et en utilisant l’électricité. Mais la revanche lorraine pourrait bien venir désormais de l’eau de ces galeries …
bloggerslorrainsengages
25 mars, 2011 à 12:25
Selon certains, il resterait encore un milliard de tonnes de fer à exploiter dans le bassin ferrifère lorrain.
De même, l’ensemble du sous sol à l’Ouest de la Moselle n’aurait pas été totalement sondé. Une partie des prospections aurait néanmoins été réalisée par le célèbre Pierre Maubeuge pour le compte de sociétés et d’Etats.
Le pétrole lorrain n’a quant à lui généré aucun emploi ni richesse dans le Saintois lors de son exploitation épisodique dans les années 1970, notamment sur le site de Praye. Les sondages effectués n’ont en effet rien révélé de véritablement intéressant, même si depuis 2004 tous les sous-sols entre Paris et les Vosges sont, soit exploités, comme dans la Meuse, soit explorés, soit en attente de la délivrance d’une autorisation.
Certains pourraient cela dit être tentés d’exploiter les schistes bitumineux du Toarcien de Vandœuvre-lès-Nancy ou d’autres zones de Lorraine.
bloggerslorrainsengages
25 mars, 2011 à 12:29
Techniquement, l’ennoyage pose un tas de problèmes, mais qui peuvent être résolus. Par exemple, le pompage peut reprendre dans de nombreux secteurs.
En réalité, c’est surtout l’expérience disparue des mineurs qui rendrait difficile le fait de rouvrir les exploitations. Car les plus jeunes d’entre eux ont maintenant plus de 60 ans.
bloggerslorrainsengages
24 juin, 2012 à 15:01
La station de pompage des eaux minières de l’ancien carreau du puits Simon 5 a dernièrement été mise en route à Forbach. Elle est constituée de deux bassins de décantation de 8 000 mètres cubes et de deux lagunes de 2 000 mètres cubes.
Situées à une profondeur d’environ 200 mètres, les eaux minières remontent à la surface au moyen d’une pompe hydraulique. Elles passent dans une grosse conduite, ruissellent sur une cascade d’oxygénation pour que le fer ferreux soluble dans l’eau se transforme en fer ferrique insoluble dans l’eau, avant de se jeter dans le bassin de décantation.
Toutes les installations de cette station devraient être mises en service au printemps 2013. Après un contrôle qualité, les eaux se déverseront dans le Bruchgraben puis dans la Rosselle.
La station, qui s’étend sur 400 hectares, représente un investissement de 2,5 millions d’euros.
bloggerslorrainsengages
28 novembre, 2012 à 23:57
L’ennoyage des galeries de mines est en cours depuis 2006. Fin 2011, 95 % des vides miniers seront ennoyés. La surveillance de la remontée des eaux s’accompagne d’un traitement particulier de ce problème, qui passe par la mise en œuvre de stations de pompage et d’un traitement des eaux pompées par lagunage. Pomper dans les réservoirs miniers est indispensable pour éviter toute migration de panache d’eau minéralisée vers les forages d’alimentation en eau potable. Les eaux pompées fortement minéralisées, chargées de près de 50 mg de fer par litre, doivent au préalable être traitées pour être reversées dans le milieu naturel, grâce à un système naturel, le lagunage. Il comprend une cascade d’oxygénation, des bassins de décantation qui récupèrent approximativement 50 % du fer contenu dans l’eau, et des lagunes plantées de macrophytes, des roseaux, afin de parfaire l’élimination du fer mais aussi d’autres composés comme le manganèse. Une station de pompage fonctionne déjà à La Houve, à Creutzwald, depuis 2009. Celle de Simon V, à Forbach, sera opérationnelle d’ici 2013. Celle de Merlebach, où la remontée de l’eau s’achèvera plus tard, fonctionnera d’ici 2015. A Forbach, le dispositif sera complété par une belle plateforme d’information accessible au grand public avec des panneaux explicatifs riches en photos et en graphiques.
Groupe BLE Lorraine
23 février, 2017 à 23:08
Le sous-sol lorrain renfermerait encore 920 millions de tonnes de charbon après l’arrêt de l’exploitation des mines en 2004.