La crise a deux ans. Néanmoins, pour les puristes, ce n’est pas la crise qui a deux ans, mais bien la situation économique qu’elle a engendré, puisque par définition, une « crise » est brève et correspond à un point de rupture dans un cycle économique. Toujours est-il que l’inquiétude semble bien l’emporter sur les signes de reprise, comme le confirme une étude de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) qui n’incite guère à l’optimisme.
Le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée s’est en effet aggravé en Lorraine de près de 51 % en douze mois, pour atteindre 47 108 chômeurs en mars. Si bien que le nombre des chômeurs de plus d’un an représente aujourd’hui le tiers des demandeurs d’emploi chez nous. Une évolution qui nous apparaît particulièrement préoccupante, puisque l’on passe d’une logique de chômage conjoncturel à une logique de chômage structurel, beaucoup plus difficile à réguler du fait d’un problème de requalification. On dénombre de même 102 120 demandeurs d’emploi de catégorie A. Un chiffre en hausse de 5,1 % en un an (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/11/22/le-chomage-progresse-en-lorraine/).
Par ailleurs, en 2008, comme en 1993 d’ailleurs, la Lorraine est entrée plus vite et plus fort dans la crise que la moyenne des provinces françaises. Elle a ainsi été immédiatement et profondément touchée (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/11/29/la-lorraine-continue-de-souffrir/). Dès le mois de juin, l’emploi a entamé son déclin, d’abord modéré, dans l’industrie, le commerce et les services marchands. La situation n’a pas cessé de se dégrader jusqu’à l’été 2009. L’explication tient du fait que la crise a été dans un premier temps essentiellement industrielle. Or, en Lorraine, l’automobile et les biens intermédiaires représentent 65 % du produit intérieur brut et 65 % de l’emploi. C’est pourquoi lors du dernier trimestre de l’année 2008, la Lorraine a perdu, à elle seule, 10 % des emplois détruits en France. Ce qui est énorme. On estime même, en changeant de focale, qu’un poste sur cinq a été détruit en Lorraine dans ce secteur d’activité sur les neuf dernières années ! En février 2009, 120 nouveaux demandeurs d’emplois arrivaient chaque jour sur le marché ! Au final, la crise a fait disparaître 30 000 emplois en Lorraine, dont 9 500 dans l’industrie. Le reste ayant été perdu dans la construction et les services (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/01/05/economie-en-lorraine-2009-annee-0/). Une catastrophe.
La crise a en outre été un accélérateur de la désindustrialisation. La Lorraine ne produit plus par exemple de coke (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/10/16/limmense-gachis-de-la-cokerie-de-carling/) et de batteries. Pour s’en sortir, il nous faut dès à présent entamer un nouveau cycle industriel dans les nouveaux matériaux, le développement durable, les énergies renouvelables, l’optoélectronique et le recyclage des produits.
De plus, si les entreprises affirment disposer de projets d’investissements, ces derniers restent en sommeil, faute de trésorerie, malgré quelques belles réussites, comme celle de l’usine Fonderie Lorraine à Grosbliederstroff (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/01/03/la-fonderie-lorraine-sagrandit/), dues à des situations exceptionnelles.
A la crise financière mondiale, une crise sociale a replongée la Lorraine dans les années noires de la restructuration sidérurgique. Le caractère plus tardif, mais tout aussi brutal, de la crise au Luxembourg a provoqué une deuxième vague de récession. Et ce ne sont pas les maladresses et les coups bas honteux des pouvoirs publics et des politiques, avec la farce de Gandrange et les iniques et odieuses restructurations militaires (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/07/26/le-mensonge-du-siecle/), qui ont amélioré le quotidien des Lorrains, chez qui le sentiment d’abandon s’est considérablement accru. Bien au contraire. La précarité et la morosité se sont aussi installées dans les esprits.
Dans ces conditions, il semble bien illusoire que la Lorraine sorte à court terme de la crise. Vue de Gandrange, celle-ci est aujourd’hui un élément du paysage quotidien, avec cette aciérie dont la fermeture est devenue le symbole de l’impuissance des politiques publiques à contrecarrer le marché et des promesses intenables du chef de l’Etat français. Devant ce portail fermé et ces lignes de production à l’arrêt, la reprise semble encore bien lointaine.
Dans ce marasme, particulièrement sombre, quelques signes positifs parviennent cependant à émerger. Ainsi, depuis trois mois, une reprise spectaculaire des offres d’emplois s’est engagée avec une hausse de 13,4 %. Il y avait par exemple en avril 10 000 propositions, un niveau jamais atteint depuis le début de la crise en juin 2008. Un tel chiffre est généralement annonciateur d’une reprise économique, même si 50 à 60 % des offres sont des emplois intérimaires qui pourront, en partie, se muer en contrats à durée indéterminée. L’emploi intérimaire est lui aussi reparti à la hausse. Il a d’ailleurs enregistré son neuvième mois consécutif d’augmentation, avec par exemple + 6,4 % en février et + 4,8 % en mars et en avril. Celui-ci est ainsi en meilleure posture en Lorraine qu’en France. Sur un an, sa hausse est de 31,2 % chez nous.
Un autre signe positif provient de la remontée du taux d’utilisation de nos capacités de production, même si nous sommes encore dix points en dessous des 85 % d’avant la crise.
De même, le chômage partiel est en baisse et, alors que le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 0,6 % en France, la stabilité est de mise en Lorraine.
Par ailleurs, d’après les réponses de 48 000 entreprises implantées en Lorraine, une enquête a évalué à 44 000 les embauches prévues pour l’année 2010. En affinant ces résultats, il en ressort que 60 % d’entres elles concernent les services et 15 % le secteur commercial. L’agriculture et l’agroalimentaire représentent 7,7 % des intentions d’embauche. Quant à la construction et à l’industrie manufacturière, on estime qu’elles n’en représentent que 8,4 %. A noter que les intentions sont plus importantes, avec un emploi sur cinq, dans les deux bassins frontaliers de Longwy et de Thionville. Un emploi sur six concerne en outre les métiers de la santé humaine et de l’action sociale. Dans ce classement par secteur viennent ensuite l’hébergement et la restauration (12,4 %), le commerce (10,9 %), les services aux entreprises (10,4 %) et la construction (8,4 %).
Enfin, alors que le chômage lorrain connaît une moyenne supérieure à celle enregistrée en France depuis un an, près d’un recruteur sur deux estime rencontrer des difficultés pour recruter. Un véritable paradoxe. Le manque d’expérience du candidat ou tout simplement son manque de motivation font généralement hésiter les recruteurs.
(Source : INSEE Lorraine, Pôle Emploi)
bloggerslorrainsengages
15 avril, 2011 à 13:26
La Lorraine devient structurellement en danger et plus seulement du simple fait de la conjoncture : le chômage de longue durée (+ 24 % en 2010 contre + 16 % en France) et le chômage des plus de 50 ans ( + 18 % en 2010 contre + 13 % en France) s’installent. Avec un chiffre incompressible de 140 000 chômeurs, on peut désormais parler d’un véritable chômage de masse.
bloggerslorrainsengages
28 avril, 2013 à 16:10
Avec près de 11 000 emplois détruits en 2012, un recul de l’activité dans quasiment tous les secteurs et une situation sociale alarmante, la Lorraine subit de plein fouet les conséquences d’un contexte économique préoccupant. Et 2013 s’annonce du même acabit, sinon pire.